Ces dernières années, de plus en plus de personnes ont recours à des guides pour faire bouger leur quotidien, qu’il soit personnel ou professionnel. En effet, le coaching de vie constitue de nos jours une véritable tendance sur laquelle de nombreux professionnels du secteur surfent.
Pour en savoir plus sur cette pratique et tenter de décrypter cette tendance, nous avons posé quelques questions à Alex Kergall, Coach & Préparateur certifié, offrant ses services à des sportifs professionnels mais aussi à des leaders exécutifs…
SportBuzzBusiness.fr : Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous, votre personnalité, votre vie ? Alex Kergall : Toulonnais d’origine, j’ai beaucoup voyagé avant de me poser. Ces déménagements réguliers m’ont appris à m’adapter rapidement.
Quelques années dans un lycée militaire à Aix-en-Provence, des championnats de France de cross-country, une école de commerce et une carrière en finance internationale.
Je sentais qu’il y avait autre chose qui m’attendait, sans vraiment savoir quoi.
Le réveil est venu il y a quelques années. Comme un choc, une simple question m’a propulsé. Qui es-tu ? Je n’avais pas de réponse. Cette question a transformé ma vie.
J’ai lu beaucoup, je me suis posé encore plus de questions et me suis recentré sur ce qui me faisait du bien, sur ce que je pouvais apporter aux autres.
Je suis d’un naturel curieux et aime questionner. Je suis fasciné par la différence qu’il y a entre ce que la réalité nous offre a 1ere vue et ce que l’on découvre en creusant. En particulier, j’ai cette capacité à sentir le potentiel des gens – un potentiel souvent mis à mal par des pensées négatives, des limitations imposées, une volonté de plaire, un passé qui empêche de vivre pleinement… En creusant on découvre des richesses.
« Un coaching réussi génère une transformation. Des changements profonds qui permettent un meilleur alignement entre ce que la personne veut vraiment vivre et son quotidien. »
SBB : Le métier de coach est assez particulier : Comment le définiriez-vous ?
AK : Le coaching répond aujourd’hui à une évolution récente de notre société. Il y a 40 ans, les vies étaient guidées par des repères traditionnels, des modèles autoritaires, des interdits. Les chemins de vie étaient plutôt clairs.
Aujourd’hui, tout est plus rapide, tout est possible. Les possibilités sont telles que parfois on ne sait pas où aller, on peut avoir plusieurs carrières, les diplômes ont moins d’importance, on peut travailler avec un ordinateur de n’importe où. Chacun doit s’en remettre à lui-même. Pour faire face à autant d’options dans sa vie, cela nécessite de bien se connaitre. Le coaching apparait comme une solution pour accompagner celles et ceux qui veulent maximiser leurs possibilités.
Le coaching étant une profession non règlementée, on trouve des coachs de tout niveau dans beaucoup de domaines. Je vais donc vous parler ici du coaching tel qu’il est défini par l’organisation la plus reconnue au monde : ICF – International Coach Federation.
Le coach n’est pas un « psy » – Le coach se focalise sur le présent, l’action et le futur – là ou un/une psychologue travaille davantage sur le passé et sa résonnance.
Le coach doit être animé par un désir puissant d’être à l’écoute de ce qui n’est pas dit. Cela demande une grande capacité d’écoute et d’observation. Le coach ne donne pas de conseils, son principal rôle est de poser des questions puissantes qui stimulent la réflexion et ouvre des portes. Le coaching est en quelque sorte un accélérateur de changement.
SBB : Comment distinguer un bon d’un mauvais coach ? Les certifications ?
AK : Les certifications sont devenues un élément important. Cependant, j’invite à la prudence, il est important de s’orienter vers les certifications reconnues : ICF et EMCC étant les organisations les plus reconnues.
Ensuite, une certification ne fait pas tout. Si vous allez voir un podologue pour un problème de vue, il ne pourra pas vous aider. Les coachs sont spécialisés, il convient de vous orienter vers un coach qui correspond à vos besoins – tant en termes de spécialisation que de personnalité.
Le mot « coach » est souvent utilisé sans que ce soit du coaching. Par exemple coaching en nutrition ou relooking. Ces pratiques correspondent à du conseil ou du mentoring.
SBB : Si vous deviez donner une définition concrète du coaching ? Qu’est-ce qu’un bon coaching ?
AK : Le coaching est une suite de conversations qui permettent de développer et maximiser le potentiel d’une personne.
Un coaching réussi génère une transformation. Des changements profonds qui permettent un meilleur alignement entre ce que la personne veut vraiment vivre et son quotidien.
Pour un athlète, il s’agira essentiellement d’obtenir de meilleures performances ; Pour un leader, il s’agira de trouver un meilleur équilibre vie professionnelle et personnelle, clarifier ses objectifs, optimiser sa relation avec les actionnaires, les membres du comité de direction ou ses équipes.
SBB : Le coaching s’adresse-t-il seulement aux personnes en difficulté ? Marche-t-il avec tout le monde ?
AK : Si vous avez vécu des traumatismes importants dans le passé, une thérapie sera plus à même de vous remettre en selle. Le coaching est particulièrement efficace quand le passé est plus léger. Le coach se focalise en priorité sur le présent, l’action et le futur.
En fin de compte, le coaching s’adresse au gens qui ne se mettent pas suffisamment en difficulté, qui naviguent trop peu hors de leur zone de confort. Se mettre en difficulté, c’est vouloir apprendre, accepter d’être vulnérable. Le coaching s’adresse à celles et ceux qui ont un vrai désir d’avancer et de passer à l’action. C’est dans l’action que l’on obtient ses galons.
SBB : Quelles sont les limites du coaching ?
AK : Je vois trois limites essentielles. Chacun a en soi les ressorts pour vivre ce qu’il souhaite vivre. Il faut vouloir être coaché, le coaching n’es pas une nécessité. La proposition du coaching est de mettre en œuvre des changements bien plus vite que si vous le faisiez seul(e).
La force du coaching repose sur la qualité d’une relation. Le coaching peut vite être limité si vous travaillez avec un coach qui ne vous correspond pas. Les grandes choses commencent toujours par des petites décisions. Choisir le bon coach fait partie de ces décisions qui peuvent changer beaucoup de choses.
Le coaching en entreprise présente aussi de potentielles limites. Quand une entreprise travaille avec un coach pour prendre soin de ses leaders, il s’agit d’un accord tripartite (Entreprise – Coach – Salarié(e)) L’entreprise a des attentes qu’elle estime légitime car elle paye le coach. Le coach doit protéger sa relation avec le/la salarié(e) pour préserver son indépendance.
SBB : Votre coaching s’adresse à des dirigeants/leaders mais aussi à des sportifs de haut niveau. Est-ce la même façon de coacher ? Si l’on considère que les exécutifs sont également des performers en sommes non ?
AK : L’approche est similaire, le niveau d’intensité est différent. Pour vous donner une idée, un leader qui travaille avec un Executive Coach verra son coach toutes les 3 à 4 semaines. Un sportif de haut niveau, c’est une session par semaine. Le niveau d’intensité est en relation directe avec la longueur de leur carrière. La durée moyenne de la carrière d’un joueur de foot est par exemple de 8 ans.
Les anglais appellent les leaders des « Corporate Athletes », ces derniers vivent des pressions mentales, physiques et émotionnelles pendant des dizaines d’années. L’engagement individuel est total – comme pour un athlète professionnel. Les cas de burnout des dirigeants ne sont plus isolés. Ce qui souligne un vrai problème corporate.
L’environnement du leader comme celui de l’athlète sont complexes. Compétition extrême pour l’athlète, environnement rempli de contraintes pour le Leader. Voyez plutôt : L’entreprise, lieu de l’audace, de la liberté et de l’innovation se caractérise souvent par une bureaucratie ou l’on doit badger le matin et le soir, un lieu où les process omniprésents se justifient par une rentabilité financière court termiste.
Le coaching que je propose aux leaders est un coaching qui se rapproche du rythme des athlètes. Je coache toutes les 2 semaines. Un niveau d’intensité plus élevé pour créer les conditions de la Performance. Une Performance long terme qui nécessite un équilibre entre 4 piliers : Tête – Corps – Cœur – Esprit.
J’aimerai vous partager une image parlante pour comprendre l’importance de chaque pilier. Je vais prendre l’exemple d’une voiture. Chaque pilier représente un attribut de la voiture.
Tête – Cela représente votre force mentale – c’est l’équivalent du moteur. Si vous êtes particulièrement concentré vous allez naturellement plus vite.
Corps – Cela représente votre bien-être physique : c’est l’équivalent de l’essence (ou l’électricité) que vous mettez dans votre voiture. Un sommeil mal géré, une nutrition peu équilibrée, trop peu de sport – votre niveau d’énergie sera faible, vous n’irait pas très loin, votre corps vous dira STOP.
Cœur – Cela représente vos relations avec les autres : C’est l’équivalent de votre boitier de vitesses. Si vous êtes entouré de personnes négatives, vous allez rester en 1ere vitesse – Si votre cercle proche comprend des personnes inspirantes qui vous donnent envie d’aller plus loin, vous allez enclencher les vitesses.
Esprit – Cela représente votre vision, vos valeurs, votre intuition : C’est l’équivalent de votre GPS. Vous pouvez avoir une grosse cylindrée, le plein d’essence/électricité, rouler en 5eme – et cependant ne pas savoir où vous aller !
Chaque élément est capital pour trouver un équilibre et aller chercher une performance. Par performance j’entends l’optimisation de la personne que vous êtes / de l’équipe que vous dirigez.
SBB : En quoi le coaching mental change-t-il la donne dans l’entrainement et donc les performances d’un athlète ? Avez-vous eu des retours de vos clients « Athlètes » concernant l’évolution de leur performance sportive ?
AK : Il n’y a pas si longtemps, certains joueurs de foot fumaient encore à la mi-temps… aujourd’hui les joueurs mangent des fruits frais. La recherche de performance est en constante croissance. Le coaching mental est la prochaine étape dans différents sports. Certains sports comme le golf sont déjà avancés.
En essence, le coaching mental vous invite à vous poser les bonnes questions et à créer une vision. Des questions de qualités entrainent des décisions fortes, des actions puissantes et ultimement des résultats différents.
Pour vous donner deux exemples. Je coache un athlète qui fait du saut en hauteur et se prépare pour les Jeux Olympiques. Nous avons travaillé ensemble sur la visualisation. En visualisant mentalement son saut parfait de manière quotidienne, il a réalisé que ses sauts réels ne correspondaient pas. Il a changé sa technique de course et maintenant saute bien plus haut.
Un autre exemple me vient à l’esprit, celui d’un joueur de foot. Son rituel d’avant match pour se mettre « dans la zone » consistait à toujours mettre sa chaussure gauche en 1er. Nous avons revu intégralement son rituel d’avant match qui inclus maintenant 10 activités précises dont un petit déjeuner / déjeuner avec des aliments choisis, des mantras de mise en confiance…. Ce nouveau rituel ne le quitte plus et lui a donné une confiance incroyable sur le terrain. Nous avons commencé à voir des résultats assez vite. Quand nous avons commencé à travailler ensemble, il jouait dans l’équipe des moins de 23 ans de son club avec 20 spectateurs par match. Au bout de 9 mois, il jouait son 1er match devant 35 000 personnes.
Une citation résume bien ce qui est au cœur de la réussite de ces deux athlètes :
« L’attribut le plus important pour un athlète c’est sa force mentale. »
Mia Hamm, l’auteur de cette citation demeure l’une des joueuses de football les plus respectée aux Etats-Unis (la meilleure équipe au monde.) Mia était une attaquante prolifique – médaillée d’or des JO d’Atlanta (1996) et Athènes (2004). Mia est aussi deux fois championne du monde avec l’équipe des Etats Unis.
SBB : Pourriez-vous nous nous donner un peu plus de détail sur votre façon de coacher ? Sur une séance/un programme type ?
AK : Je coache aussi bien à distance qu’en live – souvent nous alternons les sessions à distance et en live. Mes clients habitent dans différents pays et travaillent avec moi pendant 3 à 6 mois.
Le coaching que je propose est direct, orienté sur l’action et les résultats. Une séance de coaching type commence par la revue des actions de la session précédente. Puis nous fixons un objectif de session. Au fil des questions, nous pouvons aborder énormément de problématiques. La session se termine par des actions concrète à accomplir.
Souvent mes clients sont embourbés dans leur pensées et n’arrivent plus à avancer – Nous travaillons sur l’équilibre Tête- Corps -Cœur -Esprit. Cette approche est au cœur de mon coaching. Nous abordons régulièrement certains sujets comme la peur de l’échec, la peur de réussir, un sentiment de médiocrité, être découvert ou encore ne pas se sentir aimé(e).
La principale raison pour laquelle les gens n’ont pas ce qu’ils veulent, c’est parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Le coaching permet de clarifier le point de départ, les actions nécessaires et la direction.
SBB : Comment sentez-vous l’avant après pour la personne ? Pourriez-vous nous parler de cet outil que vous-avez créé ? En quoi est-il pertinent ? Quelle valeur ajoutée a-t-il par rapport ?
AK : En travaillant avec des athlètes, j’ai développé le Global Performance Index (GPI) – surnommé le « Speedy boarding du coaching ». Avec 40 marqueurs précis, le GPI permet de situer ou vous en êtes – au niveau Tête-Corps-Cœur-Esprit.
Je propose un questionnaire ou vous vous notez sur ces 40 marqueurs. De là, je produis un GPI personnalisé. En une session, nous traçons les grandes directions de travail. En temps normal un coach a besoin de plusieurs sessions pour voir se dessiner différents axes.
En fin de coaching, le GPI est à nouveau produit pour mesurer l’impact du coaching. C’est innovant, je ne connais pas de coach qui mesurent clairement l’impact de leur coaching.
Mon passé en Finance m’a poussé à créer un outil qui permet d’apporter plus de clarté.
L’avant est l’après n’ont très souvent rien à voir. Ce qui me frappe le plus c’est l’intensité, la présence qui se dégage des personnes coachées : Leur regard, leur niveau d’énergie et leur détermination.
Créer une vision est un élément fondamental du coaching que je pratique. Une vision qui s’appuie souvent sur des désirs profonds. Mohamed Ali l’exprime ainsi :
« Les champions ne sont pas fabriqués dans les salles de gym. Les champions sont fabriqués à partir de quelque chose qu’ils ont au plus profond d’eux-mêmes – un désir, un rêve, une vision. »
Mohamed Ali
Mohamed Ali est considéré comme l’un des plus grands boxeurs de tous les temps – 61 combats, 56 victoires – dont 37 par KO – et 5 défaites. Médaillé d’or mi-lourds aux JO de Rome (1960).
SBB : Petite question pour une réponse d’un professionnel à nos lecteurs : Quelles sont les clés pour rester performant dans tout ce que l’on entreprend ?
AK : Je crois qu’il y a trois points importants.
• Créer une direction claire et motivante : Etre extrêmement clair(e) sur ce que vous souhaitez. Créer une vision qui vous donne envie d’y aller !
• Garder les deux pieds dans le présent. La qualité de votre présence détermine votre futur. Donner toute votre attention à ce que vous faites.
• Vous améliorer jour après jour – L’échec est la porte d’accès menant au succès.
SBB : Comment faire si l’on veut vous contacter ou travailler avec vous ?
AK : Je vous invite à m’envoyer directement un email : alex@alexkergall.com / www.alexkergall.fr
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