Ce samedi, lors de la réception d’Angers en Ligue 1 Uber Eats, les joueurs du Racing Club de Lens ont échangé leur nom de famille sur leur maillot. Une manière originale de mettre en avant la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.
Pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions à Benjamin Parrot, Directeur Communication, Marketing et Revenus du RC Lens (voir plus bas).
« Pour bousculer les esprits, il fallait bousculer les règlements. »
Voilà une initiative qui n’a pas manqué d’attirer l’attention des observateurs de notre Ligue 1 Uber Eats. 26ème minute de jeu, samedi soir. Alors que le RC Lens reçoit le SCO d’Angers dans le cadre de la 28ème journée de championnat, Jean-Louis Leca ouvre le score. Enfin, presque. Ce n’est pas le portier lensois qui vient d’inscrire son premier but en carrière, mais bien Seko Fofana. Pourtant, dans le dos du maillot de l’Ivoirien, on lit bien le flocage « Leca ».
Pourquoi ? Il s’agit en réalité d’une initiative du RC Lens lancée à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, qui a lieu ce mardi 21 mars. Les joueurs nordistes ont tous conservé leur numéro habituel mais échangé leur nom de famille : Adrien Thomasson est devenu Adrien Pereira da Costa ; Loïs Openda, de nouveau buteur face à Angers après son incroyable triplé à Clermont, portait le nom d’Angelo Fulgini dans son dos…
4 questions à Benjamin Parrot, Directeur Communication, Marketing et Revenus du RC Lens
SBB : Comment est née cette idée d’échanger les noms des joueurs sur les maillots ?
Benjamin Parrot : Elle est née lors d’un déplacement du groupe professionnel cette saison, en marge d’un repas collectif, au cours duquel la question fondamentale des discriminations a été un sujet de discussions. D’une conversation d’abord informelle est née la volonté de mener une action formelle. L’idée de lancer une opération collective impactante pour sensibiliser s’est imposée à nous, et nous l’avons élaborée dans la plus grande discrétion en lien avec les cadres du vestiaire. Le nom étant un élément d’identité que l’on ne choisit pas, nous avons organisé un tirage au sort intégral pour redistribuer les 28 patronymes du vestiaire professionnel.
SBB : Quelles ont été les réactions des supporters et des joueurs ?
BP : Pendant le match, tout le monde au club a été interpelé par un ami, un proche, qui pour certains désiraient signaler sympathiquement un oubli, une erreur sur les maillots. Pour d’autres qui cherchaient à comprendre le but du dispositif, les messages étaient plus interrogatifs. La palme de la résilience revient tout de même à l’un nos intendants qui a été inondé de messages lui disant qu’il s’était trompé sur les flocages ! Sur le digital, le changement de noms est devenu très viral, avec beaucoup de posts circonspects sur les réseaux sociaux. Quant aux joueurs, ils étaient naturellement tous au courant de l’opération dont ils ont été les co-constructeurs. Ils ont simplement pour quelques-uns, eu un petit sourire, en voyant leur propre nom associé à un autre joueur. Le plus important était de bien expliquer le message, le coach et les joueurs à l’instar de Florian Sotoca, Jonathan Gradit et Adrien Thomasson ont eu une prise de parole forte devant les médias en après-match.
SBB : En quoi c’est important de mener ce genre d’opérations pour sensibiliser selon vous ?
BP : Les clubs et les joueurs bénéficient d’une caisse de résonnance sans commune mesure. Dans un club populaire et authentique comme le Racing Club de Lens, plutôt que de porter des messages de manière très institutionnelle, d’agiter de la forme, on préfère opter pour du concret. L’ambition est d’agir, faire réagir, provoquer le débat. Aujourd’hui, la discrimination d’un individu commence bien régulièrement par la simple perception de son identité. Voir un international polonais qui arbore le nom de son capitaine ivoirien, c’est un puissant symbole. Cette opération a finalement valeur de démonstration et montre l’unité d’un vestiaire contre toute forme de discrimination.
SBB : Qu’en est-il du règlement ? Avez-vous dû prévenir la LFP pour être dans votre droit ?
BP : Pour bousculer les esprits, il fallait bousculer les règlements. Et je dois dire que nous avons reçu une écoute attentive, bienveillante et une aide précieuse de la LFP qui a validé cette opération, celle-ci s’inscrivant dans l’action de la Ligue menée en cette J28. Benjamin Viard (directeur des compétitions), Jérôme Belaygue (directeur communication et RSE) ont été d’emblée très réceptifs et nous les remercions très sincèrement. A travers cette opération, si on a pu faire naitre un début de questionnement sur la perception d’un patronyme, alors on est dans le vrai.
Avec « nos noms disent NON » (slogan visible sur les tuniques sang et or), le Racing a voulu « mettre les préjugés et les discriminations hors-jeu ».
D’autres initiatives ont été organisées ce week-end à l’approche de la journée pour l’élimination de la discrimination raciale. Les clubs de Ligue 1 Uber Eats et de Ligue 2 BKT se sont mobilisés aux côtés de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) en portant notamment des chasubles à l’échauffement où l’on pouvait lire « Signalez ».
https://twitter.com/ToulouseFC/status/1637116419459432449
Un clip, réalisé par Green Garden Digital, a aussi été diffusé afin d’inviter les supporters à signaler les actes racistes ou antisémites dont ils pourraient être témoins.
La @LFPfr, la @_LICRA_ et @EA_FIFA_France unis pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme et inciter à signaler tout acte de discrimination dans les stades de @Ligue1UberEats et @Ligue2BKT
➡️ https://t.co/VjQEaOQNto@egalite_gouv @DILCRAH#Signalez #JouonsLaCollectif pic.twitter.com/t2XhPgqGN8— Licra (@_LICRA_) March 16, 2023
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