C’est le pari que relève la Mairie de Paris avec une ambition claire : faire du sport un droit accessible à toutes et tous, en transformant rues, quais, et jardins en véritables terrains de jeu. Encore faut-il pouvoir jouer. Car le matériel reste un frein, coûteux, encombrant, ou tout simplement absent. C’est là qu’intervient Equip Sport. Lancé en partenariat avec Decathlon pour les Jeux de Paris 2024, ce dispositif gratuit de casiers connectés permet d’emprunter facilement du matériel sportif dans l’espace public. Une réponse concrète à un besoin croissant, comme nous l’explique Pierre Rabadan, Adjoint à la Maire de Paris en charge du sport.
Sport Buzz Business : La Mairie de Paris a toujours soutenu l’idée d’un sport accessible à tous. Comment s’inscrit cette ambition dans vos politiques publiques ?
Pierre Rabadan : Pour développer la pratique sportive dans une ville comme Paris, il faut activer plusieurs leviers de développement. Il y a d’abord les associations et les clubs qui utilisent nos équipements sportifs. On en gère environ 500, utilisés par près de 3000 clubs et 280 000 licenciés. Cette densité amène logiquement une forte tension sur l’utilisation de ces équipements.

Pour valider une feuille de route efficiente sur ce dossier, l’objectif est d’entretenir nos sites pour éviter qu’ils se dégradent trop rapidement et que de potentielles fermetures transfèrent cette pression sur d’autres sites. Cela sous-entend une politique d’investissement très importante (plus d’un milliard d’euros depuis 2014) qui s’est progressivement accélérée les années précédant les Jeux. Parallèlement, nous insistons beaucoup sur une meilleure utilisation des créneaux sportifs. La pratique est en train d’évoluer, notamment avec le télétravail. Nous recevons beaucoup plus de demandes sur les temps scolaires, entre midi et deux, pour les entreprises, et en début d’après-midi pour les seniors. Pour réguler cette tension, nous veillons à ce que tous les créneaux attribués soient pleinement utilisés pour faire des ajustements. Et cela, en faisant appel, par exemple, à des innovations pour s’assurer de l’optimisation de leur utilisation.
« Equip séduit des publics différents, avec une offre polyvalente et gratuite »
SBB : L’application Equip Sport propose une solution innovante pour accéder facilement à un vaste choix de matériel sportif à proximité des équipements publics. Quel est l’apport de ce type de plateforme digitale à Paris dans l’accès au sport ?
P.R : Pour des pratiques libres, nous avons effectivement mis en place un partenariat avec Equip et Decathlon à l’occasion des Jeux. Concrètement, l’application Equip Sport permet à toutes et tous de se connecter à des stations proches de nos équipements publics et de bénéficier d’un accès direct à des matériels qui peuvent être basiques comme des ballons ou portant sur des sports plus techniques. Les premiers retours sont extrêmement satisfaisants. Ces casiers connectés sont simples d’utilisation et attirent de plus en plus. Aujourd’hui, Equip à Paris c’est 48 000 utilisateurs et 101 stations.
« Equip comble un vrai besoin pour les Parisiennes et Parisiens. Cette flexibilité est un atout pour redonner vie à des espaces qui en manquaient cruellement »
SBB : Equip est donc parfaitement complémentaire avec la stratégie de la Mairie de Paris ?
P.R : Bien sûr. Equip séduit des publics différents, avec une offre polyvalente et gratuite. Je vais vous donner un exemple qui symbolise bien cette complémentarité. Nous menons actuellement une politique de reconquête de l’espace public, notamment sur les Quais de Seine et sur les rues que nous fermons à la circulation quand cela est possible. Le but ? Retrouver des lieux de vie et d’expression dans lesquels on peut faire du sport, via des marquages au sol et la mise à disposition d’équipements. C’est également le cas des jardins publics où nous installons davantage d’installations sportives. Sur ce dossier, Equip peut vraiment combler un besoin pour les Parisiennes et Parisiens qui ne disposent pas du matériel adéquat ou qui ne veulent pas le transporter. Cette flexibilité est un atout pour redonner vie à des espaces qui en manquaient cruellement. Les Jeux ont d’ailleurs montré le succès de nos 26 lieux de festivités et d’animations sportives où Equip était très présent. Ce dispositif a obtenu un plébiscite (plus de 2,5 millions de personnes) qui a dépassé toutes nos espérances. C’est mathématique, lorsque vous proposez aux gens des lieux publics dans lesquels ils peuvent s’exprimer, se dépenser et créer du lien social grâce au sport, ça matche immédiatement.

« La data nous permet de cibler les points à améliorer et d’avoir des retours précis pour renforcer la féminisation des pratiques »
SBB : Avec Equip, la Mairie de Paris a aussi accès à des datas très précieuses.
P.R : En effet, la data nous permet de cibler les points sur lesquels nous devons nous améliorer afin d’impacter positivement l’offre et la demande et toucher des publics plus divers. On bénéficie d’une véritable hauteur sur les sports qui marchent et ceux qui sont plus en difficulté, les emplacements qui sont en tension ou non ou encore les espaces où il n’y a pas assez d’équipements par rapport à la demande. Résultat, le nombre de sessions de location ne fait qu’augmenter depuis novembre. Cela nous permet également d’avoir des retours précis pour renforcer la féminisation des pratiques. Nous constatons que le padel et le mölkky sont par exemple les pratiques les plus féminisées.
SBB : Quels dispositifs mettez-vous en place pour favoriser une pratique plus inclusive du sport ?
P.R : Nous permettons à des publics éloignés géographiquement ou qui bénéficient de trop peu d’offres, comme les personnes en situation de handicap, d’avoir un accès renforcé à la pratique sportive. Ce programme lutte par ailleurs contre le décrochage scolaire et favorise l’aide à l’emploi. Dans ce cadre, nous surfons sur des dispositifs municipaux gratuits comme Paris Sport Dimanches ou Paris Sport Proximité qu’on a pu développer ou comme Paris Sportives ou Paris Sport Handicap qui ont pu bénéficier de financements public-privé dans le cadre du Programme Héritage des Jeux démarré en 2018.
« Notre marge de progression est encore grande sur le handisport, mais les premiers effets se font déjà ressentir avec Equip »
SBB : Ce partenariat est-il également porteur sur le handisport ?
P.R : Notre marge de progression est encore grande, mais les premiers effets se font déjà ressentir. Le regard sur la pratique sportive des personnes en situation de handicap à changer, l’accessibilité aussi. En accès libre, nous devons être capable d’avoir une offre également cohérente. On travaille très sérieusement avec Equip sur ce dossier.
SBB : Cette collaboration coche une autre case déterminante, à savoir l’enjeu de santé publique.
P.R : Vous prêchez un convaincu. La place du sport et la lutte contre la sédentarité sont au cœur de nos projets. Aujourd’hui, si on se place sur un plan scientifique, un euro investi dans le sport, c’est treize euros économisés demain en termes de santé publique.

SBB : Sur quel(s) aspect(s) souhaitez-vous encore progresser avec Equip ?
P.R : Nous souhaitons fédérer la pratique sportive sur toutes les tranches d’âge. Equip doit adapter ses fonctionnalités pour attirer des cibles plus jeunes mais aussi davantage de seniors. De son côté, la Mairie doit donc continuer à proposer de nouveaux dispositifs.
SBB : Justement, sur quels autres dispositifs insistez-vous ?
P.R : Nous développons des créneaux autonomes, en soirée, via une contractualisation avec les associations qui ont la responsabilité de la gestion de l’équipement durant son utilisation (sécurité, soin, propreté). On est ainsi passé de 80 à plus de 130 heures/semaine. Nous développons également la mise à disposition d’équipements rattachés aux établissements scolaires durant les heures de fermeture en travaillant main dans la main avec l’Académie de Paris. Enfin, nous défendons une vraie politique de soutien envers nos clubs en faisant attention aux prix des licences et en subventionnant l’achat de matériel. C’est particulièrement le cas pour le handisport que nous souhaitons absolument faire grandir après des Jeux Paralympiques très réussis.
● Installation du hub de Paris : 1er juin 2024 : 30 stations
● 1er décembre 2024 : 100 stations
● Aujourd’hui : 107 stations