La semaine dernière, nous vous annoncions le lancement imminent de SponsorLive, une nouvelle plateforme de sponsoring dont le mécanisme repose sur le principe des ventes aux enchères. Une plateforme initiée notamment par Alain Roche, ancien joueur du PSG et ancien Directeur du recrutement du club parisien. Pour le moment réservé aux clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, SponsorLive entend éduquer le marché du sponsoring dans le football français en offrant aux clubs la possibilité de boucler leur financement en proposant des espaces non vendus, en complément des sponsors principaux des clubs. Une plateforme qui arrive une année après que la LFP ait supprimé la limitation du nombre de sponsors sur le maillot et en autorisant la vente d’espaces au dos du short. Entretien avec Brieuc Turluche, le Président de SponsorLive et financeur de sociétés dans la High Tech.
« nous démontrons aux clubs que SponsorLive peut apporter entre 500 000 et 1 million d’euros par club »
SportBuzzBusiness.fr : Qui se cache derrière la plateforme SponsorLive ?
Brieuc Turluche : La constitution de notre actionnariat est confidentiel mais je peux vous dire qu’il y a d’anciens joueurs de foot et notamment Alain Roche. Alain s’est tourné vers moi l’été dernier et m’a présenté son projet. Il m’a alors fait part des difficultés de financement des clubs. Nous étions alors au moment où la LFP venait de supprimer les contraintes sponsoring des clubs en libéralisant le nombre d’espaces à la vente. Il y avait donc un marché. Dans la haute technologie, il est nécessaire d’avoir une rupture de paradigme. Nous avons donc décidé d’amener une plateforme qui n’existait pas dans ce monde avec la rupture de paradigme créée par la nouvelle réglementation. SponsorLive est donc né d’un regroupement de personnes issus de différents métiers et possédant des compétences complémentaires. Cette nouvelle plateforme propose une innovation d’usage.
« toucher une nouvelle population, celle des PME. »
SBB : Comment fonctionne SponsorLive ?
BT : La plateforme a pour objectif d’aider les clubs à boucler leur financement en leur proposant de mettre aux enchères des espaces publicitaires disponibles sur le maillot ou le short, pour un ou plusieurs matchs. Les clubs pourront également proposer de la panneautique LEDs. Nous souhaitons ainsi travailler avec les 5000 annonceurs connus dans le monde du sport mais aussi les 250 000 PME. Grâce à ce système de vente aux enchères bas coûts (10 000, 15 000, 30 000€), les clubs vont pouvoir toucher une nouvelle population, celle des PME. Jusqu’à présent, les PME n’envisageaient pas le sponsoring car sponsoriser un club coûte de l’argent à l’année et souvent pour des contrats signés sur 3 saisons. Là, on peut sponsoriser une équipe pour un match et pour un prix pouvant débuter à 10 000€ sur l’équipement des joueurs. Chaque club détermine le prix de départ de son enchère. Toute nos simulations menées en béta-test avec certains club montrent que SponsorLive est un réel complément très intéressant pour les clubs dans leur financement. Avec la plateforme, les clubs vont pouvoir empocher peut-être plus en mettant aux enchères un espace plutôt que de le vendre à l’année. Exemple : un club a vendu une « pocket » (visibilité poitrine) au prix de 150 000€ à l’année. Avec SponsorLive, ce club pourra recouvrir ces 150 000€ en 3 matchs de gala contre les grosses équipes en valorisant cette espace sur notre plateforme et en faisant monter les enchères. D’une manière générale, nous démontrons aux clubs que SponsorLive peut apporter entre 500 000 et 1 million d’euros par club grâce à ce financement supplémentaire.
SBB : Comment vont faire les entreprises pour « raconter une histoire » autour de ce sponsoring de court terme ?
BT : En plus de ce sponsoring, nous offrirons des packages avec des places pour que le partenaire puisse inviter ses clients, partenaires… avec l’objectif de créer un buzz, un évènement autour d’un match. Notre objectif, c’est de travailler avec les 250 000 PME qui n’ont jamais pensé à faire du sponsoring et du Marketing sportif.
« hormis le PSG, toutes les équipes peuvent avoir un intérêt dans cette plateforme »
SBB : Quels clubs sont potentiellement intéressés aujourd’hui par cette plateforme ?
BT : Les seuls clubs qui peuvent ne pas être intéressés sont les gros clubs de Ligue 1 comme le PSG, l’AS Monaco… Paradoxalement, l’AS Monaco peut avoir un intérêt pour la panneautique et la location de ses panneaux Leds à la minute pour certains matchs. On s’aperçoit au final, qu’hormis le PSG, toutes les équipes peuvent avoir un intérêt dans cette plateforme. Certaines équipes sont séduites par la plateforme mais nous précisent qu’ils n’ont plus d’espaces à commercialiser sur l’équipement des joueurs. Hors depuis l’année dernière, la LFP a supprimé la limitation du nombre de sponsors sur les maillots des équipes de Ligue 1 et de Ligue 2. Les clubs peuvent donc créer un nouvel espace sur leur équipement et le commercialiser sur SponsorLive. Dans l’ensemble, les équipes sont très intéressées par la vente aux enchères des panneaux LEDs.
SBB : Concrètement, comment va t-on pouvoir suivre l’évolution des enchères ?
BT : Le club dépose son offre sur le site, défini le prix minimum souhaité ainsi que le palier d’enchère. L’information sera alors envoyée à l’ensemble de nos partenaires et contacts. A chaque nouvelle enchère, une alerte sera envoyée sur les réseaux sociaux et à notre base de données. L’idée est de créer un momentum autour des réseaux sociaux pour que les surenchères interviennent rapidement et en temps réel. La plateforme sera ainsi accessible depuis les mobiles et tablettes. Un annonceur qui voit que l’un de ses concurrents a enchéri sur un espace pourra être tenté de ré-enchérir. Les enchères se termineront deux à trois semaines avant la rencontre concernée, ce qui nous permet de vérifier la solvabilité de la société qui a enchéri. Enfin, n’oublions pas que c’est le club qui a le dernier mot. Le club peut ainsi refuser la présence d’un enchérisseur pour des causes de concurrence avec une société déjà partenaire par exemple. Dans ce cas, nous proposons au club l’enchérisseur en dessous. De la même façon, si le club ne souhaite pas promouvoir certains services, le club pourra refuser une enchère. Le club a le dernier mot.
SBB : Quel est l’accueil des clubs professionnels de football français ?
BT : Au tout début de ce projet, nous sommes allez voir l’Union des clubs Professionnels de Football (UCPF). Philippe Diallo, Directeur Général de l’UCPF, nous a dit que c’était une bonne idée, nous avons eu un accueil enthousiaste de la part de l’UCPF qui nous a ouvert les portes des différents clubs. Les clubs nous voient arriver avec un support qui ne leur coûte pratiquement rien. Chaque club doit s’abonner chez nous (environ 10 000€ par an pour des contrats de 3 ans) mais la somme est déductible de la première enchère. Le club ne sort donc pas de trésorerie. L’abonnement d’un club de Ligue 2 coûtera trois fois moins cher.
SBB : Comment se passe les relations avec les clubs qui ont externalisé leur développement commercial, comme le fait l’Olympique Lyonnais avec l’agence SPORTFIVE ?
BT : SPORTFIVE a perdu la plupart de ses clubs en régie, il ne leur en reste que très très peu. Nous avons essayé d’éviter ces clubs dans un premier temps, même si ces derniers nous ont demandé de venir les voir pour leur présenter la plateforme. SPORTFIVE garanti un revenu minimum aux équipes, ce que nous ne faisons pas. SponsorLive viendrait complémenter les revenus de la régie externe qui peut exiger une commission des revenus que pourrait toucher un club via notre plateforme, ce qui n’est pas illogique. Dans ce modèle, il y aurait une relation à gérer mais nous ne sommes pas encore avancé avec ce modèle de fonctionnement.
SBB : Comment se rémunère SponsorLive ?
BT : Nous prenons une commission sur chaque transaction (amplitude de 15%).
« porter cette plateforme dans les championnats de football européens : Angleterre, Espagne, Italie »
SBB : Quels seront les différents axes de développement de SponsorLive ?
BT : Nous pourrions proposer d’autres sports collectifs comme le rugby et le handball, mais notre objectif est également de porter cette plateforme dans les championnats de football européens : Angleterre, Espagne, Italie. Aujourd’hui nous travaillons sur ces sujets là. Nous annoncerons dans les jours/mois à venir notre « ambassadeur » pour le marché anglais. Le marché de la High Tech en France, c’est 3% du marché mondial. Nous réfléchissons donc à une duplication en Europe, aux Etats Unis et pourquoi pas en Asie. Nous nous appuierons sur le football pour aller dans d’autres sports.
SBB : Pourriez-vous proposer à terme du sponsoring aux enchères pour les sports individuels ?
BT : Ca peut fonctionner mais ça génère moins de business immédiatement, mais je suis persuadé que ça pourrait marcher. Nous devons d’abord asseoir la plateforme sur le marché des championnats de football français et européens, réfléchir à une duplication sur le marché des USA puis développer d’autres sports en France comme le rugby et le handball.
SBB : Comment vous positionnez-vous par rapport au site de sponsoring participatif Sponsorise.me ?
BT : Nous connaissons cette plateforme qui est très différente de ce que nous proposons. Sponsorise.me propose de récolter des montants plus petits, 100 euros par si, 100 euros pas là… auprès de particuliers et pas réellement en B2B. Nous, nous sommes vraiment en B2B. Il y a de la place et un marché pour les deux plateformes, nous ne les voyons pas comme un concurrent. Nous les voyons comme quelqu’un qui éduque le marché comme nous souhaitons l’éduquer sauf qu’ils sont arrivés un petit peu avant nous. A nous de profiter de l’accélération qu’ils ont créé.
SBB : Pouvez-vous nous parler du volet caritatif proposé par SponsorLive ?
BT : La plateforme SponsorLive développera des partenariats avec des associations caritatives. Sur la plateforme, n’importe quel sponsor aura la possibilité de sponsoriser une équipe mais également d’offrir la visibilité achetée à une association. Notre objectif en faisant ça, c’est aussi d’essayer de tirer l’image du football vers le haut vis à vis d’un certains nombres de personnes. Nous avons ainsi déjà signé avec l’association Soleil Rouge. Nos actionnaires footballeurs seront amenés à ce joindre à cette association pour aller donner un peu de bonheur dans les hôpitaux.
SBB : Quelle est votre relation avec l’ISC Paris ?
BT : Avec le MBA de Michel Desbordes, nous avons travaillé à faire venir sur la plateforme une bonne partie des 250 000 PME. Nous construisons une relation de long terme avec l’ISC Paris. Nous avons ainsi établi une relation qui a permis dans un premier temps de sentir ce marché. Nous avons un plan d’embauche de personnes de cette école au sein de SponsorLive. Nous allons également faire des conférences communes, des salons à l’étranger… Michel Desbordes est quelqu’un d’extraordinaire qui, dans sa formation, souhaite accueillir des sportifs en reconversion. De nombreux footballeurs finissent leur carrière et se retrouvent démunis. Nous travaillons également avec lui sur la reconversion de footballeurs. La mission de ce MBA est également de prendre ces anciens footballeurs et de les former au monde du travail.
SBB : Quelle est la date de lancement de la plateforme ?
BT : La plateforme sera lancée mi-août (le 19 août pour les clubs professionnels français et le 02 septembre pour les annonceurs). Elle est actuellement en bêta-test dans plusieurs clubs. L’idée est d’être opérationnel pour la reprise du championnat. Nous avons déjà des certitudes avec la participation de 8 clubs.
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