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Lancé en 2016, Anybuddy est un projet ambitieux qui vise à révolutionner la réservation des sports de raquette en France grâce à une plateforme innovante. En relevant les véritables enjeux de la digitalisation, la société se rapproche des complexes sportifs sur l’ensemble des territoires pour optimiser leur accessibilité et moderniser leur gestion.
Avec ses deux associés, Arnaud et Frédéric, Martial Guermonprez revient sur leur parcours, leurs motivations et les clés des premières réussites qui ont permis à Anybuddy de devenir un acteur incontournable dans son domaine.
Pour en savoir plus sur les défis et les ambitions d’Anybuddy, nous avons posé quelques questions à Martial Guermonprez, cofondateur d’Anybuddy.
SBB : Pouvez-vous vous présenter (les fondateurs) et nous parler de votre parcours avant de vous lancer ? Quand avez-vous créé la société ?
Martial Guermonprez : Nous sommes 3 associés Arnaud, sur la partie Technique, Frédéric sur la partie marketing et moi Martial sur la partie business. Nous nous connaissons tous les 3 depuis 20 ans, et avons lancé ce projet en 2016 quand nous avions une petite trentaine d’années. Nous étions tous les 3 en postes dans de grands groupes avant de passer le pas de l’entrepreneuriat. Avant de travailler sur cette version de Anybuddy, nous avions testé d’autres propositions de valeur avant de trouver le service qui allait permettre à Anybuddy de se développer.
« Anybuddy est la marketplace de réservation leader en France sur les sports de raquette. »
SBB : Qui se cache derrière Anybuddy ? Combien êtes-vous dans l’équipe ?
MG : Nous sommes une petite quinzaine à travailler, dans la technique, le marketing, le business développement et le service client joueur et club. L’équipe est assez jeune, et tentons de nous améliorer tous les ans pour améliorer le service du mieux possible. Nous avons une partie de l’équipe à Lille et l’autre partie à Paris.
SBB : Quel a été le déclic qui vous a poussé à créer votre propre entreprise dans le domaine du sport (constat, motivation…) ?
MG : Nous sommes tous les 3 des pratiquants de sport. L’ambition de départ était d’aider les gens à jouer plus entre amis en cassant les freins à la pratique. Nous n’avons pas choisi la voie la plus facile en allant sur du BtoC, et malgré quelques difficultés à lancer l’entreprise, nous ne regrettons pas notre choix. Le déclic a été l’envie commune de prendre des risques à des périodes de nos vies où nous pouvions nous le permettre.
SBB : Pouvez-vous nous présenter Anybuddy et sa proposition de valeur ?
MG : Anybuddy est la marketplace de réservation leader en France sur les sports de raquette. Pour le joueur la possibilité de voir en temps réel les disponibilités autour de lui.
Nous avons fait en sorte que l’expérience de réservation pour le joueur soit la plus fluide et la plus simple possible. C’est surtout un moyen pour le joueur de pratiquer des sports de raquette et notamment le tennis sans devoir s’engager à l’année et jouer à la carte dans tous nos clubs partenaires.
Pour les clubs, un moyen d’optimiser leur taux de remplissage en étant visible auprès de 500 000 joueurs raquette. Au-delà de ça, nous permettons à certains clubs de travailler leur accessibilité en travaillant avec eux sur l’installation de contrôle d’accès.
Nous faisons en sorte de faire cohabiter les joueurs réguliers d’un club avec une population un peu moins engagée pour permettre à tous de pratiquer du sport.
SBB : À quel(s) problème(s) souhaitez-vous répondre avec votre entreprise ?
MG : Nous souhaitons répondre au problème de l’accessibilité du sport et donc indirectement à la sédentarité de la population. Aujourd’hui, il y a des infrastructures publiques magnifiques que l’administré ne peut pas utiliser. C’est pour nous une aberration, et travaillons donc dans le but de permettre à tous de jouir de ces installations.
Aujourd’hui, il y a de plus en plus de mairies ou d’investisseurs privés qui mettent leur padel en full gestion sur Anybuddy. Souvent des structures autonomes qui fonctionnent sur de la location horaire. Nous allons gérer pour eux, le paiement, la réservation, le contrôle d’accès, le service client et la facturation.
SBB : Comment avez-vous constitué votre premier réseau de clubs partenaires ?
MG : Il n’y a pas de secret, 100% des 1300 clubs que nous avons eu ont été appelés par nos équipes. Il y a eu un gros travail d’évangélisation du marché. Notre stratégie a été d’ouvrir ville par ville pour bien maîtriser l’offre et la demande, et éviter le côté déceptif pour les joueurs qui ne trouveraient pas de terrains disponibles.
SBB : Qu’est-ce qui distingue Anybuddy des autres acteurs du marché ? Qui sont vos concurrents ?
MG : C’est en Espagne et en Suède que l’on retrouve les deux plus grosses entreprises avec Playtomic et Matchi sur ce marché. Ils ont été largement financés par le passé. Contrairement à nous, ils doivent fournir le logiciel de gestion au club pour pouvoir les référencer sur leur marketplace. Nous avons mode de fonctionnement différent, car nous sommes capables de nous connecter sur tous les calendriers du marché pour connaître la disponibilité des clubs.
SBB : Comment Anybuddy améliore-t-il l’expérience des amateurs ou des professionnels du sport ?
MG : Pour le moment, nous avons une plateforme web et une application mobile. 80% des réservations vont se faire sur les applications mobiles. Nous avons déjà fait un gros effort pour optimiser l’expérience de réservation par rapport à d’autres canaux de réservation. L’enjeu de 2025 sera d’offrir d’autres services aux joueurs pour marquer un peu plus notre différenciation.
SBB : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes actuellement confronté dans le développement d’Anybuddy ?
MG : Aujourd’hui, il y a tellement de projets de padel et de pickleball en cours de construction, que nous avons du mal à répondre à toute la demande. Nous sommes donc dans une phase de restructuration pour accompagner cette vague qui ne fait que commencer.
SBB : Quel est le marché cible d’Anybuddy ?
MG : Nous essayons de contacter tous les clubs de sports de raquette. En plus du tennis et du padel qui sont les moteurs de la croissance, nous avons une belle offre de badminton et de squash. Le ping-pong et le pickleball commencent à représenter un volume intéressant.
Effectivement, ce sont dans les zones urbaines que le concept est le plus pertinent et notre cœur de cible, ce sont des joueurs entre 25 et 40 ans qui pratiquent plusieurs sports dont les sports de raquette.
« Nous sommes en train de finaliser un nouveau tour de table après la réalisation de nos objectifs sur les 2 dernières années. Nous espérons pouvoir le finaliser au premier trimestre de 2025. »
SBB : Quelles stratégies de marketing avez-vous adoptées pour attirer à la fois les joueurs et les clubs ?
MG : Sur la partie acquisition, nous avons dès le début adopté une stratégie de contenu qui nous permet d’être bien référencés sur les moteurs de recherche. En parallèle, on bénéficie d’un très bon bouche à oreille qui nous permet de minimiser les coûts.
Par ailleurs, nous travaillons avec quelques réseaux d’étudiants ou de comité d’entreprise comme Gymlib.
Pour les clubs, nous avons de plus en plus de clubs en entrant. Anybuddy n’est pas un centre de coût, mais uniquement de profit, les clubs le comprennent bien et voient comment nous travaillons avec nos partenaires.
SBB : Quel est le business model d’Anybuddy ?
MG : Nous nous rémunérons à la performance, nous prenons une commission sur les réservations des joueurs que l’on ramène dans nos clubs partenaires. Ce mode opératoire rassure nos clients, car nous n’avons pas de coût fixe et pas d’engagement. Il n’y a pas de frais cachés non plus, dans notre commission sont intégrés les coûts de transaction, le marketing, les coûts opérationnels, le service client.
« Cette année 2024, nos partenaires ont généré 6 M€ de volume. Ce qui veut dire qu’un grand nombre de nos clubs ont vu leur budget augmenter. »
SBB : Comment avez-vous financé les différentes phases de développement de l’entreprise (levées de fonds, auto-financement, etc.) ? Pouvez-vous citer quelques business angels présents à votre capital ?
MG : Nous avons fait un 1er tour de table en janvier 2023 avec quelques business angels, des entrepreneurs pour la plupart qui ont déjà vécu notre histoire comme Thierry Petit de Showroomprivé entre autres. Quelques sportifs comme Stéphane Houdet ou Quentin Halys.
Nous sommes en train de finaliser un nouveau tour de table après la réalisation de nos objectifs sur les 2 dernières années. Nous espérons pouvoir le finaliser au premier trimestre de 2025.
SBB : Quel impact Anybuddy a-t-il eu sur les clubs et les infrastructures sportives partenaires ?
MG : Cette année 2024, nos partenaires ont généré 6 M€ de volume. Ce qui veut dire qu’un grand nombre de nos clubs ont vu leur budget augmenter. Notre but est de créer une nouvelle ligne de revenu pour nos clubs partenaires associatifs. Certains ont profité de cette manne financière pour créer des padel, d’autres pour embaucher et développer le club-house pour améliorer l’accueil des structures. Chaque année, les clubs voient ces montants augmenter, donc nous sommes vraiment contents d’avoir un impact positif sur la vie des gens et des associations.
SBB : Selon vous, comment la digitalisation change-t-elle l’accès aux sports aujourd’hui ?
MG : Le digital doit permettre de simplifier les choses. Nous n’avons pas pour objectif de remplacer le travail des personnes d’accueil. Simplement la partie réservation doit être optimisée pour permettre aux gérants de se concentrer sur l’essentiel, à savoir le service client.
Pour les joueurs, la réservation sur Anybuddy se fait littéralement en 3 clics, tout en ayant une visualisation sur toute l’offre autour de lui. Dans l’usage, on peut comparer ce mode de réservation à Doctolib… Même si on ne génère pas les mêmes volumes, bien entendu.
SBB : Avez-vous des projets ou innovations en cours pour enrichir l’offre (intégration d’autres sports, services additionnels, etc.) ?
MG : Nous intégrons toute l’offre de sport de raquette, et de nouveaux sports sont en train d’arriver. Nous sommes étonnés pour l’engouement du ping pong depuis les JO avec les Frères Lebrun, et sommes donc à la recherche de clubs susceptibles d’accueillir des joueurs en location horaire. Idem pour le badminton qui explose sur notre plateforme.
Les nouveautés prévues sont des services à destination des joueurs. Nous souhaitons avancer sur la partie sociale pour permettre à nos joueurs de rencontrer des personnes dans la communauté Anybuddy pour aller taper la balle. C’est un sujet assez complexe dans la réalisation qui demande beaucoup de tests.
SBB : Quel est votre chiffre d’affaires que visez-vous d’ici 3-5 ans ?
MG : Nous avons pour ambition de continuer à doubler tous les ans notre volume d’affaires, nous aimerions toucher les 50 millions de volumes d’affaires d’ici 5 ans.
Nous avons déjà quelques clubs en Belgique et en Suisse, et souhaitons travailler un peu sur notre offre à l’international.
SBB : Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur souhaitant se lancer dans le sport ou les plateformes numériques ?
MG : Je leur conseillerais de commencer petit sur un territoire restreint pour travailler la proposition de valeur. Ne surtout pas se disperser tant que le product market fit n’est pas atteint. Beaucoup de courage et de résilience, car les débuts sont souvent difficiles. Toutes les histoires sont différentes mais le facteur chance existe. Il faut donc la provoquer en allant chercher les clients potentiels un par un.
SBB : Quelle est la meilleure expérience que vous avez vécue depuis le lancement d’Anybuddy ?
MG : Il n’y a pas forcément un moment, la meilleure sensation c’est d’avoir construit notre modèle petit à petit. Le BtoC est la route la plus compliquée mais c’est celle qui donne le plus de sens. Nous sommes fiers de permettre à nos joueurs de kiffer un moment entre amis sur les terrains. Nous sommes également assez amusés de voir quelques personnalités qui utilisent notre service.
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