L’application vidéo Sportall peut-elle s’imposer sur le marché de l’OTT sportive ?

 

Depuis plusieurs années, le « sport qui se regarde » doit faire face aux attentes mouvantes des consommateurs qui sont de plus en plus sollicités, pressés et connectés (digital native).  

Accélérée par la crise économique liée à la situation sanitaire actuelle, la transformation du paysage de la diffusion sportive est aujourd’hui inéluctable. C’est donc dans un contexte « hors norme » que la société française Sportall lance son application vidéo OTT ouverte à tous les sports et principalement « les plus petits ».

Sur Sportall, les fans de sport pourront accéder à deux types de contenus. Des vidéos à la demande (replay, documentaires, reportages…) et des retransmissions en direct d’évènements sportifs. Ce dimanche, le départ du Vendée Globe sera notamment diffusé en direct avec du contenu backstage.

Un business model basé sur les revenus publicitaires partagés avec les ayant-droits

Vous l’aurez compris, Sportall s’adresse avant tout aux « sports mineurs », la stratégie n’étant pas d’aller sur de l’achat de droits premium. « Nous savons que chaque sport a ses fans et à ce titre, ils méritent tous une couverture médiatique aussi large que les sports qui trustent habituellement les medias traditionnels. » précise Thierry Boudard, PDG de Sportall, dans un communiqué. Une mise en avant de sports qui peut également servir aux fédérations pour recruter de nouveaux pratiquants et licenciés.

Pour le moment gratuite pour les utilisateurs, la plateforme Sportall pourrait à terme proposer une offre premium avec des services enrichis. Du côté du business model, la société mise sur les revenus publicitaires (et oui, « si c’est gratuit c’est toi le produit ») qui seront partagés avec les ayant-droits. Dans les faits, Sportall accompagne les ayant-droits pour la production en direct. « Grâce à un réseau de vidéastes et journalistes professionnels, formés aux outils Sportall de production simplifiée, la start-up permet la captation et diffusion en direct de tout évènement sportif en France, à un prix abordable pour les organisateurs et à un niveau de qualité proche de ce qu’on a l’habitude de voir à la TV : multicam, commentateur, scores en direct, etc. » La startup Sportall réussira-t-elle à emmagasiner rapidement un maximum d’utilisateurs afin de séduire de potentiels annonceurs ?

« Est-ce que Sportall est en train de faire ce que la chaîne Sport en France aurait dû faire en proposant une offre OTT? » – Arnaud Simon, CEO In&OutStories

« L’arrivée de Sportall va dans le bon sens, c’est une initiative que je ne peux que saluer » nous précise Arnaud Simon, CEO de In&OutStories, société qui accompagne les organisations sportives dans leur stratégie de diffusion et de narration. « Il faut aller vers ce mode de distribution mais la période est compliquée pour tout le monde. Il faut laisser la chance à cette initiative. Est-ce que Sportall est en train de faire ce que la chaîne Sport en France aurait dû faire en proposant une offre OTT ? Peut-être que l’opportunité de Sportall est là, combler un manque et compléter l’offre de Sport en France, mais jusqu’à quand ? Car Sport en France et Sportall sont sur le même créneau. Pour une Fédération d’un sport mineur, j’étudierais ce que fait Sportall, c’est aujourd’hui une option sur le marché. Chaque petit sport peut également profiter du trafic de l’autre sur cette plateforme ». Pour rappel, Sport en France a été lancée il y a un an, une chaîne soutenue par le CNOSF. Un rapprochement entre les deux entités est-il ineluctable ? Sport en France lancera-t-elle une application dans les mois à venir ?

« De nombreuses études observent un décrochage du sport en direct chez les plus jeunes »

Ces derniers mois, Arnaud Simon, ancien vice-président Europe des contenus sports pour Discovery (Eurosport) a notamment collaboré avec la FFT pour FFT.TV et les nouvelles ligues que sont l’International Swimming League (ISL) et l’Ultimate Tennis Showdown (UTS).

« Le direct n’est plus forcément le mode de consommation régulier pour le sport, surtout chez les jeunes, il devient plus occasionnel ou événementiel. De nombreuses études observent un décrochage du sport en direct chez les plus jeunes (entre 13 et 24 ans, 1 jeune sur 4  seulement regarde du sport en live une fois par semaine, c’est déjà 2 fois moins que les 25-40 ans !) L’arrêt des compétitions en raison du Covid-19 n’a pas aidé, les autres plateformes comme Netflix ou Twitch continuent de s’imposer et la reprise du sport se fait dans des conditions difficiles. Les stades sont vides, les calendriers sont bousculés, l’expérience est moins engageante… Le consommateur est perdu. Les nouvelles ligues que sont l’ISL en natation et l’UTS en tennis ont conscience que le sport se raconte aujourd’hui d’une manière différente et que les règles, formats et l’expérience écran doivent évoluer ».

En concurrence frontale avec l’ensemble des loisirs que sont les séries, l’eSport,… c’est bien la consommation de sport spectacle (et même la pratique sportive) qui semble en danger dans les années à venir. Regarder ou faire du sport sera-t-il bientôt aussi ringard qu’avoir un jouet en bois dans les années 2000 lorsque vous êtes un enfant de 12 ans ?

 

Présentation de Sportall

 

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