Il y a quelques mois, un nouvel évènement natation a débarqué dans le paysage sportif avec l’International Swimming League (ISL).
Ancien vice-président Europe des contenus sports pour Discovery (Eurosport), Arnaud Simon a collaboré avec l’ISL à travers sa société « In & Out Stories ». Nous lui avons posé quelques questions.
SportBuzzBusiness.fr : Quel a été votre rôle dans le lancement de l’International Swimming League en fin d’année dernière ?
Arnaud Simon : C’est un des projets les plus fous et extraordinaires dans lequel j’ai été impliqué ! Rendez-vous compte ! Quand l’International Swimming League vient me trouver en Avril 2019, il me demande en 5 mois à peine de mettre en place une équipe de production Live aux USA et en Europe, avec une mise en image et une narration jamais vue auparavant. En parallèle il faut élaborer une stratégie digitale et négocier une distribution avec des diffuseurs dans le monde entier.
Ce qui m’anime aujourd’hui avec ma société « In & Out Stories », c’est d’être là ou ça se passe, d’accompagner et aider les organisations sportives nationales ou internationales à inventer le modèle de demain dans le sport, dans la narration et la distribution. Je pense qu’ISL est venu me trouver pour ça. C’est à tout point de vue un modèle très disruptif mais dont la natation avait besoin pour reconquérir des fans et recréer de la valeur business.
« Casser tous les codes pour construire une nouvelle écriture et surprendre est une expérience exceptionnelle. »
SBB : Pouvez-vous nous détailler le travail effectué en amont pour « mettre en lumière » l’ISL ?
AS : L’enjeu principal était notamment de trouver comment raconter ce nouveau format, cette nouvelle ligue mondiale regroupant les meilleurs nageurs et nageuses sur la planète.
Le format a été conçu par Konstantin Grigorishin. L’ISL est avant tout une compétition par équipe. C’est très différent des compétitions de natation classiques. A l’instar de la NBA, du football et des sports collectifs en général, le coach a un rôle prépondérant dans l’ISL. Il peut changer la composition des équipes en fonction de choix tactiques, décider de mettre Florent Manaudou sur une course plutôt qu’une autre…
Mon rôle était de comprendre comment rendre le spectacle attrayant, raconter toutes les facettes sur les écrans. On n’a pas hésité à emprunter les codes des sports d’équipes. Konstantin Grigorishin a souvent répété que l’International Swimming League était plus qu’une nouvelle compétition de natation, c’est un nouveau sport basé sur la natation. Oublié les podiums, qualifications. Chaque course est une finale. Chaque match se déroule sur un week-end avec un slot très intense de 2 heures chaque jour. Pas le temps de respirer. On joue beaucoup sur l’écran partagé par exemple pour raconter plusieurs histoires en parallèle. Les box des équipes sont installées le long de la piscine façon NHL pour avoir non seulement une signature visuelle unique mais aussi magnifier l’esprit d’équipe. Nous nous sommes appliqués à ce que chaque plan soit différent d’une compétition habituelle de natation. Ainsi l’entrée des athlètes se fait 2 par 2, sur une scène entièrement équipée de leds, par équipes, en mode WWE !!! Casser tous les codes pour construire une nouvelle écriture et surprendre est une expérience exceptionnelle.
SBB : De nombreux observateurs ont relevé également l’aspect graphique novateur à l’écran en citant souvent l’eSport. C’était dans la charte ?
AS : Nous avons effectivement essayé d’être totalement novateur aussi dans la navigation : l’infographie en 3D synchronisée avec la spidercam donne des infos mais dans une perception totale d’immersion. On ne perd jamais l’ambiance de la salle. Casser tous les codes pour construire une nouvelle écriture et surprendre est une expérience exceptionnelle.
Le design dans les piscines a été conçu par des entreprises spécialisées. Etre au carrefour de l’esport et des univers Marvel faisait partie du brief. La scène d’entrée des nageurs, la mise en lumière et le décor oscille entre League of Legends et Games of Thrones. Les Champions eux même n’en revenaient pas !
SBB : Comment a été abordé le volet distribution de l’ISL ?
AS : L’objectif était d’aller sur les 3 types de destination, à savoir les réseaux sociaux, le live streaming et le broadcast linéaire. Je pars du principe qu’il faut additionner ces 3 éléments, ne pas avoir une vision trop radicale à vouloir faire uniquement du digital. L’expérience, le savoir-faire, la légitimité ou encore l’expertise qu’apportent les grands diffuseurs sont extrêmement importants pour installer une compétition comme l’ISL. Je tenais à associer la compétition avec des marques historiques de la pay-TV comme Eurosport ou ESPN mais aussi avec des pure-players et nouveaux entrants comme DAZN.
« 50 millions de personnes ont été en contact avec la marque ISL et ses contenus à travers le monde. »
SBB : Combien de pays ont diffusé la compétition ?
AS : ISL a été diffusé dans plus de 80 pays dans le monde pour sa première saison. C’est du jamais vu ! En plus d’Eurosport et ESPN, il faut citer CBC au Canada, Channel 7 en Australie, TV Globo au Brésil, DAZN au Japon ou encore la prestigieuse BBC en Angleterre.
ESPN a proposé le direct de l’intégralité des 7 matchs sur sa plateforme OTT disponible pour plus de 80 millions d’américains. Dès le troisième match, suite à un taux d’engagement très élevé (50 %), ils ont choisi de programmer en plus un résumé de 52 minutes le dimanche soir sur la Chaîne ESPN2. Un vrai succès pour une nouvelle Ligue.
C’est un symbole fort que ces grands Groupes soient partenaires de l’International Swimming League. Une diffusion uniquement digitale en année 1 n’aurait pas permis d’être associée à ces grands réseaux.
SBB : Quels sont les chiffres clés que vous pouvez nous communiquer concernant l’audience globale, le reach … ?
AS : 50 millions de personnes ont été en contact avec la marque ISL et ses contenus à travers le monde. C’est assez exceptionnel pour un lancement. Et cela seulement en 4 mois d’existence.
SBB : Un mot sur le travail effectué sur les réseaux sociaux ?
AS : Sur le digital nous voulions une totale liberté d’action, notamment sur les extraits en quasi instantané des courses que l’on poste sur les comptes ISL, c’est important pour nous d’additionner les impacts en plus de la diffusion TV et du live streaming.
Pour la saison 2 nous allons développer une plateforme OTT, ISL TV, en complément du dispositif Broadcast sur laquelle sera proposé du contenu additionnel. ISL pourra aussi également proposer les matchs en direct dans certains marchés non couverts par nos partenaires.
SBB : Ce qui est en cohérence avec la notion de direct to fan que vous défendez.
AS : Oui, avec la future plateforme c’est proposer aux fans un écosystème natation complet, sachant que l’enjeu important est la data pour mieux les connaître et mieux les servir. ISL n’est pas seulement une compétition d’élite ce sera la vitrine d’une nouvelle « Home of swimming ».
https://twitter.com/iswimleague/status/1208523771260424193
« ISL n’est pas seulement une compétition d’élite ce sera la vitrine d’une nouvelle « Home of swimming » »
SBB : L’ISL peut-elle s’inscrire dans la durée ?
AS : J’ai tout de suite été convaincu de la vision de Konstantin Grigorishin qui souhaite offrir aux sportifs une meilleure redistribution financière. C’est plus juste. Je crois aussi à ce format nouveau car il a été tout de suite perçu comme une vraie compétition. Les records du monde et l’engagement total des athlètes le prouvent.
Un tel démarrage, c’est tonitruant. ISL a réussi le « wow » effect avec son nouveau format. Le message porté par des équipes mixtes et l’égalité totale hommes-femmes dans cette Ligue sont des atouts exceptionnels. Il faut cependant accélérer encore pour imposer définitivement cette compétition. La saison 2 se déroulera de septembre 2020 à Avril 2021 avec 27 matchs, sur 3 continents et 2 nouvelles équipes, une franchise à Tokyo au Japon et à Toronto au Canada, portant le total à 10. L’enjeu de la réussite d’ISL va au-delà de la natation. L’ensemble du monde Olympique sport doit souhaiter la réussite d’ISL car c’est ce que les fans et les athlètes attendaient pour faire exister ce sport magnifique tout au long de l’année.
SBB : Un mot sur votre société « In&out stories », quels seront vos prochains défis ?
AS : Cette première année d’activité a permis d’accompagner des projets en avance de phase et innovants. J’ai la chance pour cela d’être entouré d’un collectif de supers talents. Depuis plusieurs mois nous accompagnons par exemple la Fédération Française de Tennis qui va lancer sa plateforme OTT le 2 avril prochain pour engager la pratique avec du contenu exclusif et des directs. Nous démarrons une mission tout aussi enthousiasmante pour la Ligue féminine de Basket avec une ambition forte de bouger les lignes. J’avoue que les demandes sont de plus en plus en nombreuses et c’est une vraie satisfaction. Aider les organisations sportives à transformer ce bouleversement des modes de consommation et de distribution du contenu sport en réelles opportunités, donne tout son sens à l’existence d’In&Out Stories.
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