Le 11 mai dernier, SportBuzzBusiness.fr (SBB) a convié Boris Helleu (@bhelleu), Maître de Conférences à l’Université de Caen, a assister à la journée Sport and New Media, organisé par Sport Business en partenariat avec Eurosport. Boris Helleu dirige le Master 2 Management du Sport à Caen et Il anime également le blog « Hell of a Sport ». Voici son débrief de la journée !
S’il fallait réduire le spectacle sportif à un seul bénéfice produit alors nous dirions de lui qu’il est vecteur d’émotions. Sous quelle que forme que ce soit (un match, une finale, une course …) l’événement sportif est une dramaturgie dont la tension mobilisatrice réside dans l’incertitude du résultat. C’est la modalité de levée de cette incertitude qui façonne un spectre émotif allant de la joie à la tristesse en passant par la déception, l’espoir, le sentiment d’injustice devant une défaite imméritée ou encore la surprise de voir l’outsider défier le pronostic.
Ce que permettent les nouvelles technologies de l’information et les réseaux socionumériques c’est un partage instantanée de cette émotion sportive au sein d’une communauté numérique de fans qui peuvent être dans le stade, devant leur télé ou tout simplement ailleurs. En cela le spectacle sportif s’inscrit dans une tendance plus large qui affecte l’ensemble des formes de loisirs. C’est ce que dit par exemple Médiametrie du divertissement télévisuel dont « les programmes ne se limitent pas au petit écran mais investissent aussi internet et les réseaux sociaux. Les émissions sont devenues des expériences à suivre, à commenter et à vivre au-delà de leur diffusion à la télévision. Les commentaires en direct et l’interaction sur internet sont à présent des éléments essentiels pour un lancement réussi. »
Organisée par Sport Business, la journée Sport and New Media se proposait de faire le point sur les implications diverses de la digitalisation des marchés des sports. Les présentations furent de qualité et les échanges fertiles. Voici quelques idées fortes.
Engager le fan dans une expérience digitale
Une page facebook n’est pas une simple vitrine pas plus qu’un compte twitter n’est qu’un haut parleur. Il faut envisager les plateformes numériques comme des outils permettant une interaction avec les fans. Entamer une relation avec son public, recueillir un feedback, n’est-ce pas là ce que devrait rechercher n’importe quel club ou organisation sportive ? Pasi Lankinen (Business Intelligence Manager du FC Barcelone) a ainsi expliqué la stratégie digitale du club catalan visant à construire une fanbase digitale active et mondiale.
Le second Screen
N’avez vous encore jamais fait l’expérience de suivre un événement à la télé et sur des réseaux sociaux dans le même temps ? Dorénavant le fan utilise en complément de sa télévision un écran complémentaire (un Smartphone ou une tablette) pour réagir au programme ou interagir avec le contenu télévisé. Mais il ne s’agit pas seulement de partager l’émotion au sein d’une communauté digitale. De nouveaux acteurs investissent le marché pour alimenter smartphones et tablettes en contenus optimisant l’expérience télévisuelle. C’est le cas d’Opta avec son arsenal de statistiques sur les match de foot ou encore Diva de Deltartre
La télé et l’internet
Lors des premières diffusions de matchs de football, pour bon nombre la télé allait vider les stades. Chaque innovation technologique semble engendrer son lot d’inquiétude car maintenant, on promet la fin de la télé terrassée par internet et l’écran d’ordinateur. Certes, la consommation de vidéos sur internet est maintenant une pratique commune. Alexandre Callay et Louis Mauran d’Eurodata TV révèlent que 70% des internautes anglais regardent des vidéos sur internet. Pour autant, les audiences sportives ne sont pas nécessairement affectées et dans de nombreux pays les meilleures relèvent d’événements sportifs. C’est que regarder du sport sur un site internet ou à la télé sont deux expériences différentes. C’est ce qu’à très bien expliqué Jeff Nathenson (Head of Football, YouTube) : si de équipes, ligues, athlètes reconnus sont largement visionnées sur Youtube (la chaine de la NBA compte plus de 633 abonnés et 834 millions de « vues ») il existe des chaines plus confidentielles, ralliant pourtant un large public attiré par un ton et une liberté que ne peuvent se permettre des chaines TV. JR Sport Brief compte tout de même 49 000 abonnés pour pratiquement 50 millions de vues !
Il a été particulièrement intéressant de constater que le marché murit et les stratégies digitales s’affinent. Il faudra alors suivre avec attention les prochains Jeux Olympiques de Londres parce que fans athlètes, équipementiers, diffuseurs, sponsors et spectateurs seront nécessairement amener à composer avec la chose digitale.
Toutes les photos de l’évènement sont disponibles ici
Pour prendre la mesure des évolutions des pratiques digitales dans le sport, prenez déjà date du prochain grand rendez vous sur cette question : le jeudi 15 novembre 2012 se tiendra la seconde édition de Sport Numericus.
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