Interview : Sarah Pitkowski, Directrice Communication de la Fédération Française de Tennis (FFT)

crédit : Alexis Réau/FFT

 

 

A quelques jours du début des tableaux principaux de Roland-Garros 2022, la Fédération Française de Tennis est dans les starting blocks pour accueillir comme il se doit les meilleurs joueurs et joueuses, les 600 000 spectateurs attendus au stade et divertir à distance les millions de fans de tennis à travers le monde.

Si le Grand Chelem est évidemment la principale source de revenu de la Fédération (260 millions d’euros environ), le tournoi est également la meilleure vitrine pour accompagner le développement de la pratique tennis et séduire de nouveaux licenciés. Un temps fort « multi-étages » à ne pas rater donc pour l’instance fédérale.

Pour piloter la stratégie communication de la Fédération, Sarah Pitkowski a été nommée Directrice Communication de la FFT en septembre dernier. L’ancienne joueuse WTA est bien connue des professionnels du sport et des médias puisqu’elle travaille dans ce secteur depuis 20 ans.

Afin d’en savoir plus sur sa nomination et son métier, nous lui avons posé quelques questions.

 

Sport Buzz Business : Comment devient-on Directrice Communication de la Fédération Française de Tennis (FFT) ? Etiez-vous « soutien » de Gilles Moretton, Président depuis un peu plus d’un an ?

Sarah Pitkowski :J’ai échangé avec Amélie (Oudéa-Castéra, DG de Roland-Garros), puis rencontré Gilles. Ils m’ont proposé de rejoindre la FFT à la direction de la communication.

SBB : La décision a-t-elle été difficile à prendre ? 

SP : Elle était évidente à prendre mais pas facile. C’est un défi et comme j’aime bien les défis, évidemment, ça m’a tout de suite plu !

La décision a été difficile dans le sens où j’ai travaillé à mon compte pendant plus de 20 ans en créant ma société (NDRL : 15 Love). En rentrant dans une structure où il y a une hiérarchie, je ne savais pas dans quoi je m’engageais.

« La décision a été difficile dans le sens où j’ai travaillé à mon compte pendant plus de 20 ans »

SBB : Quelques mois après votre arrivée, avez-vous trouvé votre place ? Quel est votre premier ressenti ? 

SP : La place est plutôt évidente. Le département communication rassemble une grande partie de tous les métiers que j’ai pu explorer depuis que j’ai arrêté ma carrière et que je connais. Je n’arrive pas dans un univers dans lequel je n’ai pas de maîtrise.

La chose qui est totalement différente c’est d’être amené à diriger une équipe d’une quarantaine de personnes quand auparavant j’en gérais une dizaine au maximum. Après, travailler au sein d’une équipe, je sais faire puisque j’ai travaillé sur de grands événements internationaux où je m’intégrais aux équipes. J’apprécie beaucoup le travail d’équipe, je trouve qu’on est plus fort ensemble, on a plein d’idées, on portent des projets, il y a quelque chose de très enthousiasmant dans la réalisation commune, c’est plus glorifiant de le partager, les victoires ont plus de saveur à plusieurs.

SBB : Concernant l’agence 15 Love, il y a eu un retrait dans l’organigramme pour prendre ce poste ?
SP : Tout à fait, c’est une de mes anciennes collègues qui est devenue Directrice Générale (Olivia Teboul). L’agence continue de vivre mais elle ne peut pas travailler dans le tennis en lien direct avec la fédération.

SBB : Comment définir le métier de Directrice communication de la FFT ?
SP : Le métier en tant que tel a 2 volets. Il a un volet fédéral visant à faire rayonner la pratique des tennis parce que maintenant, on ne parle plus du tennis mais des pratiques tennis avec ici l’objectif de donner un éclairage sur ces pratiques.

En parallèle, il y a les autres aspects plus visibles médiatiquement comme faire la promotion du tournoi et de la marque Roland-Garros, du Rolex Paris Masters et du nouveau Paris Premier Padel Major qui aura bientôt un Namer…

SBB : En terme de ressources humaines, c’est une quarantaine de personnes dans le service communication c’est ça ?

SP : Oui, une grande partie des métiers est internalisée. On crée nos propres contenus, on les illustre, on les décline, on fait nos plans de communication, des plans stratégiques,… nous avons notre propre studio. Nous avons tous les savoir-faire en interne et nous avons des canaux de qualité et puissants.

SBB : Un mot justement sur la nouvelle signature « Move The Lines, with Style » (Bouger les lignes, avec style) présentée il y a quelques semaines.

SP : Elle a été conçue au moment où je suis arrivée avec la volonté de donner une couleur et un ADN au tournoi de Roland-Garros. Elle a été imaginée dans sa quasi-totalité en interne par les équipes communication et marketing et offre une signature reconnaissable du tournoi de Roland-Garros, que ce soit en France et à l’international.

SBB : En quoi consiste la Communication interne de la FFT ?

SP : La FFT développe de nombreux concepts, que ce soit le tennis scolaire, le tennis universitaire, le déploiement des bénévoles, le servicing aux clubs, la pratique du padel, du Beach, le dernier né qu’est l’urban, le para-tennis… C’est la communication à l’année, vers nos clubs, nos dirigeants, les enseignants, les licenciés, tout l’écosystème à encadrer. Il y a également les compétitions comme les championnats nationaux mais également la Coupe Davis et la  Billie Jean King Cup… ce sont des supports et des vitrines de communication sur lesquelles nous nous appuyons également.

SBB : En tant qu’ancienne joueuse de haut niveau (28e joueuse WTA) et professionnelle de la communication, avez-vous souhaité instaurer de nouvelles choses en terme de relations avec les journalistes, que ce soit en terme de prise de parole de la FFT ou avec les athlètes pendant les tournois ?

SP : Nous avons plus de lisibilité dans la communication vers les journalistes en terme de contenus, nous fournissons plus de photos, plus de vidéos dans nos communiqués de presse. On a essayé d’avoir une communication plus riche et par thématique.

Pour l’aspect sportif, on a surtout repenser un petit peu les conférences de presse pour qu’il y ait une une meilleure prise en compte de l’émotionnel des joueurs et des joueuses parce que les sollicitations sont tellement nombreuses aujourd’hui… C’était une demande des joueurs et nous le faisons de manière alignée avec les autres Grands Chelems.

Ensuite, c’est surtout être à l’écoute et être proactif, ouvrir un plus nos portes sur ce que fait la Fédération, la direction technique nationale, montrer comment on forme parce que c’est toujours facile de critiquer une défaite, on perd une fois par semaine au tennis…  Ca me semblait indispensable de montrer le savoir-faire fédéral, le savoir-faire de la direction technique. Une cellule de communication a été mise en place pour cet aspect.

En février, on a organisé un Facebook Live avec le Président et la Directrice Générale. Gilles (Moretton) et Amélie (Oudéa-Castéra) ont pu participer à cette émission et répondre à des questions sur la fédération.

SBB : Combien de journalistes seront accrédités pour ce Roland-Garros 2022 ?

SP : Il y aura 580 journalistes de la presse écrite, radio et web. A côté, il y a également département TV qui dépend d’un autre service.

« Les 600 000 spectateurs qui vont rentrer dans le stade ressortiront, je pense, avec la banane ! »

Quel sera votre planning pendant le tournoi ?

SP : En dehors des matchs, il y a énormément de choses que ce soit sur le plan fédéral, les partenaires, les activations pour les spectateurs… Il y a cette coordination de tout ce qui est connexe au sportif, il y a les relations publiques… Enfin, le gros point où nous avons beaucoup travaillé et où j’ai essayé d’apporter ma patte, c’est sur les contenus organiques que nous produisons pour les fans dans le stade et à l’international avec de nouveaux habillages, de nouvelles émissions… des nouveaux produits que nous avons imaginé pour faire vivre le tournoi et la marque Roland-Garros en France et à travers le monde. Nous avons beaucoup de contenus pour faire rayonner le tournoi avec des podcasts, des radios,nos réseaux sociaux, notre chaîne YouTube, le site internet officiel, l’application… Près d’une cinquantaine de personnes vont produire le contenu pour les canaux organiques de Roland-Garros et ceux de la FFT, en français et en anglais.

SBB : Un mot sur le lancement de la première collection NFT cette semaine, avec une prévente réservée aux licenciés FFT.

SP : C’est une des nouveautés, c’est un « test and learn », comme notre billetterie de la night session qui accueillera pour la première fois du public cette année… Vu la qualité du produit proposé qui est à l’image de la marque Roland-Garros, je ne serai pas étonnée que ce soit une réussite.

« Oui les Grandes Gueules du Sport me manquent un peu ! »

SBB : Est-ce que votre rôle de consultante dans les médias, donner votre avis sur le tennis et l’actu omnisport, notamment sur RMC, vous manque ?

SP : Oui les Grandes Gueules du Sport me manquent un peu ! J’ai encore le réflexe quand je vois de l’actu sportive de préparer mes idées pour défendre mes positions, auprès de plus personne dans l’absolu, mais le réflexe se perd petit à petit (rires). Je ne consomme plus l’omnisport de la même manière en réalité, je le consomme de manière très light, je le vois mais je n’approfondi pas plus, je n’ai plus le temps…

SBB : A quoi s’attendre de la part des partenaires de Roland-Garros pour cette édition 2022 et notamment de BNP Paribas et Emirates.

SP : Emirates va célébrer les 10 ans de son partenariat avec le tournoi cette année. Ils deviennent Partenaire-Titre du Trophée des Légendes (NDLR : auparavant associé à Perrier). C’est très important car ça permet de faire vivre le tournoi sur les autres courts que les principaux. Les spectateurs sont toujours admiratifs de revoir des idoles, de les voir tout proche et les voir dans ce qu’ils sont profondément parce qu’il n’y a plus le stress de la compétition.

Le partenaire le plus actif est BNP Paribas. Cette année, il y aura notamment le retour de la fanfare, la We Are Tennis Fan Academy (WATFA) avec un stade plein. Leurs activations vont au-delà de l’expérience spectateur, ils sont très investis dans la formation des jeunes avec la team BNP Paribas plus d’autres investissements à tous les niveaux. On aura également un fort soutien de BNP Paribas à nos actions envers l’Ukraine. La FFT a un déploiement qui sera exemplaire en soutien à l’Ukraine et aux Ukrainiens… La FFT s’est mise en ordre de marche dès le début de la guerre avec la création d’un fonds de solidarité Le Tennis Français pour l’Ukraine et la Paix…. Toute la famille du tennis a été mobilisée pour lever des fonds et accueillir des familles Ukrainiennes.

SBB : A une semaine des tableaux principaux, c’est bientôt le grand rush ?

SP : On est dedans déjà, on a beaucoup de projets. Ces deux dernières années, les équipes ont réussi à produire un Roland-Garros en jauge limité, c’est évidemment frustrant… Toutes les équipes sont  prêtes pour 3 semaines intenses au service du tennis et des spectateurs.

Pleins de choses vont se passer, il y a énormément d’innovations, il y aura les LEDS autour du court, l’expérience des Night Sessions avec des DJs,… toutes les équipes sont à 200 % ! Il y a l’enthousiasme de se dire ça y est on y est. Une chose est sûre, c’est que les 600 000 spectateurs qui vont rentrer dans le stade ressortiront, je pense, avec la banane ! Ils vont en prendre plein les yeux, c’est aussi ça que le sport doit apporter. Ce sera la mission première, les voir tous ressortir se disant que c’était un moment unique remplit de souvenirs.

SBB : et qu’ils franchissent les portes d’un club de tennis ou de padel.

SP : Bien sûr ! On lance également notre nouveau film publicitaire sur la pratique des tennis, on a cassé les codes. Le spot (à découvrir ci-dessous) sera notamment diffusé sur France Télévisions, on va montrer que l’on est dans la modernité, que le tennis est un sport qui bouge ! La marque FFT a été dépoussiérée avec la finalité que le meilleur endroit pour jouer et s’éclater c’est dans un club de tennis.

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