Interview – Charles Hurtebize et Guillaume Adriansen, Fondateurs de « Le Vélo Mad » (VAE officiel du Tour de France)

Pour la seconde année consécutive, la marque « Le Vélo Mad » s’est associée au Tour de France en tant que Vélo à Assistance Electrique (VAE) officiel de la Grande Boucle.

Dans le cadre de cet accord, l’entreprise française créée en 2018 a notamment conçu une collection de deux vélos en édition limitée « Tour de France » vendus à 50 exemplaires chaque (2 249€ et 2 749€).

Pour en savoir plus sur la société « Le Vélo Mad » et cette accord de license avec Le Tour de France, nous avons posé quelques questions aux fondateurs de la marque, Charles Hurtebize et Guillaume Adriansen.

 

Sport Buzz Business : Quel est votre parcours et vos premières expériences avant de lancer « Le Vélo Mad ? 

Charles Hurtebize : J’ai été 11 ans au coq sportif d’abord à Paris puis en Australie en tant que général manager pour l’Australie/ Nouvelle Zélande. Depuis 2017, je gère une agence de représentation commerciale en Australie se spécialisant sur les marques françaises avec un savoir-faire et une histoire unique (Veja, Armor Lux, etc.). Je suis également associé sur Chappelli Cycles. Je suis basé entre Sydney et Paris pour le moment, avec une perspective de retour en France.

Guillaume Adriansen : Opticien de formation, j’ai été gérant de magasins d’optiques pendant une dizaine d’années, ce qui m’a permis de développer de bonnes compétences en gestion, ce qui est primordial à la création d’une marque et d’une entreprise. Par la suite, avec Chappelli, nous avons fait nos armes sur le marché du vélo afin d’en connaitre les tenants et les aboutissants et de bien maitriser notre sujet. Ça nous aura aussi appris à gérer un business en ligne, quels sont les avantages, quelles sont les contraintes, qu’est-ce que les clients attendent.

Charles Hurtebize et Guillaume Adriansen

SBB : Pourquoi lancer Le Vélo Mad en 2018 ?

CH et GA : Nous avons grandi dans une petite ville de province en Normandie, nous nous connaissons depuis la seconde, soit depuis 20 ans. A l’époque tous nos déplacements étaient faits à vélo. Et après une pause, le vélo est redevenu notre moyen de déplacement privilégié. Pour nous, rouler est tout autant un moyen de déplacement qu’un plaisir. Nous distribuons une marque de vélos urbains et a pignon fixe australiens depuis 2012 en Europe, Chappelli Cycles. Cette première expérience réussie nous a motivé à continuer sur notre lancée et à créer notre propre marque de vélo.

Nous avons suivi l’avènement du VAE qui pour nous est une vraie révolution. Le VAE a les moyens de changer nos villes et d’aider à réduire la circulation automobile et tous les inconvénients qui en découlent comme les routes encombrées, le bruit, la pollution… Le VAE facilite grandement les trajets quotidiens. Les distances parcourues peuvent être plus importantes, avec moins d’efforts et la possibilité de transporter un poids plus important, comme des courses et des enfants.

« Le VAE a les moyens de changer nos villes et d’aider à réduire la circulation automobile et tous les inconvénients qui en découlent »

Cependant, même si de nombreux acteurs étaient déjà présent sur le VAE, aucun ne répondait à nos envies. En effet, si nous aimons rouler pour nous déplacer, nous aimons avoir un vélo qui soit un prolongement de nos personnalités et à un prix qui reste raisonnable. Aujourd’hui la plupart des VAE de ville ont un look que nous qualifierons de traditionnel et qui manque de caractère. De plus, nous avons souvent l’impression qu’ils subissent l’intégration de la batterie et du moteur qui viennent s’ajouter comme un poids au vélo alors qu’ils devraient faire partie intégrante de celui-ci. Et ils sont souvent très chers.

C’est ainsi que nous avons décidé de monter notre propre marque de VAE qui respecterait un cahier des charges précis : Un look racé et sportif empruntant les codes des vélos de courses et du VTT avec un cadre qui est en harmonie avec la batterie. Et le tout pour un tarif compétitif. Notre amour pour les marques françaises et notre expérience récente dans la fabrication de vélo en Asie nous a poussé à assembler nos VAE en France.

Ce projet muri depuis 2015 et nous avons mis 3 ans à le finaliser, à trouver le bon partenaire (La MFC), à développer notre VAE, et à finaliser notre business model et site internet.

SBB : Combien êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont les différents métiers que l’on retrouve dans votre entreprise ? Avez-vous des difficultés à recruter ?

CH et GA : A l’heure actuelle, nous sommes 12 dans l’équipe à travailler dans différents secteurs avec l’opérationnel, les deux magasins, le marketing, le digital, le design,… Il n’est pas vraiment difficile de recruter à l’heure actuelle car il y a beaucoup de demandes par rapport à la quantité d’offres. Ce qui est plus compliqué, comme dans tout processus de recrutement, c’est de trouver la bonne personne pour nos besoins spécifiques.

SBB : Pouvez-vous nous expliquez votre positionnement et les gammes de vélos que vous vendez ? Quel est votre réseau de distribution ?

CH et GA : Nous proposons des Vélos à Assistance Électrique conçus, designés et assemblés en France, pour un usage urbain, avec une qualité premium et au juste prix. Ce sont des vélos simples d’utilisation, simples à entretenir et avec un gros travail fait sur le design.

Nous avons 3 gammes de vélos :

– La gamme Urbain, avec un cadre semi-ouvert, une position plus assise sur le vélo avec le dos bien droit
– La gamme Sport, avec un cadre de la forme d’un VTT et une position plus sportive/plus allongée sur le vélo.
– La gamme Tour De France que nous sortons depuis maintenant 2 ans en série limitée et avec des modifications esthétiques.

En ce qui concerne notre réseau de distribution, nous avons choisi un modèle original qui nous permet de proposer nos vélos au juste prix : Le circuit court. Nous ne distribuons pas nos vélos via un réseaux de revendeurs qui prennent chacun leur marge et qui font gonfler les prix, nous distribuons nous même nos vélos via notre site internet avec livraison directement au domicile des clients et nos 2 magasins Le Vélo Mad qui se trouvent à Rouen et à Paris.

Depuis l’année dernière, nous avons maintenant un revendeur exclusif qui est Fnac/Darty mais nous avons fait en sorte de revoir nos marges pour proposer nos vélos toujours au même prix, sans augmentation. Cela nous permet de gagner en visibilité et de rassurer une partie de nos clients.

« L’objectif pour 2022-2023 est d’atteindre 4,2 millions de chiffre d’affaires »

SBB : Comment appréhendez-vous le « made in France », vous qui revendiquez les couleurs bleu-blanc-rouge ?

CH et GA : Pour nous, le but est d’être le plus transparent possible avec nos clients et donc de créer une relation de confiance. Nous ne nous revendiquons pas « MADE IN FRANCE » car nous ne le sommes pas, à l’heure actuelle, il est quasiment impossible de faire du vélo 100% Français en grande série, mais nous voulons tout de même mettre en avant un savoir-faire Français, celui de la MFC, et le fait que nos vélos sont totalement conçus, designés et assemblés en France par des professionnels reconnus dans le monde du vélo. D’où notre logo en Bleu, Blanc, Rouge qui est important pour nous, même si nous ne sommes pas 100% « MADE IN France ».

crédit : Le Vélo Mad

SBB : Quel est le chiffre d’affaires et le nombre de vélos vendus sur votre dernier exercice ainsi que vos prévisions/objectifs à moyen terme ? Quelle est la part de la France dans votre CA ? Comment prévoyez-vous votre développement en dehors de la France ?

CH et GA : Nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 466 000 euros en 2019-2020 à 1,9 million d’euros en 2021-2022 avec 1206 VAE et 2612 accessoires vendus. L’objectif pour 2022-2023 est d’atteindre 4,2 millions de chiffre d’affaires.

Actuellement, les ventes faites en France représentent 90% de notre chiffre d’affaires. Dans un premier temps, il nous semblait important de bien maitriser le marché français, de se faire connaitre en France avant de vouloir commencer à nous exporter. Il vaut mieux se focaliser sur un marché et bien le faire plutôt que de partir dans tous les sens dès le début.

Dans les années à venir, un de nos objectifs va être de nous implanter dans d’autre pays européens afin de nous imposer sur d’autres marchés que celui de la France. A voir par quels moyens cela se fera.

SBB : Depuis un an, vous exploitez une licence Tour de France. En quoi cela consiste ? Au-delà des vélos vendus, quels retours avez-vous eu depuis un an par rapport à ce licensing ? Est-ce un contrat renouvelable chaque année ?

CH et GA : En 2021, Le Tour de France et plus précisément A.S.O. ont mis en place un nouveau label, le label « ville à vélo », dans le but de promouvoir et de mettre en avant les villes/communes qui mettent en place des infrastructures qui facilitent l’accès des vélos.

C’est donc pour cela que ASO nous a contacté en 2021, dans le cadre de la mise en place d’une licence et pour devenir VAE officiel du Tour De France, afin de promouvoir et de mettre en avant ce nouveau label « ville à vélo ».

En effet, le vélo à assistance électrique est devenu un moyen de locomotion de plus en plus présent dans les villes et la proportion d’utilisateurs va continuer à augmenter dans les années à venir, il était donc logique que le Tour De France s’associe à une marque de vélo à assistance électrique pour promouvoir ce label.

Pour expliquer plus en détail ce qu’est le label « ville à vélo », il se base sur le même principe que le label « ville fleurie », en prenant en compte les infrastructures mises à disposition des cyclistes. Les villes qui souhaitent avoir ce label doivent postuler et avoir été au moins une fois une ville étape du Tour de France. Ensuite, il y a une élection des villes qui peuvent bénéficier de ce label avec un système de « notation » sur les panneaux à l’entrée de la ville, on peut avoir une note de 1 vélo et ça va jusqu’à 4 vélos. Tout dépend du niveau de développement des infrastructures et des efforts mis en place par la ville. Le but est donc de mettre en avant les villes qui proposent des voies vertes, des pistes cyclables, des places de stationnement pour les vélos, des garages à vélos, etc…

De notre côté, étant une marque de vélo à assistance électrique, nous avons déjà un pied dans l’éco responsabilité et dans la RSE, mais nous ne nous arrêtons pas là, nous mettons des actions en place qui confirme notre volonté et notre engagement dans ce sens.

Donc, lorsque nous avons été contactés par le Tour De France pour cette licence, c’était un honneur pour nous et c’était aussi totalement en adéquation avec nos valeurs et notre volonté de s’engager et d’être une marque écoresponsable.

Pour finir, c’était aussi un honneur pour nous de pouvoir travailler avec une institution telle que le Tour de France. Tout le monde connaît cette course, en France ou à l’étranger, et c’est quelque chose de mythique. C’était donc une chance pour nous de pouvoir être associé à cet évènement.

 

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crédit : Le Vélo Mad

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SBB : Avez-vous d’autres contrats avec des entités sportives ? D’autres évènements vous ont-ils déjà approchés pour des produits co-brandés ?

CH et GA : A l’heure actuelle, nous n’avons pas d’autre contrat avec des entités sportives mais c’est potentiellement quelque chose qui sera à développer. Nous avions été approchés par Roland-Garros il y a maintenant 2 ans, sans démarchage de notre part, ce qui est assez réconfortant et motivant.

Que ce soit pour le Tour de France ou pour Roland-Garros, ce sont eux qui sont venu vers nous et pour une jeune marque comme la nôtre, c’était un honneur et une preuve de confiance envers nos produits et notre travail.

« A l’heure actuelle, il est quasiment impossible de faire du vélo 100% Français en grande série »

SBB : Comptez-vous signer dans les années à venir des contrats de partenariats avec des « célébrités », sportifs, …  et en faire entrer au capital ?

CH et GA : Oui c’est un objectif pour nous. Les influenceurs peuvent jouer un rôle majeur en termes de stratégie de communication et comme pour beaucoup de marques, nous avons tout intérêt à créer des partenariats avec des célébrités/sportifs influents qui correspondent à nos valeurs et à notre cible.

Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans les stratégies de communication et créer des partenariat bien ciblé permet de maximiser notre visibilité et surtout de pouvoir toucher de façon efficace une clientèle plus jeune.

SBB : Dans les années à venir, quelles seront les principales innovations que pourront, devront proposer un fabricant de VAE comme vous ?

CH et GA : D’un point de vue général, l’enjeu sera la réindustrialisation de la France, ça prend du temps, mais l’avenir est la relocalisation des industries en France.

Pour les innovations, un vélo de plus en plus connecté, mais pas trop ! D’un point de vue purement R&D, faire un vélo électrique qui soit complètement propre.

SBB : En tant qu’entrepreneurs, quels conseils donneriez-vous à un porteur de projet, dans le cycle ou autre univers ?

CH et GA : Si vous croyez en votre projet , lancez-vous !

 

 

 

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