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Depuis quelques années, un nouvel acteur, BOOST, s’est positionné sur le marché des ressources humaines dans le sport.
D’abord cabinet de recrutement, BOOST se revendique aujourd’hui comme un écosystème engagé de solutions RH pour les acteurs du monde du sport.
Pour en savoir plus sur la création de BOOST et l’aventure entrepreneuriale, nous avons posé quelques questions à Jean Baptiste Cayeux, co-fondateur de BOOST.
Sport Buzz Business : Quel a été votre parcours professionnel avant de vous lancer dans l’aventure BOOST ?
Jean Baptiste Cayeux : Avant de créer cette aventure entrepreneuriale, j’ai travaillé moi-même dans le monde du sport une grosse dizaine d’années.
A la fois en faisant du mécénat sportif pour la Fondation du Sport, en rejoignant la Fédération Française de Football pendant quatre ans, en rejoignant également une grande agence de marketing sportif, Sportfive, pour développer notamment la dimension conseil & activation. Et enfin, en rejoignant Asics en tant que Directeur Marketing France pendant deux ans.
SBB : Quel a été le point de départ, la génèse de BOOST ?
JBC : J’ai toujours eu une sensibilité pour les relations humaines, et ce qui se passe ailleurs dans le monde des idées au sens large du terme. À la base, j’étais passionné de philo au point de vouloir en devenir prof !
SBB : Comment êtes-vous passé de l’un à l’autre ?
JBC : J’ai mis cette envie de côté pour me lancer dans le sport business. C’est en revenant d’un tour du monde en 2017 que je me suis dit que j’étais peut-être bon en marketing, mais que je n’étais pas le meilleur. Et qu’en revanche, je sentais que j’avais quelque chose de plus fort à apporter sur la dimension RH, sur la manière de mieux comprendre les personnes et les organisations. C’est avec cette idée-là que je suis parti à l’aventure : pour voir si cette aptitude, je pouvais en faire un job demain.
« 25% de notre rémunération est soumise à la satisfaction de notre client. […] Quand je me suis lancé avec ce business model, certains ont ri, beaucoup m’ont trouvé naïf »
SBB : Quelle a été la première étape pour concrétiser cette idée ?
JBC : J’ai commencé par une étude de marché qui a duré trois ans. J’ai échangé avec de nombreux acteurs pour comprendre les solutions en place, comprendre le métier d’intermédiation RH en France, et dans le monde du sport en particulier – qui était quelque part assez peu développé comparé à d’autres pays.
Ce que j’ai découvert en faisant cette étude de marché m’a globalement déplu. J’ai découvert un univers très commercial, avec beaucoup d’intérêt pour l’argent, mais assez peu d’intérêt pour les personnes, les parcours, et les stratégies des entreprises.
SBB : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer malgré ces constats ?
JBC : Le métier de Chasseur de Têtes tel que je le projetais était un métier essentiellement humain. Mais aussi un métier stratégique : en travaillant pour des DG, des DRH, notre rôle est de faire en sorte d’apporter les meilleures richesses humaines, comme on aime bien les appeler chez BOOST, pour accompagner leur stratégie d’entreprise.
Au-delà de ça, il y avait un business model en place qui n’avait pas de sens. Là je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire, en traçant un chemin différent à l’intérieur de cet univers-là, et j’ai décidé de me lancer.
SBB : Comment la société a-t-elle évolué après cette première année ?
JBC : En 2021, Paul-Edmond Bétremieux et Étienne Cassagne m’on rejoint officiellement, et on a créé la structure juridique de BOOST le 2 janvier. Aujourd’hui, ça fait un peu plus de trois ans que l’on existe. On s’est diversifié petit à petit pour devenir un réel écosystème de solutions RH pour les acteurs du monde du sport. Mais pour moi, on n’est pas que trois. Aujourd’hui, on est autant de personnes porteur du projet que de personnes qui sont dans le projet. BOOST, c’est une famille, un collectif qui a embrassé notre Manifesto, qui l’incarne et qui lui donne vie. C’est un collectif de 20 personnes qui accompagne des clients partout en Europe puisqu’on réalise chaque année environ 25% de nos missions en dehors de la France. Aujourd’hui, c’est plus de 100 personnes recrutées pour une cinquantaine d’organisations référentes du monde du sport. Nous avons une base de 10 000 profils qualifiés et plus d’une centaine de particuliers accompagnés grâce au Parcours, le Bilan de compétences le plus concret du marché.
SBB : Comment s’est formé ce trio ?
JBC : Ces deux personnes, je les connaissais d’avant : PE était en agence de marketing sportif avec moi, j’ai tout de suite senti tout son potentiel à entreprendre. Celui-là, c’est un vrai génie, il a une culture et une connaissance du sport business très poussée. Etienne, c’est beaucoup de choses pour moi. C’est à la fois mon associé aujourd’hui, c’est aussi mon témoin de mariage, c’est mon premier ami d’école de commerce. C’est mon partenaire, dans tous les sens du terme. Lui était chez l’annonceur (Coca-Cola), où il était en charge d’un certain nombre de sujets marketing. Il a été responsable de marques également.
SBB : Comment Etienne est-il passé du marketing aux RH ?
JBC : C’est en devenant responsable du CE (CSE) qu’il s’est pris de passion pour ces sujets-là. Ça l’a achevé de le convaincre qu’il avait sa voie à tracer, pas tant dans le marketing, mais dans l’accompagnement de personnes. Et c’est comme ça qu’il a quitté Coke après l’Euro 2016 et qu’il a commencé à accompagner un certain nombre de personnes, comme par exemple Teddy Riner. Entre temps, il a pris en part time le rôle de Directeur du Master Sport d’Audencia.
« De plus en plus de clients en recrutement nous sollicitent sur les autres activités que l’on peut avoir »
SBB : Qu’est-ce qui différencie BOOST sur le marché ?
JBC : Alors, il y a trois éléments. Le premier est notre business model. Le modèle traditionnel consiste à prendre 20% du salaire brut annuel de la personne recrutée, mais il y a deux grands problèmes : Cela incite le cabinet à pousser à la hausse la rémunération des candidates et candidats, ce qui désaligne les intérêts du cabinet et de son client. Certains profils sont bien rémunérés mais faciles à recruter, tandis que d’autres, moins bien rémunérés, sont très difficiles à trouver, ce qui entraîne une mobilisation moindre des cabinets sur ces missions.
SBB : Comment travaillez-vous ?
JBC : Avec BOOST, on fonctionne uniquement au forfait, co-construit avec nos clients, basé sur la complexité de la mission, pas sur le salaire de la personne. Travailler avec nous signifie payer le juste prix pour un recrutement et nous avoir de son côté pendant toute la mission.
25% de notre rémunération est soumise à la satisfaction de notre client. Par exemple, avec une note de satisfaction de huit sur dix, on recevra que 80% des 25% soumis à cette variable. Ce qui permet d’installer une relation de confiance de bout en bout, de montrer qu’on n’est pas simplement engagé à trouver la personne mais aussi engagé à la trouver de la meilleure des manières. C’est à dire, en essayant d’être le plus réactif possible avec le client, en essayant de répondre à tous les candidats qui viennent à nous, ceux avec qui on a échangé, ceux qu’on a approchés, et ça c’est super important.
Quand je me suis lancé avec ce business model, certains ont ri, beaucoup m’ont trouvé naïf. Mais j’étais persuadé que c’était un business model qui était lui-même le pari des richesses humaines : le pari de la confiance que l’on pouvait avoir avec nos clients. C’est ce genre de relation qui fait aujourd’hui, je pense, le succès de BOOST depuis trois ans. Et qui nous permet de voir plus grand temps que notre service de recrutement.
SBB : Vous êtes donc très transparent avec vos clients par conséquent ?
JBC : C’est notre deuxième élément de différenciation : la transparence. Quand un client missionne certains cabinets de recrutement, il reçoit des shortlist de trois, quatre, cinq personnes, mais on ne sait pas si ce sont 3/3 ou 3/10 ou 3/100 qui ont été considérés. Avec BOOST, on apporte une transparence totale sur le travail réalisé en amont pour arriver à cette short list en mettant à disposition des clients la même plateforme que l’on utilise nous-mêmes pour suivre l’avancée du processus de recrutement. Le client a accès à tous les profils qu’on a approchés, aux échanges qu’on a pu avoir avec les uns et les autres.
Cette transparence n’existe pas dans le monde du recrutement, et encore moins dans le monde du sport. Il faut arrêter avec la pensée que les candidats sont les trésors des cabinets. Non, les candidats sont des personnes. L’enjeu d’un cabinet n’est pas de retenir les informations sur les profils, mais c’est bien de mettre cette information à disposition de leurs clients. Et surtout, de ne pas s’arrêter aux candidats connus du cabinet (la fameuse base de données), mais de chasser au-delà pour pouvoir apporter le maximum d’options possibles au client. Et par l’occasion de diversifier les Richesses Humaines.
SBB : Vous vous revendiquez comme un acteur engagé ?
JBC : Absolument. C’est à la fois dans notre baseline : un écosystème de solutions engagées pour les acteurs du monde du sport. Mais aussi dans notre ADN : nous sommes une entreprise à missions, c’est inscrit dans nos statuts. Notre engagement s’exprime en interne, mais est aussi tourné vers l’externe :
On répond à tous les candidats, qu’ils soient chassés ou entrants, si possible avec un feedback de progression. Avant et pendant les entretiens, on les met dans les meilleures dispositions possibles, etc.
On essaie d’amener nos clients à avoir un recrutement aussi responsable que possible : pas de discrimination liée au genre, etc.
En interne, on a mis en place une charte de l’Employee Experience qui favorise le bien-être de nos Boosters, on a arrêté les déplacements en avion pour nos rassemblements, on mange végétarien, etc.
« Pour l’après JO, on prévoit principalement un rééquilibrage du rapport de force entre les talents et les organisations, l’essor du freelancing ou encore la possibilité pour de nombreux profils d’évoluer sur une carrière internationale »
SBB : Concrètement, comment ça se passe une mission de recrutement avec BOOST, Quels sont les premiers échanges avec le client ?
JBC : Quand on se tape dans la main avec un client en recrutement, souvent, on a déjà beaucoup échangé pour bien comprendre le besoin et proposer la meilleure solution d’accompagnement avec le processus et le tarif.
Premièrement, il y a un kick-off qui permet de faire le tour de tous les sujets : expliquer les outils qu’on va utiliser ensemble pour délivrer la mission, rentrer dans le détail des sujets pour éviter de se rendre compte qu’on essaye de chercher un mouton à cinq pattes, présenter la stratégie de recherche que l’on a imaginé pour eux, la challenger si nécessaire, comprendre s’il y a des organisations dans lesquelles le client souhaite que l’on ne chasse pas.
Ce temps pris en amont, en fait gagner à tout le monde par après.
SBB : Et le processus de recrutement ?
JBC : Une fois qu’on a bien compris le besoin, on lance le recrutement, avec la force de notre communication, de notre réseau de job boards. Et en parallèle, on “chasse”, avec une moyenne de cent personnes considérées. Pour rythmer la mission et tenir le client au courant des avancées, on a un point de passage de 30 minutes toutes les semaines. On fait le point sur les profils vus en entretien.
SBB : Est-ce difficile de garantir la qualité des candidats proposés ?
JBC : Avant de proposer à un client de voir un candidat, on essaie toujours d’avoir un processus avec un double regard côté BOOST pour éviter les biais de recrutement qui sont bien trop nombreux dans ces moments-là. Et on accompagne ensuite le client de bout en bout. On peut l’accompagner sur l’entretien qu’il a avec le ou la candidat.e., si le client souhaite avoir un test de personnalité, faire passer un cas pratique, on s’en charge. On va jusqu’à les aider à choisir le finaliste de la short-list et à finaliser l’accord.
SBB : Quel est l’objectif final dans une mission de recrutement ?
JBC : Notre objectif est de faire du recrutement un travail d’orfèvre. Du côté client comme du côté candidat : on les accompagne à préparer leur départ de leur entreprise car on est persuadé que bien quitter une entreprise, c’est aussi un facteur clé de succès. Une fois qu’il a pris son poste, on a un point de passage le premier jour, à 3 mois et après 6 mois pour bien suivre la pépite recrutée. Ce suivi à long terme est plutôt rare, mais nécessaire pour faciliter la communication entre les deux parties et aider l’intégration du candidat chez notre client et vice-versa.
SBB : Avec qui travaillez-vous aujourd’hui ?
JBC : Tous les acteurs du monde du sport ! Côté sport business avec les ayants-droits comme des fédérations (FFA, FIBA, UCI …), des clubs (PSG, AS Monaco, Paris Basketball ..) et des ligues (LFP, LNH, LNR..). Mais aussi des agences (Havas PLAY, The Fan Syndicate, Publicis Sport…), de l’esport (Team Vitality, G2 Esport, ZQSD…) etc. Mais aussi et surtout des acteurs de l’industrie du sport et de l’outdoor (adidas, puma, kappa, …).
SBB : Pourquoi, aujourd’hui, BOOST se revendique comme n’étant plus qu’un cabinet de recrutement ?
JBC : Effectivement, BOOST a toujours eu vocation à grandir, en posant une pierre après l’autre. Aujourd’hui, on ne se définit plus comme un cabinet de recrutement : BOOST c’est un écosystème engagé de solutions RH.
SBB : Quelles sont les nouvelles offres de BOOST ?
JBC : C’est toujours dans l’optique de vouloir impacter positivement et durablement le monde du sport que nous avons créé et développé trois autres offres :
L’Executive Coaching pour permettre aux talents déjà présents dans l’organisation de révéler tout leur potentiel.
L’Employee Experience pour fidéliser ses talents.
Des Ateliers Collectifs pour développer la performance des équipes et faire des moments collectifs (team-building, séminaire, etc.) des moments structurants.
SBB : Est-ce que le recrutement reste une activité importante pour BOOST ?
JBC : On continue de faire du recrutement, on adore ça ! Mais de plus en plus de clients en recrutement nous sollicitent sur les autres activités que l’on peut avoir. La création de ces autres verticales répond vraiment à notre envie d’être utile en mettant le bon sens au cœur de nos préoccupations.
SBB : Avez-vous un exemple concret ?
JBC : Par exemple, quand on est en train de discuter avec un client sur un sujet de recrutement, parfois, on se rend compte que lui proposer une mission de recrutement ne lui serait pas utile : plutôt que de recruter un directeur commercial, il s’agirait plutôt de faire passer un responsable commercial, directeur commercial et de l’accompagner dans cette nouvelle prise de poste. Notre vision, par nos différentes solutions, c’est d’approcher les problématiques RH de manière holistique et systémique, quitte à rediriger les clients vers quelqu’un d’autre si on estime ne pas être les mieux placés.
SBB : Qu’est-ce qui reste constant dans votre approche ?
JBC : La seule base, c’est notre fidélité à cette entreprise, à notre Manifesto, à nos valeurs, nos engagements. Notre première responsabilité, et peut-être la plus grande, c’est de recruter les bonnes richesses humaines pour le compte de BOOST. Et s’assurer que chaque membre soit dans les meilleures conditions pour s’épanouir et performer avec BOOST.
SBB : Comment définissez-vous votre rôle actuel chez BOOST ?
JBC : Notre rôle dans ce cadre-là, c’est créer et laisser de la place aux autres. Pour que chacun puisse évoluer et prendre en responsabilité. C’est aussi pour cela qu’on crée d’autres projets, qu’on développe BOOST comme un groupe, avec notamment notre nouvelle marque B2C Le Parcours. En résumé, notre rôle (comme tous les autres Boosters) est d’être garants du Manifesto et d’essayer de voir dans quelle mesure on peut continuer à grandir tout en étant dans nos racines.
SBB : Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous en tant que fondateur ?
JBC : Le plus difficile pour moi, a été de passer de leader qui « tire » à accompagnateur, là à la demande. Qui peut rester focus sur ses priorités au lieu d’aller projeter ses idées à droite à gauche pour lancer des sujets. Ça, ça a été révolutionnaire pour moi.
SBB : Quels sont les projets futurs de BOOST ?
JBC : On n’est pas une grande équipe, et nous avons déjà beaucoup de sujets passionnants à mener de front. Mais je peux d’ores et déjà annoncer un nouveau projet qui viendra enrichir nos services en septembre prochain !
SBB : Un mot sur Paris 2024, avez-vous eu une activité particulière pour certains clients impliqués de près ou de loin ? L’héritage Paris 2024 en terme RH, c’est quoi et comment vous vous inscrivez dans l’après JO ?
JBC : Bien sûr, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont été un accélérateur pour nous puisqu’ils ont créé un vrai appel d’air sur le marché donc, en cascade, de nombreuses organisations ont recruté pour faire face au départ de leurs talents et/ou à l’augmentation de leur activité. Je pense notamment à des agences comme Havas Play ou Publicis Sport qui accompagnent de nombreux partenaires des JOP ou à adidas pour qui nous avons recruté une partie de leur équipe dédiée à l’activation de leurs assets dans le cadre de Paris 2024.
Ensuite pour l’après JO, ce qu’on prévoit principalement, c’est un rééquilibrage du rapport de force entre les talents et les organisations, l’essor du freelancing avec de nombreux experts et expertes qui bénéficieront de leur expérience sur les Jeux pour se lancer et en 3ème point, la possibilité, pour de nombreux profils d’évoluer sur une carrière internationale tournée vers les grands évènements sportifs internationaux pour faire valoir l’expérience acquise sur les Jeux.
On anticipe également que beaucoup de personnes vont se poser sérieusement la question de continuer ou non dans le sport après avoir connu le graal de l’organisation des Jeux à domicile. C’est exactement pour ces personnes qu’on a créé Le Parcours d’ailleurs.
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