Depuis novembre dernier, l’Olympique de Marseille développe sa propre série de freestyles rap sur sa chaîne Youtube : les « OM Sessions ». Une première pour un club de football. Et qui d’autre que l’OM pouvait si facilement se lancer dans la musique ? Comme une évidence pour cette terre de rap.
Alors, qu’est-ce qui a poussé l’Olympique de Marseille à se jeter dans l’océan du rap ? Paul Basse, Head of Editorial et Jérémy Nguyen, Head of Production du club nous explique.
« OM Sessions ».Le concept est simple. Un rappeur originaire de Marseille est invité à lâcher un freestyle inédit avec une seule contrainte : incorporer dans son texte cinq mots imposés appartenant au champ lexical de l’OM et du football. Par exemple, le rappeur Am La Scampia, qui a ouvert le bal fin novembre avec son freestyle intitulé « Maradona », devait placer les mots suivants : OM, grinta, tribune, victoire, Marseille.
Ce pilote, réalisé par Beat Bounce, est tourné à La Commanderie, centre d’entraînement du club phocéen. Ciel bleu, soleil au zénith, micro posé sur la pelouse et pluie de punchlines, le cocktail est détonant. Et ça marche puisque le concept a rapidement trouvé son public.
En décembre, le rappeur Kemmler était à l’affiche du premier numéro officiel de ces « OM Sessions » avec un freestyle à la gloire du gardien marseillais Steve Mandanda, réalisé dans les travées du Vélodrome.
En cette fin de mois de janvier, l’épisode 2 « A la Boli » vient d’être dévoilé. Des joueurs phares de l’équipe actuelle comme Payet, Pipa Benedetto, Sanson ou encore Sakai sont mis à l’honneur. Mais on en oublie pas pour autant les anciens avec un gros clin d’œil adressé à la légende marseillaise Basile Boli.
« Marseille c’est l’art de rue, l’OM c’est Marseille »
SportBuzzBusiness.fr : Quel est l’intérêt pour un club de football de se lancer dans ce genre de projet ?
Jérémy Nguyen : L’OM est aujourd’hui, au-delà d’être une institution et un club de football légendaire, un média à part entière, suivi par près de 13 millions de fans toutes plateformes confondues. Le rap est aujourd’hui la musique numéro une, bien évidemment aussi à Marseille, qui est également LA ville de foot en France. Il y a une porosité entre les univers du rap et du football, avec des rappeurs fans de l’OM et des joueurs qui écoutent du rap. Nous sommes le lien entre les deux, à travers ce contenu mensuel. On voulait aussi rendre à la ville en faisant la promotion de jeunes artistes locaux
SBB : Comment définissez-vous ce lien fort entre le football et le rap ? Et entre Marseille et le rap ?
JN : Un de nos followers sur Twitter, Arrowgance a dit « Marseille c’est l’art de rue, l’OM c’est Marseille ». Je trouve ça assez juste. Marseille est une ville populaire. Le rap et le football sont populaires. Si Marseille doit être une capitale sur deux domaines, c’est bien ceux-là. En effet, Il y a une culture foot à Marseille depuis 120 ans, il y a aussi une culture rap depuis l’éclosion du Hip Hop en France depuis presque 40 ans… Citons IAM, la FF, 3ème œil, Carpe Diem, les Psy4 (Soprano, Alonzo, Vincenzo, Sya Styles), Keny Arkana, Faf Larage et bien d’autres. Une large génération a grandi dans ce bain si je puis dire. Pareil pour la nouvelle génération. Cela fait quelques années qu’un renouveau a lieu dans la ville avec l’émergence d’artistes tels que JuL, SCH, LaCrim, Deen Burbigo, AM La Scampia, Kemmler, 100Blaze… C’est d’ailleurs avec une grande légitimité que R.E.D.K (Carpe Diem) présente le programme sur nos plateformes – invitant un-à-un les rappeurs fans de l’OM à présenter leur son dédié dans un style qui leur est propre
« Les retours ont été très bons »
SBB : Quels ont été les premiers retours après la diffusion du premier épisode ?
JN : Les retours ont été très bons, nous avons volontairement laissé le présentateur, l’artiste et ses fans relayer le programme. C’est donc encourageant quand on connaît l’influence de nos followers, ils peuvent se montrer critique parfois, donc lorsqu’ils prennent position dans le bon sens, cela nous encourage à poursuivre. Les fans nous soumettent des noms d’artistes à faire venir que nous listons en même temps – c’est en quelque sorte une collaboration avec eux aussi.
SBB : Avez-vous reçu de nombreuses sollicitations de la part des rappeurs ?
JN : Nous sommes déjà en contact avancé pour les prochains. Nous recevons aussi des sons de manière spontanée, de producteurs, managers ou jeunes artistes eux-mêmes qui ont envie de participer à cet élan, simplement par fierté de faire quelque chose avec leur club. Le programme pour tenir jusqu’à l’intersaison avec notre rythme mensuel est assuré ! Si bien qu’on va peut-être envisager des hors-séries pour ne pas devoir freiner la machine…
SBB : Des joueurs du groupe professionnel de l’OM pourraient-ils être associés à ce projet ?
JN : Nous n’en sommes qu’à la phase d’observation après le lancement du pilote. On ne souhaite pas perturber la saison de nos joueurs. Nous tenterons si cela paraît naturel et opportun des connections plus concrètes avec le sportif selon le contexte. Quelques surprises sont simplement couchées sur le papier pour le moment, mais que nous pourrions voir demain ; mais comme certaines légendes ont pu le dire, « Demain c’est loin ».
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