Interview : Philippe Ausseur, Président de la LNB « L’objectif n’est pas de bâtir une économie autour des droits TV »

Philippe Ausseur, président de la LNB (Credit : Sport Buzz Business)

 

Lors du « Media Day », conférence de presse de rentrée de la Ligue Nationale de Basket organisée ce mercredi, son président Philippe Ausseur est revenu sur l’actualité économique de la ligue et son nouveau dispositif de diffusion. 

La saison 2023/24 est charnière pour la LNB. Non seulement parce qu’elle doit réussir à garder l’intérêt grandissant des fans obtenus la saison passée et ce, malgré le départ de Wembanyama en NBA, mais également parce qu’elle entre dans un nouveau cycle « droits TV » jusqu’en 2030.

À partir du samedi 16 septembre, date de reprise du championnat, Skweek et la chaîne L’équipe se partageront la diffusion de la Betclic Elite. Philippe Ausseur, conscient de l’importance de cette saison, la première pour lui en tant que président, n’en reste pas moins confiant au moment d’évoquer l’activité commerciale de la ligue aux journalistes.

Cette année, quel est le budget total de la Ligue Nationale de Basket ?

Philippe Ausseur : J’espère ne pas vous dire de bêtises mais on essaye de remonter au-dessus des 8 millions d’euros pour la LNB. Ce qu’on vise à terme, c’est de passer la barre des 10 millions le plus rapidement possible. Donc d’ici 2 ans, il faut qu’on ait passé les 10 millions.

« Il faut être pragmatique sur ce qu’est la basket aujourd’hui en France ! »

SBB : Un mot sur la diffusion du championnat pour cette nouvelle saison… 

P.A. : D’abord, il faut rendre grâce aux équipes précédentes et Fabrice (Jouhaud – directeur général) a d’ailleurs vraiment fait le lien entre l’équipe précédente et la nouvelle. On a eu beaucoup de discussions. Nous souhaitions vraiment avoir, non pas simplement une exposition à l’instant T, mais un partenariat médiatique et donc un partenariat qui s’inscrive dans la durée. Ce n’est que de cette manière qu’on peut vraiment inscrire des choses, des investissements et essayer de réfléchir à faire mieux. Si on est toujours dans la contrainte de se dire que dans un an, dans deux ans on doit changer et retrouver des partenaires,…

 

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Maintenant, il faut être pragmatique sur ce qu’est la basket aujourd’hui en France. Je ne suis pas sûr que ce soit le sport qui obtiendrait sur une grande chaîne payante, le plus de partenariats. La place était occupée. Donc le choix a été de se dire « on a besoin d’une exposition télévisuelle si possible grand public pour conquérir d’autres publics, mais on a besoin également de servir nos passionnés, les fans ». Skweek nous amène, dans une très bonne qualité, la réponse à ce qu’est aujourd’hui la communauté des fans, qui est peut-être assez plurielle, et puis on voulait servir le grand public et ça, c’est L’Équipe. Donc, on a ce mix qui est assez extraordinaire. On a la chance de le faire avec des moyens qui sont assez extraordinaires. On a une qualité de captation qui est excellente.

C’est un moment charnière qu’on aborde avec confiance, avec pragmatisme et il faut qu’on soit au rendez-vous. Je pense, objectivement, qu’on ne pouvait pas mieux rêver sur l’exposition. La case du dimanche 19h (diffusé en clair sur L’Équipe) en termes d’exposition au grand public est vraiment hallucinante. C’est celle-là aussi, qui va nous permettre de faire durer le rayonnement et d’aller plus loin.

« On veut que les revenus de la Ligue Nationale de Basket soient le miroir de ce qu’on demande à nos clubs ! »

SBB : Ces contrats de droits tv rapportent combien à la LNB ? 

P.A. : Ils sont progressifs. Cette première année, on va démarrer aux alentours de 1,3 million d’euros, puis très rapidement l’année suivante on passera le cap des 2M€ et l’objectif est de monter à 3 millions d’euros, mais pour ça, il faut qu’on soit au rendez-vous ! C’est intéressant parce qu’on s’est beaucoup focalisé, comme d’autres sports, sur le montant des droits TV. Je pense que dans ce qu’est le basket, dans ce qu’on veut faire dans notre projet, c’est important que l’exposition du basket soit justement rétribuée mais on ne veut pas bâtir une économie du basket pro là-dessus.

D’abord, comme le dit un vieil adage boursier, les arbres ne montant pas jusqu’au ciel, à un moment donné, je suis persuadé que les droits TV ont leur apogée. Donc, c’est indispensable que sur cette base-là, nous, ligue, et les clubs, trouvions d’autres revenus. C’était important mais ça ne doit pas être la pierre angulaire du projet de développement de la ligue.

« On veut développer une notion de « partenaire premium »

Donc aujourd’hui, les doits TV ne sont pas vos sources de revenus principales ? 

P.A. : Non ! On a d’autres sources de revenus. On a des partenaires. Encore une fois, on veut que ce soit une source importante, elle peut être principale à un moment donné, mais ce qu’on veut c’est que ce soit beaucoup plus équilibré. Finalement, on veut que les revenus de la Ligue Nationale de Basket soient le miroir de ce qu’on demande à nos clubs. L’économie des clubs de basket est assez équilibrée. Il y a une part qui reste sur les recettes matchs, il y a tout ce qui va être « hors matchs », le VIP etc. Il faut que la ligue de basket adopte ça.

Nous avons une chance. la ligue de basket, jusque-là elle n’avait plus de droits TV. Quelque part, elle payait pour être produite. On retrouve des droits donc, et je suis persuadé d’ailleurs qu’ils pourront être encore plus importants si jamais on est vraiment au rendez-vous. Mais je ne veux qu’on se focalise là-dessus. Encore une fois, c’est un élément qui va nous permettre d’aller chercher autre chose. On l’a dit à nos partenaires, on veut développer une notion de « partenaire premium ». À nous aussi de mettre en avant ce côté premium pour équilibrer nos comptes.

Est-ce que cela implique la création d’une société commerciale pour la LNB ? 

P.A. : On sera hybride. On a déjà des agences qui travaillent avec nous et on continuera de travailler avec elles. On a aussi la volonté que la ligue elle-même se prenne en main et développe ses partenariats. Concernant la société commerciale, cela mériterait beaucoup de développement. Ne confondons pas tout, la société commerciale aurait pu s’entendre dans un cadre avec des droits TV etc. On n’y est pas allé parce que je pense que le modèle du basket, aujourd’hui, n’est pas prêt. On pourrait retrouver sous d’autres angles, cette notion de société commerciale gérée par la ligue pour développer un certain nombre de choses.

Des nouveaux sponsors pour cette nouvelle saison ?

P.A. : On recherche de nouveaux partenaires. C’est trop tôt pour faire des annonces mais il y en aura et on les annoncera au cours de la saison. Aujourd’hui, nos principaux partenaires sont Betclic, Gedibois, Rent A Car et on essaye d’annoncer très prochainement un nouveau partenaire dit « premium ».

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