Le week-end dernier, Teddy Riner a subi sa première défaite sur les tatamis depuis 9 ans face au Japonais Kokoro Kageura lors du tournoi de Paris. Un revers qui n’a pas déstabilisé l’un de ses principaux partenaires Under Armour.
En sponsoring et à l’heure du storytelling, les marques ont appris ces dernières années à communiquer en tout temps. Si les victoires et les réussites sont bien souvent utilisées pour faire passer des messages commerciaux, les défaites sont désormais un axe de communication à part entière, avec des valeurs fortes.
Cette semaine, l’équipementier du judoka français Under Armour a rebondi sur la défaite de son ambassadeur en publiant une tribune signée Teddy Riner, « Toujours faire face ». Un titre qui fait directement écho à la toute nouvelle campagne mondiale « The Only Way Is Through » lancée par la marque américaine en 2020.
TOUJOURS FAIRE FACE
Par Teddy Riner
Vous vous attendez peut-être à quelques mots de ma part suite Grand Slam de Paris ce dimanche dernier. J’ai bien plus à vous dire.
J’ai probablement essayé tous les sports possibles avant le judo.
À l’âge de 12 ou 13 ans, j’ai eu du mal à faire un choix entre le foot et le judo. J’adorais vraiment pratiquer ces deux disciplines. Mais il y avait un élément qui prédominait chez moi…j’adorais gagner. Les défaites, je les vivais plus mal. A cet âge-là je ne savais pas les gérer en tout cas.
C’est pour cela que j’ai choisi le judo. Contrairement aux sports collectifs, j’avais le sentiment que le résultat ne dépendait que de moi. Dans la victoire ou dans la défaite, les choses étaient claires. Et comme je gagnais beaucoup au judo, mon choix a été fait rapidement.
Bien sûr, vous avez besoin d’un adversaire, d’un coach, d’un arbitre, d’une équipe qui vous entoure. Tout doit être en place. Mais quand vous combattez sur le tatami, le tapis, c’est entre vous et votre adversaire.
Il n’y a personne d’autre entre vous et l’autre judoka talentueux en gi qui représente son pays face à vous. Lui aussi donne tout ce qu’il a pour gagner.
Vous devez lui faire face.
C’est ce que j’aime dans le judo. On ne peut pas s’échapper, passer la balle ou rejeter la responsabilité sur quelqu’un d’autre. On ne peut pas se tourner vers qui que ce soit pour nous pousser à surmonter la peur, la pression ou la douleur. On doit se dépasser et trouver la solution, la bonne position, la bonne prise. On doit surmonter les obstacles seul ce jour-là. Seul mais fort d’une préparation forcément collective.
Je comprends que cette série de victoires, qui a duré presque 10 ans, peut fasciner. C’est le fruit de nombreuses années d’investissement et de milliers d’heures de travail. Je suis heureux et fier de cela. Et donc je comprends que cette défaite à Paris provoque presque plus de réactions que si j’avais gagné.
Les gens disent souvent qu’on en apprend plus sur nous-mêmes en perdant qu’en gagnant, et il y a du vrai. Sans doute était-ce nécessaire… cela nous ne pourrons le dire qu’au moment des jeux de Tokyo.
Les remises en cause sont plus logiquement déclenchées après une défaite. Pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016, je me souviens que je n’étais pas prêt. J’étais tendu. Les gens qui s’entraînent sérieusement, dans le judo ou n’importe quel autre sport, comprennent ce que ça signifie et les inquiétudes que cela provoque.
J’ai un judo vif, dynamique, c’est ma force dans ma catégorie. J’arrive à Rio en manque de sensations, j’ai dû m’adapter et trouver un moyen de gagner sans pouvoir utiliser mes aptitudes physiques habituelles. J’ai trouvé la voie et j’ai gagné la médaille d’or.
Je ne sais pas si ma volonté de réussir découle d’un profond désir de gagner ou d’une réelle peur de perdre. Le judo m’a appris à rester debout, peu importe la pression ou l’adversaire. Gagner n’a jamais été une simple victoire, que ce soit au Grands Slam, au Championnat du Monde ou même aux Jeux Olympiques. Gagner pour gagner, ce n’est pas le seul moteur.
Comme n’importe quelle autre discipline, le judo a son cadre, ses règles. Mais on essaye tous d’accomplir la même chose au final. Tout le monde se tient seul, sur son propre tatami, sur son propre terrain, pour essayer de trouver le moyen de surmonter l’obstacle qui nous fait face.
Qu’est-ce qui se tient devant vous ? Quel est votre obstacle ? Qu’est-ce que la victoire sur l’obstacle signifie pour vous ?
Est-ce que vous êtes prêt à tout donner pour y arriver ? À encaisser ?
Vous aurez toujours des défis et des tests, dans chacune des voies que vous prendrez. Lancez-vous, combattez l’inconfort, le stress, la douleur.
Dans la victoire, comme dans la défaite–
Toujours faire face.
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🔙 Retour à l’entraînement 💪🏾#ToujoursFaireFace pic.twitter.com/xWunQjiooJ
— Teddy Riner (@teddyriner) February 12, 2020
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