Interview : Florian Genton, journaliste beIN SPORTS

Crédit : Panoramic

 

Journaliste beIN SPORTS, Florian Genton est aujourd’hui l’un des visages football les plus emblématiques de la chaîne lancée en 2012 qu’il a rejoint dès ses débuts.

Cette saison, Florian Genton présente notamment « Vendredi Ligue 1 », « Dimanche Ligue 1 Le Mag » ou encore « Le Décrassage de Luis ».

Son employeur actuel, son métier de journaliste, son parcours… Nous lui avons posé quelques questions il y a quelques semaines.

SportBuzzBusiness.fr : Est-ce que vous suivez l’actualité des médias et des droits TV de près ?
Florian Genton :
Oui, on suit ça de près par la force des choses, parce que notre métier dépend quand même des droits TV acquis ou non par notre chaîne. Après, on sait très bien que nous ne sommes absolument pas décideur donc on suit ça d’assez loin mais on regarde ça avec intérêt car c’est notre actualité de demain qui est en jeu.

« J’ai envie de faire confiance à mes patrons qui, jusqu’ici, ont toujours fait en sorte de proposer une chaîne particulièrement attrayante pour les passionnés. »

SBB : Est-ce que les droits qui passent d’une chaîne à l’autre peuvent vous donner envie de changer de média ?
FG : 
Ah non, pas du tout, je n’ai absolument pas envie de partir ! Je suis très heureux à beIN SPORTS où je suis avec une très belle équipe. Désormais, je travaille exclusivement sur la Ligue 1 Conforama et je suis très heureux dans ce que je fais. Après, c’est sûr qu’en perdant certains matchs, certains droits, des émissions n’existent plus, on donc est obligé de se réorganiser et de trouver d’autres angles à aborder pour continuer de satisfaire nos abonnés. En aucun cas ça ne peut donner envie de partir. Vous savez, les droits, un coup vous les gagnez, un coup vous les perdez… c’est très éphémère. Par exemple, sur la Ligue des Champions, ont sait qu’on ne l’a pas pendant encore environ deux ans et demi, mais très rapidement, les droits vont être remis en jeu, donc on n’a pas trop le temps de se poser la question. Moi j’ai envie de faire confiance à mes patrons qui, jusqu’ici, ont toujours fait en sorte de proposer une chaîne particulièrement attrayante pour les passionnés.

SBB : Quelles sont les ambitions de la chaîne concernant les droits TV ?
FG : Sincèrement, il faudrait poser la question directement à ceux qui sont concernés. Au niveau des compétitions, il y a la Ligue 1 qui a été a nouveau négociée par beIN SPORTS, qui maintiendra une très belle offre, voire même meilleure, aussi bien en quantité qu’en qualité. Malgré l’arrivée de nouveaux concurrents à travers différentes plateformes comme Mediapro ou RMC Sport pour les compétitions européennes, on a cette chance à beIN de continuer à avoir du football espagnol, italien, allemand, turc et même anglais, à travers les différentes coupes, en plus de la Ligue 1 avec beaucoup de matchs et de magazines. Pour moi, notre catalogue de droits sur le football est déjà très beau.

SBB : Justement, dans le lot de Ligue 1 remporté par beIN SPORTS sur le prochain cycle, il y a notamment un magazine d’après-match. Allez-vous le présenter ?
FG :
Alors je serai ravi de le faire, mais d’ici là, il peut et va se passer beaucoup de choses pour beIN SPORTS comme pour moi à travers toutes les émissions que je peux faire. En télévision, tout va très vite, on peut être amené à changer de responsabilités d’un mois sur l’autre ou d’une rentrée à l’autre… On ne peut pas savoir qui va faire quoi dans un an et demi, que ce soit sur beIN ou ailleurs.

SBB : En revanche, ce qui est sûr, c’est que vous allez rester dans le football.
FG :
Oui, bien sûr ! Aujourd’hui, je suis exclusivement sur le football, même si j’ai fait beaucoup d’autres sports auparavant dans ma carrière sur d’autres médias. Ça reste le sport numéro un, et le plus attractif pour tout le monde. Nous avons une telle offre football sur beIN que ça demande énormément de travail, je vous assure qu’on a des semaines bien chargées et je pense que ça continuera pendant encore de longues années. Je préfère laisser les autres sports aux vrais spécialistes qui s’en occupent très bien.

SBB : Toujours dans le football, est-ce qu’une nouvelle expérience en tant que commentateur vous intéresse ?
FG :
J’ai déjà commenté pas mal de matchs par le passé, que ce soit sur RMC ou beIN SPORTS avec des matchs de Ligue des Champions, d’Europa League, de Ligue 2 ou même de Multiplex Ligue 1 au tout début de la chaîne. L’année dernière, je commentais les matchs européens de l’Olympique Lyonnais en coupe d’Europe. Donc bien sûr, ça pourra m’arriver cette année, mais là encore, je pense que dans ce monde-là, il faut pouvoir se spécialiser, car il y a tellement de choses à faire que c’est difficile de toucher à tout. Bien sûr, commenter et regarder des matchs, c’est formidable, mais je préfère faire des émissions pour être à fond dedans. Je me rends compte que ce qui me plait particulièrement, c’est de monter des émissions, d’arriver à trouver des angles, des sujets, d’essayer d’avoir un regard un peu différent sur l’actualité, pour arriver à tenir des émissions d’1h, 1h30 en direct, qui demandent beaucoup d’investissement, de travail, et surtout, une bonne équipe autour de moi pour arriver à rendre un produit final intéressant.

« je suis journaliste, je ne suis pas là pour donner mon avis, mon avis, n’intéresse par le téléspectateur. »

SBB : Dans toutes vos émissions, vous êtes accompagné par Luis Fernandez. Comment on gère ce tandem journaliste-consultant ?
FG :
Je pense que ce qui est très important, c’est que chacun reste dans son rôle. Et c’est parfois la dérive qu’on observe aujourd’hui, avec des journalistes qui deviennent consultants et vice versa. Pour moi, ce sont deux métiers vraiment différents, et, même si ça ne saute pas aux yeux de tout le monde, je ne pense pas que ce soit accessible à tout le monde de marier ces deux professions. Avec Luis, là où on essaie de bien travailler, c’est à ce que chacun reste dans son rôle. Moi je suis journaliste, je ne suis pas là pour donner mon avis, pour juger la prestation de X ou Y, et mon avis, n’intéresse par le téléspectateur. Le téléspectateur doit avoir l’avis de Luis Fernandez, avec qui il sera d’accord ou pas. Il a beaucoup plus de crédibilité auprès des gens, moi je suis un passionné de football comme il y en a des millions en France. Je suis beaucoup de matchs et je connais beaucoup de monde, mais ça ne me donne pas de légitimité par rapport à un passionné lambda. Chacun doit trouver son rôle et y rester sans se marcher dessus, c’est ça qui est dur à mettre en place dans chaque duo. Il faut arriver à mettre son consultant dans les meilleures conditions, parce qu’il va être meilleur sur certains aspects du jeu, mieux s’exprimer sur certains thèmes. Le but du jeu c’est d’arriver à faire une bonne émission ensemble, donc il n’est pas question de se mettre des bâtons dans les roues. On est ensemble, on travaille ensemble, on a les idées ensemble, et on essaye de faire, ensemble, une belle émission.

SBB : Concernant Luis Fernandez, avez-vous une anecdote à nous raconter ?
FG :
Nous travaillons ensemble au quotidien depuis 2006, ça ne nous rajeunit pas, ça commence à remonter. A l’époque, c’est grâce à lui que j’ai fait Luis Attaque sur RMC à ses côtés… et les anecdotes il y en a des dizaines et des centaines ! Les grands souvenirs ce sont de très belles émissions en direct au centre d’entrainement de Manchester United. Voir Luis Fernandez discuter de chevaux (car il est passionné de chevaux) dans le bureau de Sir Alex Ferguson (légendaire entraîneur de Manchester United, ndlr.) pendant que les joueurs s’entraînent, c’est incroyable. Quand j’assiste à ça je suis comme un gosse, j’ai les yeux grands ouverts, je me pince pour être sûr ne pas rêver. Ce sont des moments complètement incroyables. Il y a d’autres émissions exceptionnelles, comme au centre pénitentiaire du Havre, avec des détenus en direct, c’était du jamais vu à la radio ou dans un média français. Des réunions au Ministère de l’Intérieur, et d’autres choses incroyables qui dépassent totalement le cadre du foot et de mon statut de journaliste sportif. Après il y aussi les épopées d’Euro ou de Coupe du Monde où on partage pendant 1 mois les chambres voisines et on voyage ensemble. Luis Fernandez, chacun à sa propre opinion sur lui, a une gentillesse, une sympathie pour les gens qui est assez incroyable. Quand on va dans des stades avec lui, il est vraiment acclamé et très apprécié par le public.

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SBB : Plus jeune, souhaitiez-vous devenir journaliste sportif ?
FG :
Complètement. Moi ça a été une grande chance et si j’ai un conseil à donner aux jeunes, c’est de trouver sa passion, sa voie très vite pour voir sa flamme qui vous fait avancer chaque jour. Depuis tout petit, c’était être journaliste sportif, commenter des matchs. Quand j’écoutais le multiplex de D1 à la radio, c’était quelque chose qui me faisait rêver, depuis 10/12 ans, et j’ai fait toutes mes études comme ça. Il n’y a rien de pire dans la vie que de ne pas avoir de passion, de fil conducteur.

SBB : Quelles études avez-vous fait ?
FG :
J’ai un Bac ES, ensuite ce qui m’intéressais dans un premier temps c’était une école de radio (studio école de France) qui se faisait en deux ans, où on apprenait du montage radio, des émissions, écritures, poser sa voix, et l’opportunité de faire des stages, ce qui est très important pour se montrer, se faire connaitre. Ensuite j’ai été en stage à RMC en octobre 2001, puis j’y suis resté plusieurs années, de stages en stages, de CDD en CDD jusqu’en CDI.

SBB : Comment êtes-vous arrivé par la suite sur beIN SPORTS ?
FG :
Je suis rentré à RMC en 2001. En 2008, Orange Sport m’a contacté pour être homme de terrain en L1 et ça a été une grande interrogation pour moi. Je me suis finalement dis que c’était une opportunité qui ne passerait qu’une fois, et que je ne pouvais pas laisser passer le train. Etre sur le terrain, c’était un métier qui m’impressionnait, que j’avais envie de connaitre, je ne voulais pas avoir de regrets donc j’y suis allé jusqu’en 2012. En 2010, RMC m’a recontacté pour que je retourne avec Luis. De 2010 à 2012 j’ai donc fais les deux. Puis Orange Sport s’est arrêté, je pouvais continuer sur RMC mais beIN s’est présenté avec un grand projet proposé par Charles Bietry. J’avais bien aimé la télévision alors j’y suis allé pour avoir un nouveau challenge, une source de motivation. J’ai toujours apprécié Bietry, c’était l’occasion de travailler avec lui, c’était une vraie opportunité.

SBB : Que pensez-vous de l’évolution du métier de journaliste ?
FG :
Il y a de plus en plus de journalistes qui font de la télévision et de la radio. Ça reste deux métiers qui se ressemblent, parler aux gens, ne pas avoir de stress, parler de sa passion. Après, y a une approche un peu différente à la télévision car il y a l’image, donc il faut prendre en compte la tenue vestimentaire, la lumière, les conditions du plateau, au-delà de ce que vous allez dire, alors qu’en radio seul les mots, votre voix, comptent. En TV ça ne suffit pas, l’apparence compte aussi. Donc ce sont deux métiers assez proches, mais avec quand même quelques nuances importantes.

Quand vous êtes en radio, ce sont des émissions de deux heures, avec de la préparation, avec beaucoup de choses à dire… ça prend plus de temps, mais c’est plus simple d’accès, car on peut le faire sur un téléphone avec des auditeurs. Quand vous êtes en télévision, il n’y a pas d’auditeurs ni pas ou peu de participation extérieure donc les images pèsent plus lourd. Si vous parlez de Fekir pendant 10 minutes, il faut avoir des images de lui, donc ça demande un gros travail d’équipe, qui sont plus grosses qu’en radio. La pression est aussi plus importante en télévision. En radio vous êtes dans un studio sans spécialement de lumière, alors qu’en TV, il y a beaucoup de techniciens. L’approche est différente même si la finalité est de faire vivre sa passion et de mettre un peu de baume au cœur aux abonnés.

« Il faut bien comprendre que dans ce métier, il n’y a pas de week-end, pas de repos. »

SBB : A quoi ressemble votre vie de tous les jours ?
FG :
C’est beaucoup de temps au téléphone, beaucoup de matchs de foot à regarder, et des émissions qui se préparent tous les jours. Il faut bien comprendre que dans ce métier, il n’y a pas de week-end, pas de repos. Si vous n’avez pas cette passion, il ne faut pas s’engager dans ce métier parce que le foot, c’est le week-end ! Donc soirées, anniversaires, mariages,… j’en ai raté, j’en rate encore et j’en raterai. C’est un métier très particulier, à part entière avec beaucoup de déplacements, des agendas plus remplis que le commun des mortels. Moi je fais trois émissions par semaine, ce qui est beaucoup, lourd, c’est une vie qui ne s’arrête jamais, tous les jours je prépare mes émissions avec mon équipe de 4/5 personnes. Même si je ne suis pas au bureau, c’est des coups de téléphone, des mails, appeler les clubs, des joueurs, des entraîneurs, trouver des reportages, des présidents, rappeler mes journalistes, mes équipes, se revoir sur un moment de repos qui n’en est pas un. Des journées très chargées donc, parfois annulées, mais quand on aime ça, quand on adore ça, franchement ça vaut la peine ! Ce n’est pas un métier où on compte ses heures, où il faut espérer rentrer à 17 heures chez soi. C’est un métier particulier parce que vous êtes guidés par les droits TV dont on parlait tout à l’heure. Pendant les Coupe du Monde, vous partez pendant un mois de chez vous, donc pour fonder une famille c’est plus compliqué. C’est vraiment un métier à part entière qu’il faut bien appréhender avant de se lancer.

SBB : Ça vous laisse du temps pour faire du sport ?
FG : Oui un petit peu, j’ai toujours fait beaucoup de sport, donc je continue. Je fais du sport seul, du tennis, du squash. Je cours le matin entre 9h et 11h, souvent le mercredi et vendredi. C’est important de se vider la tête, penser à autre chose.

SBB : Vous regardez la Télévision ?
FG :
Je regarde beaucoup de sport, beaucoup de foot, même trop, et sinon je n’ai pas énormément de temps. J’essaie quand je peux de regarder le journal, les chaines d’infos pour être au courant de ce qu’il se passe autour de moi, de regarder Cash Investigation que j’aime bien, des émissions d’enquête, C à Vous sur France 5. Des émissions qui m’emmènent sur un autre terrain que celui que je connais. Regarder des matchs de foot, ça reste mon métier donc j’ai besoin d’en regarder et puis ça me fait plaisir. Mais si je dois regarder des programmes à la TV, ce sont des émissions sur lesquelles je vais me mettre en danger en terme de connaissance pour m’ouvrir à autres choses, car il y autres chose dans la vie que le foot.

SBB : Vous êtes fan d’une équipe ou d’un sportif ?
FG :
Plus jeune, j’étais un grand fan de Gabriel Batistuta, j’aimais son style et la Fiorentina, pour différentes raisons dont des vacances. J’avais des posters, et encore aujourd’hui j’aime bien savoir où il est. J’aime beaucoup le personnage et encore plus le joueur car je ne connais pas vraiment l’homme. Je suis aussi très fan des sportifs de « l’ombre » si je puis dire. J’ai eu la chance de suivre les Jeux Olympiques notamment à Athènes pour RMC et j’ai eu la chance de couvrir le canoë-kayak, à l’époque où Tony Estanguet était encore sportif et gagnait toutes les médailles possibles et inimaginables. Je suis un grand fan de Tony Estanguet, il a eu une carrière incroyable dans un sport, j’allais dire mineur, sans être péjoratif, qui n’a pas l’exposition qu’il mériterait. C’est un sportif qui m’a impressionné, tout était millimétré tel une Formule 1, c’était assez incroyable.

SBB : Comment gère-t-on la passion pour l’Equipe de France de Football et le métier de journaliste qui suit et commente son actualité ?
FG :
Je suis complètement supporter de l’Equipe de France. Dans les commentaires, être supporter ne veut pas dire ne pas être objectif. On peut être objectif et même être parfois plus virulent, comme on dit qui aime bien châtie bien, et donc parfois on peut être plus critique vis-a-vis de ceux qu’on apprécie. Moi je suis totalement fan, sur la dernière Coupe du Monde j’étais en transe pendant plus d’un mois et j’ai adoré revivre ce type d’émotion. Mais vivre une Coupe du Monde avec l’Equipe de France qui la gagne en plus, c’est vraiment exceptionnel. Moi je suis supporter de l’Equipe de France tout en essayant de rester objectif.

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