Agent d’image et fondateur de l’agence VIP Consulting, Frank Hocquemiller nous parle de la situation de Romain Ntamack et de la réalité du sponsoring chez les sportifs aujourd’hui.
Spécialiste du management des droits d’image de célébrités depuis 20 ans, l’agence VIP Consulting accompagne de nombreux sportifs dans la gestion sponsoring.
Parmi ceux-là, Romain Ntamack dont les principaux partenaires sont adidas, Red Bull, Accor, BIC, Google Pixel, Garmin, L’Oréal… Blessé juste avant la Coupe du Monde de Rugby 2023, le demi d’ouverture a dû déclarer forfait.
Sport Buzz Business : Depuis combien de temps travaillez-vous avec Romain Ntamack ?
Frank Hocquemiller : Ça fait 5 ans.
SBB : Quel est le rôle de VIP consulting dans la construction de l’image de marque de Romain Ntamack ?
FH : J’espère qu’on joue un grand rôle. C’est établir avec lui une stratégie sur le long terme sur ses envies, sur ce qu’il est crédible et possible de faire quand vous avez 18, 19, 20 et aujourd’hui 24 ans. C’est essayer d’avoir une vision transversale à 360 degrés de l’ensemble de ses obligations en dehors du terrain, pour ne pas commettre d’impair et pour avoir une image la plus jolie possible au fil des années.
« Romain Ntamack est LE sportif français le plus demandé par les marques. On ne le dit pas assez mais c’est la réalité »
SBB : Quel est son positionnement et qu’est-ce qui attirent les annonceurs ?
FH : Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui jouent en sa faveur. La première, c’est le talent parce qu’évidemment s’il n’était pas le joueur qu’il est, les annonceurs ne seraient pas là. Après, il bénéficie d’un certain nombre d’avantages supplémentaires ; déjà il est beau gosse, il est élégant, il présente bien, il est très intelligent, il parle bien, il est très photogénique… Il y a plein de choses qui font qu’aujourd’hui Romain Ntamack est plébiscité par les marques et, j’insiste là-dessus, il est LE sportif français le plus demandé par les marques. On ne le dit pas assez mais c’est la réalité. Nous qui faisons ce métier depuis 20 ans, je peux vous dire qu’on a jamais eu un tel engouement pour un joueur sous contrat. Et puis il y a son nom aussi, qui est quand même associé au rugby et à la légende du rugby qu’était son père. Il y a aussi cette notion de « saga Ntamack », de transmission familiale qui rend l’histoire encore plus belle.
Sport Buzz Business : Un mot sur la campagne L’Oréal…
FH : On ne communiquera pas sur la durée mais il y a un dispositif qui est important et dans le temps, ça, on peut le dire, ce n’est pas du tout un « one shot ». Il y a un dispositif publicitaire avec spot télé mais aussi de l’affichage, des PLV, des events et des relais sur les réseaux sociaux. C’est un dispositif qui est assez important… quand vous avez la chance d’avoir un contrat international chez L’Oréal… Je ne dirai pas que c’est forcément l’aboutissement mais quand même. Pour vous faire un parallèle, le sportif français chez L’Oréal, il y a 20 ans, c’était David Ginola, qui cochait toutes les cases dont je viens de vous parler. Pas loin de 20 ans après, Romain prend un peu le relais de ce qu’était David Ginola dans la publicité à sa grande époque du Paris Saint-Germain.
« L’ensemble de ses partenaires, sans exception, sont restés derrière lui »
SBB : Comment gère t’on les aléas du sponsoring sportif avec la blessure de Romain Ntamack, tant du côté agent que du côté marque ?
FH : La première des choses, c’est une énorme déception personnelle. En dehors de toute considération business, c’est une déception humaine. De son côté, il rate l’un des rendez-vous de sa vie, il y en aura d’autres mais celui-là, une Coupe du Monde en France, il n’y en aura pas d’autres. Nous, étant très proches, on le vit de la même manière que lui. C’est une énorme déception affective. Après il y a la dimension business qu’il a fallu gérer tout de suite. Il a fallu que lui se fasse opérer, se mette dans un plan d’action pour revenir le plus rapidement possible mais sans brûler les étapes. Nous, il a fallu qu’on gère l’ensemble des contrats où il y avait des obligations. On travaille au planning depuis un an pour que tout le monde soit satisfait de travailler avec lui tout en respectant ses obligations et ses contraintes sportives, club et Equipe de France. Tout avait été organisé et millimétré depuis un an. Il a fallu tout refaire pendant les vacances du mois d’août.
Le positif c’est que l’ensemble de ses partenaires, sans exception, sont restés derrière lui. Il n’y a pas eu de raté à ce niveau là, tout le monde l’a soutenu et a compris que ça allait changer ou décaler le planning dans le temps. Tout le monde a joué le jeu et c’est remarquable. Mais c’est aussi, et j’ai beaucoup insisté auprès de lui là-dessus, le fruit de ce qu’il a semé. Pour que les gens soient aussi respectueux quand il vous arrive quelque chose comme ça, c’est qu’à un moment vous leur avez donné. Vous leur avez donné satisfaction, et ce n’est même pas jouer le jeux, c’est que vous avez été très professionnel dans les différents engagements. Quand il vous arrive une tuile, les gens vous le rendent, c’est aussi simple que ça ! Il a ça en lui et je pense que ça vient de l’éducation de son père mais aussi et beaucoup de sa mère.
SBB : Certains comme le groupe Accor ont maintenu la diffusion de leur publicité avec lui et son père alors qu’il était déjà blessé…
FH : Oui, c’est une campagne qui a été tournée quand il n’était pas blessé évidemment. On avait fait ça au printemps je crois. Un très beau dispositif, une très belle pub qui pour le coup a vraiment tout mis sur les valeurs de transmission père-fils qui colle si bien au rugby. On joue souvent au rugby de manière familiale, de père en fils, donc j’ai envie de dire que la thématique était parfaite. Le groupe Accor, on ne le présente plus, partenaire de la Coupe du Monde en plus. C’était parfait. On a choisi avec le groupe de diffuser la pub quand même parce qu’il n’est pas mort non plus (rires), il est juste blessé. Il va y avoir 6, 7 mois difficiles mais le plus dur est passé avec l’opération. Aujourd’hui, il est en réhabilitation complète, il travaille tous les jours pour revenir, il n’a plus les béquilles. Tout est parfaitement programmé pour le faire revenir encore plus fort !
« Il y a de moins en moins de contrats pour des sportifs professionnels qui sont pourtant très talentueux mais qui n’occupent pas forcément les premiers rôles »
SBB : Quels sont les autres sportifs accompagnés par VIP Consulting en ce moment ?
FH : Nous avons fêté les 20 ans de l’agence la semaine dernière. On est présent dans tous les sports très médiatiques comme le rugby, on vient d’en parler, mais aussi le football, le tennis, la Formule 1, tous les sports olympiques,… Pour vous citez quelques noms, Lucas Hernandez (PSG), Corentin Tolisso (OL), Kevin Gameiro (RC Strasbourg). On travaille toujours avec Romain Grosjean, ancien pilote de F1, Marc-Antoine Olivier sur la natation en eau libre, j’espère futur médaillé olympique. On essaie de surfer sur les sports dans lesquels il y a des demandes, parce que, et c’est parfois injuste, tous les sports n’ont pas suffisamment de visibilité pour que les sportifs attirent les partenaires. Il y a des sports sur lesquels on ne peut pas faire grand-chose, hélas. Nous sommes aussi sur le sport féminin, avec des profils avec lesquels on a eu un feeling particulier, je pense à Gaëlle Hermet, la joueuse de rugby de l’Equipe de France et du Stade Toulousain, qui a demandé à ce qu’on s’occupe d’elle, bien sûr on a accepté.
On essaie d’avoir les meilleurs dans chacune des disciplines. Ce n’est pas simple parce que c’est très preneur de temps comme on dit et on a un modèle économique qui fait que notre rémunération est calculée sur ce qu’on apporte en contrat, il faut donc en apporter pour être rémunéré, c’est le jeu. Forcément, il faut avoir les meilleurs dans chaque discipline parce qu’aujourd’hui le marché est très clair : il y a des opportunités business, sponsoring qui sont très importantes pour les meilleurs mais avec le temps il y a de moins en moins de contrats pour des sportifs professionnels qui sont pourtant très talentueux mais qui n’occupent pas forcément les premiers rôles. Un écart s’est creusé. Aujourd’hui les marques veulent le « best du best », quitte à payer plus cher. Elles s’intéressent moins à des sportifs qui pourtant le méritent mais qui sont moins dans la lumière parce qu’ils n’ont pas toutes les qualités que j’ai évoquées au début de notre entretien.
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