Interview : Joël Bouzou, Président de Peace and Sport

Joël Bouzou, Président Peace and Sport

 

Cette année, Peace and Sport a célèbré ses 10 ans à l’occasion du Forum International organisé début décembre à Monaco en présence notamment du professeur Muhammad Yunus (Prix Nobel de la Paix) ou encore de Didier Drogba. 

Depuis 10 ans, le Forum International Peace and Sport s’est affirmé comme le rendez-vous mondial incontournable du mouvement de la paix par le sport. Il rassemble chaque année plus de 600 décideurs majeurs provenant de plus de 110 pays à travers le monde, parmi lesquels des Chefs d’Etat,  des représentants de la gouvernance mondiale du sport, des organisations internationales, des ONG, des sociétés privées mais également des athlètes de haut niveau et des Prix Nobel de la Paix.

Quelques jours après ce 10ème Forum, nous avons posé quelques questions à Joël Bouzou, Président de Peace and Sport.

SportBuzzBusiness.fr : Pouvez-vous présenter Peace and Sport à celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?
Joël Bouzou : Fondée en 2007, Peace and Sport est une organisation basée en Principauté de Monaco et placée sous le Haut Patronage de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco. Nous œuvrons à la construction d’une paix durable à travers le monde. Pour cela, Peace and Sport promeut la pratique du sport structuré et de ses valeurs comme instrument d’éducation des jeunes générations, et comme vecteur de stabilité sociale, de rapprochement et de dialogue entre les communautés.

En 10 ans, l’utilisation du sport comme outil pédagogique a incité les mouvements sportifs internationaux à se mobiliser concrètement. Parallèlement, nos réussites sur le terrain ont sensibilisé les décideurs politiques et les gouvernements à voir le sport comme un réel vecteur de paix.

Nous mettons en place des programmes terrain en France et à travers le monde dans lesquels nous impliquons les fédérations sportives internationales, les acteurs de terrain, les gouvernements et nos Champions de la Paix. L’objectif de nos programmes de terrain est de démontrer de manière concrète et tangible l’impact fédérateur, éducatif et social du sport.

« Peace and Sport réunit une quinzaine de personnes en permanence »

SBB : Quel est l’essence même du forum organisé depuis 10 ans ? 
JB : Parmi nos activités, le Forum International Peace and Sport a été notre constante. C’est un moment pour rassembler tous ceux qui nous ont aidés au fil des années, partager et apprendre, discuter et débattre. Cette année, notre thème était « L’innovation par le sport : un enjeu pour construire la paix ». Le Forum a vu Didier Drogba, Muhammad Yunus et Lilian Thuram discuter du rôle clé du sport dans le mouvement de paix mondial, et de la meilleure manière pour les athlètes, fédérations internationales, entités sportives et ONG de travailler ensemble, pour assurer une société sans conflit.

Khalida Popal, ancienne capitaine de l’équipe féminine afghane de football, a été la grande gagnante des Peace and Sport Awards lors d’une cérémonie qui s’est tenue jeudi soir, remportant le prix de Championne de l’année 2017. D’autres organisations ont été récompensées, la Fondation F.C. Barcelone, la Fédération Mondiale de Badminton et l’UNFP. Par ailleurs, Peace and Sport a annoncé deux partenariats historiques, avec le Yunus Centre (voir plus bas) et le Comité National Olympique Jordanien.

SBB : Un mot également sur l’aspect organisationnel, combien de personnes travaillent pour Peace and Sport et le forum ?
JB :
Peace and Sport réunit une quinzaine de personnes en permanence. Pendant le Forum, ce sont près 80 personnes impliquées, c’est une grosse opération.

SBB : Comment financez-vous vos actions ? Avez-vous des partenaires privés qui vous accompagnent ?
JB :
Le Gouvernement Monégasque nous soutient, ce qui nous permet de protéger notre administration en réduisant les aléas dûs aux partenariats privés. Le Prince est le patron de Peace and sport, il se reconnait complètement dans la cause défendu. En parallèle, nous avons des partenaires privés dont certains souhaitent rester discrets.

SBB : Est-ce difficile pour Peace and Sport d’impliquer des partenaires privés ? Pourtant on a l’impression que les entreprises sont de plus en plus en recherche d’éthique.
JB : On assiste effectivement à un virage dans le monde du business, on est moins dans le business dur et plus sur la dimension éthique du business. Ce que j’espère, c’est arriver à trouver des entreprises de taille mondiale qui veulent, à travers Peace and Sport, faire une contribution majeure à la paix. Nous n’en sommes pas loin ! De grandes entreprises peuvent être également intéressées par Monaco. Nous voulons augmenter la capacité à agir sur le terrain, arriver à des programmes globaux et plus uniquement pilotes.

SBB : Pouvez-vous nous détailler le partenariat signé avec le Yunus Centre et la création d’un fonds « social business » ?
JB : Nous avons inauguré ce forum historique en lançant un partenariat avec le Yunus Centre et le Grameen Creative Lab pour mettre en place le premier Fonds « Social Business » à Monaco. Le Yunus Center, fondé par le professeur Yunus, repose sur les principes du « social business » et du microcrédit pour encourager les gens à contribuer à un fonds qui sert ensuite à offrir des prêts aux petites entreprises et à ceux qui sont trop pauvres pour un prêt bancaire standard. Avec le Social Business, les dividendes ne sont pas distribués mais reversés pour aider à régler les problèmes des communautés.

Peace and Sport et le Yunus Centre chercheront à atteindre les personnes les plus vulnérables du monde en stimulant à la fois l’activité entrepreneuriale et la pratique du sport comme outil de paix. Le fonds « Social Business » rassemblera les investissements de personnes désireuses de contribuer au mouvement de la paix par le sport et le réinvestira dans des entreprises sociales.

« Peace and Sport devient un centre de ressources qui valide les meilleures pratiques et les met à disposition, sans aucune prétention »

SBB : Un mot également sur l’organisation de la « table ronde diplomatique » réunissant des ministres de 15 pays. Que recherchent les participants et quels ont été les principaux enseignements ?
JB : Le Forum international Peace and Sport 2017 s’est achevé par une réunion historique de ministres des sports, après trois jours de réflexion, de partage de connaissances et de discussions constructives.

Il y a au départ une croyance des participants dans la cause de la paix par le sport. On peut créer de la stabilité et de la paix au sens large, aujourd’hui c’est ancrée dans les esprtis. Les Ministres présents ont pu écouter le retour d’expérience de certains sur des concepts qui fonctionnent. De nombreux pays étaient représentés comme l’Algérie, Chypre, l’Ukraine, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, la Tunisie, le Yemen, l’Ouganda… Ils recherchent le partage de connaissances. Gert Oosthuizen, vice-ministre sud-africain des sports et des loisirs, a ainsi partagé son expérience de l’ouverture de gymnases en plein air pour créer des lieux de vie pour les jeunes.

Très souvent lorsqu’on réunit des ministres, on assiste à une juxtaposition de monologues, c’est diplomatique, feutré et pas très opérationnel. Là, nous étions dans l’échange. Certaines actions méritent d’être conceptualisées pour une diffusion au plus grand nombre. Peace and Sport devient un centre de ressources qui valide les meilleures pratiques et les met à disposition, sans aucune prétention. Nous avons une neutralité crédible que nous affichons pour parler sans affect et changer la réalité sur le terrain. Peace and Sport peut aider les nations dans leurs projets de paix par le sport, en appelant à la neutralité pour proposer des solutions diplomatiques.

« Le sport est un moyen, la paix est le but. »

SBB : Quelles sont les prochaines échéances de Peace and Sport ?
JB : Le prochain grand rendez-vous du mouvement de la paix par le sport sera le 6 avril 2018. Peace and Sport célèbre la Journée Internationale du Sport au service du Développement et de la Paix à travers une campagne de mobilisation de sensibilisation du public.

Nous aurons également le début de l’opération croisée avec Yunus Center et la montée en puissance des partenariats avec les grandes stars du sport mondial. Nous allons notamment travailler sur la mobilisation des réseaux sociaux des champions autour de la paix par le sport.

SBB : Allez-vous lancer par exemple des campagnes de financement participatif auprès des particuliers ?
JB : Oui, sous forme de membership. Nous souhaitons développer du financement de programmes auprès des fans des champions. On peut imaginer mettre en ligne des appels à financement de projets pendant une durée limitée, mettre ensuite en place le programme et le faire vivre au quotidien aux membres pour qu’ils soient complètement impliqués et s’approprient les projets. Le sport est un moyen, la paix est le but.

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