Il y a des jours (des semaines et même des années ?) où il aurait peut-être été mieux de rester au lit. C’est ce que doivent se dire les membres de la direction de la chaîne sportive ESPN qui ont connu une année plus que tumultueuse. Démissions, licenciements, scandales politiques, accusation d’harcèlement sexuel, tout s’est enchaîné pour le colosse médiatique américain comme le rappelle le journaliste François-Guillaume Lemouton pour L’equipe.fr.
Il y a quelques années, ESPN s’autoproclamait comme « leader mondial du sport ». Ce qui est probable, c’est qu’il ne se permettrait certainement pas de dire la même chose aujourd’hui… La raison ? Une année 2017 semée d’embûches. En décembre dernier, John Skipper prenait la lourde décision de quitter ses fonctions de président de la chaîne américaine pour soigner une addiction à une « substance » avait-il expliqué. Et si ce dernier n’était en place que depuis cinq années au plus haut poste de la chaîne, il incarnait depuis près de 20 ans la philosophie du groupe ESPN. Skipper, il avait mené à bien de nombreux gros contrats entre la chaîne et les grandes ligues de sports US comme la NBA, la NHL ou la MLB. Une stratégie qui a longtemps fonctionné mais qui commence à battre de l’aile.
Petit à petit, les abonnés s’envolent… En 2011, la chaîne de sport américaine rassemblait près de 100 millions d’abonnés. Depuis, 13 millions ont renoncé à leur abonnement pour se tourner vers des offres OTT.
À cette perte, il faut ajouter quelques affaires douteuses dans lesquelles la chaîne est mentionnée. D’abord, cette dernière a voulu compenser le départ des 13 millions d’abonnés en licenciant à coups de 100 journalistes en avril 2017 puis 150 autres en novembre dernier. Ensuite, la chaîne a été impliquée dans différentes controverses politiques comme lorsque Jemele Hill, une des journalistes afro-américaines du groupe, a qualifié le Président américain Donald Trump de « suprémaciste blanc ». Une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre dans les médias de l’autre côté de l’Atlantique et qui a plongé ESPN dans un affrontement avec le gouvernement américain. Pour étouffer l’affaire, la chaîne sportive a expliqué avoir rappelé à ses employés que le groupe n’était pas « une organisation politique » mais bien un média qui diffuse et commente des rencontres sportives.
Donald Trump is a white supremacist who has largely surrounded himself w/ other white supremacists.
— Jemele Hill (@jemelehill) September 11, 2017
Et enfin, cerise sur le gâteau, une enquête publiée en décembre 2017 par le Boston Globe a évoqué « les problèmes d’ESPN avec les femmes ». Au coeur de cette enquête, la plainte pour harcèlement sexuel de l’ancienne journaliste de la chaîne Adrienne Lawrence. Elle évoquait des propos qui portaient atteinte au physique de ses collègues féminines. « ESPN n’a pas réussi à modifier sa culture profondément sexiste et son traitement hostile des femmes » avait même expliqué la journaliste. D’autres femmes avaient également pris la parole dans cette chronique pour dénoncer le fait qu’elles préféraient cacher leur grossesse pour éviter d’être discriminées par la direction de la chaîne
Regarding the @BostonGlobe report: pic.twitter.com/cDcWcamcsY
— Adrienne Lawrence (@AdrienneLaw) December 15, 2017
Néanmoins, si ESPN a vécu une année sombre et perdu de nombreux abonnés, on n’imagine pas les américains se priver massivement de leur abonnement pour la chaîne sportive du jour au lendemain. Le groupe médiatique sportif peut également s’appuyer sur son puissant actionnaire Disney qui a récemment permis à ESPN d’obtenir les droits de 22 chaînes sportives locales.
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