Au mois de février prochain, le Paris Basketball va prendre possession de l’adidas arena, la nouvelle salle indoor située porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement.
Construite notamment pour les Jeux olympiques et Paralympiques de Paris 2024, la salle va devenir celle du club né en 2018 sur les bases du Paris Basket Avenir (ex-N 2) et présidé par David Khan. Une salle qui a signé un contrat de Naming avec adidas à 2,8 millions d’euros par an selon Le Monde.
Une nouvelle ère pour le Paris Basketball avec une capacité accrue d’accueil des publics dans une salle dont la construction a été financée à 50% par la Ville de Paris et à 50% par la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) pour un coût de 98 millions d’euros HT. Une adidas arena qui est exploitée par la société Paris Entertainment Company.
Pour en savoir plus sur la future utilisation de l’adidas arena par le club parisien (Betclic Elite), nous avons posé quelques questions à Mathias Priez, Directeur Général Délégué du Paris Basketball.
Sport Buzz Business : Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques mois de votre entrée dans l’adidas arena ?
Mathias Priez : Ca fait cinq ans qu’on travaille avec un horizon, l’ouverture de cette nouvelle enceinte sportive qu’est l’adidas arena. Tout le travail pour agréger une communauté, créer une identité et développer une marque se concrétise. Nous allons enfin avoir un outil à la hauteur de nos ambitions sur l’événementiel. Nous avons encore quelques mois de travail mais ça arrive vite.
SBB : Quelle sera la date de votre premier match à l’adidas arena ?
MP : Ce sera le 11 février 2024 contre Saint-Quentin.
« Nous aurons notamment un courtside club qui sera un espace privatif avec une vue directe sur le couloir des joueurs »
SBB : Quel est le lien entre l’adidas arena et le Paris Basketball ? Le club est-il actionnaire, locataire ?
MP : Nous serons le club résident exclusif de l’adidas arena qui accueillera d’autres événements, notamment des concerts. Il y aura aussi d’autres événements sportifs occasionnels, mais nous serons le seul club résident à pouvoir faire l’intégralité de nos matchs ici. Ca a été voté au Conseil de Paris et il y aura un contrat entre le Paris Basketball et la société exploitante de l’Arena au quotidien.
SBB : Combien d’évènements Paris Basketball auront lieu à l’adidas arena ?
MP : On parle d’une trentaine d’événements dans l’année, ça dépendra évidemment des résultats sportifs…
SBB : Quelle est la capacité d’accueil de la salle, que ce soit pour le grand public mais également pour les VIP ? Allez-vous reverser un pourcentage de la billetterie à la société exploitante ?
MP : Le contrat est en cours de finalisation et de négociation. L’adidas arena a une capacité d’environ 8 000 places. Nous allons commercialiser par le biais de l’arena l’intégralité de la billetterie Grand Public ainsi qu’un un certain nombre d’espaces d’hospitalités. Nous aurons notamment un courtside club qui sera un espace privatif avec une vue directe sur le couloir des joueurs. Ce sera un espace uniquement pour le Paris Basketball. Nous aurons trois salons VIP avec une vue directe sur le parquet. C’est un travail qui a été fait avec les équipes de Bouygues puis de la Paris Entertainment Company, pour définir ensemble les besoins, travailler sur une identité commune, que ce soit pour du sport ou pour les concerts.
SBB : Combien de places d’hospitalités seront proposées pour les matchs du Paris Basketball ?
MP : Nous aurons près de 600 places VIP. En plus de ces places très bien placées avec accès aux salons, nous aurons des courtside (bord terrain) comme on en propose déjà sur l’ensemble de nos matchs.
SBB : Concernant l’espace privatif avec vue sur le couloir, quel sera le prix de la prestation ?
MP : Le courtside club sera réservé aux acheteurs de billets courtside qui seront très probablement nos plus gros partenaires et les abonnés VIP à l’année. C’est un espace privatif qui est un salon avec une baie vitrée qui donne directement accès aux couloirs des joueurs. C’est un espace ouvert en avant- match. A titre indicatif, le billet individuel sera autour de 350 € HT sur cette gamme.
SBB : C’est le produit le plus exclusif ?
MP : C’est le produit premium effectivement.
SBB : Le grand public peut espérer acheter une place courtside ?
MP : On aura une priorité sur les prestations VIP pour nos abonnés et partenaires mais il y aura aussi des billets individuels.
SBB : Avec cette adidas arena, combien allez-vous générer en plus par rapport aux années précédentes ?
MP : Ca n’a rien à voir. C’est un outil qui va nous permettre de toucher des revenus additionnels en billetterie, en hospitalité par rapport à la Halle Carpentier. Aujourd’hui, nous avons des objectifs assez élevés. On a un budget cette année de 9,5 millions d’euros et on va dépasser les 10 millions d’euros contre un peu plus de 7M€ l’année dernière. Il faut qu’on équilibre ce budget, le plan depuis le début du Paris Basketball c’est de pouvoir être profitable.
SBB : Avez-vous la possibilité de vendre des prestations hors jour de match à vos partenaires comme des bureaux, des séminaires… ?
MP : Pour le moment, c’est n’est pas dans le cadre. On veut pour le moment maximiser les jours de match et exploiter le potentiel de l’Arena le plus possible.
« On a probablement le staff hors joueurs le plus étoffé de l’ensemble des clubs de basket en France »
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SBB : Au sein du club, combien êtes-vous au niveau administratif, commercial, marketing ? Quels nouveaux métiers sont créés avec cette adidas arena ? Combien de personnes allez-vous recrutez ?
MP : On a beaucoup recruté cet été, je pense que ça s’est vu. Aujourd’hui, on a probablement le staff hors joueurs le plus étoffé de l’ensemble des clubs de basket en France au marketing, communication, commercial, administratif,… nous sommes plus d’une vingtaine en comptant des personnes en alternance à l’année. Ca fait quand même beaucoup de personnes. Les défis sont très nombreux. Nous avons des ambitions au niveau économique et nous avons donc recruté des commerciaux. Il y a aussi une volonté du club de créer une marque et de ne pas être dépendant simplement des événements basketball. On a une personne dédiée au merchandising, on investit aussi sur d’autres éléments un peu plus stratégiques. Ça fait partie aussi de ce qui nous différencie d’autres modèles de club. On va continuer à se renforcer dans les mois à venir avec peut- être un top management au niveau revenus. Mais aujourd’hui, on a quand même plutôt déjà bien renforcé le club. De plus, on va travailler avec les équipes qui travaillent aussi pour l’Accor Arena, comme les régisseurs.
SBB : Est-ce qu’il y a un métier spécifique à cette future Arena qu’on peut décrire ?
MP : On a recruté un responsable événements et production qui va avoir la charge de s’occuper de l’ensemble des éléments dans l’Aréna. Alex Requena, a rejoint le club il y a un an en tant que Vice-Président stratégie et il s’occupe aujourd’hui de l’ensemble des événements autour de l’arena, comme la boutique permanente. Nous allons avoir besoin, probablement, d’un prestataire pour opérer cette boutique de manière professionnelle comme peu de clubs ont. Pas forcément adidas, plutôt d’une manière opérationnelle.
SBB : Un mot sur les agences qui vous accompagnent ?
MP : Seven travaille avec nous depuis le début et a contribué à des contrats avec adidas ou encore Snipes. L’agence Infront nous a également rejoint et est également agence de l’arena. Quand on veut être visible dans l’Aréna, on peut être visible auprès de son club résident et vice-versa, on va maximiser la valeur des éléments avec une seule offre. Infront est notre agence aujourd’hui au quotidien. On veut continuer à se développer à travers des relations qui ne sont pas des relations exclusives sans avoir 30 Agences. On en cherche aussi sur le domaine des hospitalités VIP, qui est un métier à part, important et crucial pour nous. Comme je le disais, il y aura près de 600 places.
« Paris et basketball, c’est deux mots qui, ensemble, créent une marque, notamment pour se développer à l’international »
SBB : Vous parliez de développer d’autres projets pour ne pas être dépendant que du basket, ça veut dire quoi ?
MP : Ça veut dire être une marque et proposer une expérience qui ne se limite pas simplement à l’équipe professionnelle. En l’occurrence, depuis le début, on a créé des événements dans Paris à l’extérieur de la halle Carpentier. On va continuer sur le domaine évènementiel. Le merchandising est très important pour nous également. Paris et basketball, c’est deux mots qui, ensemble, créent une marque, notamment pour se développer à l’international. Et puis il y a l’aspect nouvelle technologie. La NBA est la ligue la plus innovante au monde. Nous, on essaie d’être le club le plus innovant de France. On a lancé une collection NFT il y a quelques semaines et on continue d’être à l’écoute des attentes du public, notamment le public expérientiel.
SBB : Si on s’attarde un peu sur le merchandising, ça représente quoi le volume de vente de maillots du Paris Basketball ?
MP : Aujourd’hui, on reste limité, on était autour de 90 000€ il y a deux saisons. On était le deuxième club de la Ligue après LDLC ASVEL. Sur la saison dernière, nous n’avons pas encore les chiffres mais on sera probablement troisième puisque, en toute logique, les maillots de Victor Wembanyama ont pris le dessus. Ce qui est important pour nous, ce n’est pas tellement le financier puisque les marges sont faibles, c’est plus en terme de renommée, de rayonnement de la marque, ça, c’est capital. On croise de plus en plus de gens à Paris qui portent du Paris Basketball dans la rue.
« Nous avons une relation très forte avec adidas et même unique qui se poursuit par le premier Naming au monde d’adidas avec cette arena »
SBB : Justement, être équipé par adidas, le numéro 2 des marques sportives ça apporte forcément quelque chose ?
MP : Oui. Nous avons une relation très forte avec adidas et même unique qui se poursuit par le premier Naming au monde d’adidas avec cette arena. Ce n’est pas un hasard. Ils ont fait venir pour le lancement du partenariat avec le club James Harden et Donovan Mitchell à la Halle Carpentier. On va continuer de faire beaucoup avec eux, ils nous permettent aussi d’étendre la relation partenariale à des domaines qui n’étaient pas envisagés jusqu’à maintenant. Typiquement, ce sont eux qui, chaque année, financent l’activation du clip de début de saison.
SBB : C’est quoi votre journée type ? Depuis combien de temps avez-vous rejoint le club ?
MP : Je ne vais pas tomber dans le cliché en disant qu’il n’y a pas de journée type… c’est très intense et nous sommes dépendants des événements. Aujourd’hui, je suis Directeur Général Délégué après être rentré au club sur des missions administratives et financières. Je supervise directement l’aspect administratif et financier, le fonctionnement du club. Je fais le lien entre le président et les équipes opérationnelles sur les aspects événementiels, la billetterie, l’institutionnel qui est important à Paris… Ces équipes évoluent quant à elle avec une forte autonomie, et avec des responsables expérimentés par département. Collectivement, le Paris Basketball est une jeune entreprise qui fonctionne très bien.
Mon quotidien est donc beaucoup un suivi, à chaque instant, entre tous les projets du staff et le président, David Kahn, qui est très impliqué. Au quotidien, c’est aussi les contrats avec les joueurs, les enregistrements… c’est moi qui rédige les contrats mais je ne les négocie pas sauf à la fin sur des aspects très opérationnels. Mais ce n’est pas moi qui recrute heureusement.
SBB : Il y aura-t-il toujours des matchs délocalisés comme vous l’avez fait à Roland-Garros et l’Accor Arena ?
MP : On va continuer. Évidemment, ce n’est pas exactement pareil car notre future nouvelle salle, on n’a pas du tout envie de la quitter. L’idée est de faire des événements dans Paris, comme des tournois. Pour les délocalisations, ça arrivera peut- être si un jour, nous sommes au plus haut niveau européen et que nous avons besoin de passer la barre des 8 000 spectateurs. Cette saison, on a déjà encore deux matchs de Betclic Elite à l’Accor Arena, contre Strasbourg le 23 décembre et en janvier contre Monaco juste après la NBA.
SBB : Après le match NBA, vous visez les frustrés qui n’auront pas eu de places, c’est ça ?
MP : On vise à la fois ceux qui n’ont pas eu de places et ceux qui ne pouvaient pas financièrement. C’est l’occasion de prolonger l’évènement pour en faire un grand week-end Basket, et tirer le lien avec la NBA. L’an dernier, la mascotte des Pistons est restée pour notre match et a pris part aux animations.
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« Le public est dans l’attente d’une salle qui réponde aux ambitions »
SBB : Prévoyez-vous la création d’une équipe féminine ?
MP : C’est effectivement un souhait de David Kahn et d’Eric Schwartz. Le Paris Basketball est un club né en 2018 de la réunion de trois associations sportives qui avaient des équipes féminines. Le but, c’est de créer effectivement une équipe féminine professionnelle mais c’est quelque chose qui va prendre du temps. Il faut créer un modèle économique mais la volonté est aussi d’avoir une équipe féminine qui puisse inspirer les jeunes filles parisiennes sans forcément que ce soit une équipe qui joue l’Euroleague.
SBB : Que peut-on dire sur l’Euroleague et l’équipe masculine ?
MP : On ne maîtrise pas du tout, ce sont des discussions vraiment politiques. Nous, on joue l’EuroCup, on est très contents de jouer cette compétition et si on la gagne, on sera amené à jouer l’Euroleague l’an prochain. C’est la seule chose qu’on maîtrise. On se concentre pour bien figurer en Eurocup, je pense qu’on va aller un petit peu plus loin cette saison.
SBB : Un mot de conclusion à 100 jours du premier match à l’adidas Arena ?
MP : Nous sommes plutôt contents du chemin parcouru après 5 saisons, avec un an et demi de COVID au milieu, avec un contexte qui n’était pas toujours facile… On y croit vraiment parce que le public est dans l’attente d’une salle qui réponde aux ambitions, d’avoir une salle pas trop grande et compacte. On a hâte de pouvoir accueillir notre public dans cette salle qui est vraiment construite pour du basketball.
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