Interview – Yoann Choin-Joubert, Président des Neptunes de Nantes (Le club de handball va se passer de sponsors sur son maillot)

Yoann Choin-Joubert (DR)

 

La semaine dernière, le club de handball féminin du Nantes Atlantique Handball a officialisé son changement de nom en « Neptunes de Nantes ».

A travers ce changement d’identité de marque, le club dirigé par Yoann Choin-Joubert (par ailleurs PDG du Groupe Réalités, actionnaire principal du club) souhaite ancrer le club dans une nouvelle dynamique culturelle et économique en proposant notamment un maillot de son équipe vierge de sponsors redonnant ainsi de la valeur à la marque club.

Une décision très intéressante qui vous rappellera certainement la campagne publicitaire « Save Our Shirt » du bookmaker anglais Paddy Power qui en 2019, a signé des contrats de sponsoring maillot avec quelques clubs de football sans s’afficher dessus.

 

Pour en savoir plus sur cette initiative du club féminin, nous avons posé quelques questions à Yoann Choin-Joubert.

Sport Buzz Business : Vous avez annoncé votre volonté d’avoir dorénavant un maillot vierge de sponsors. Dans quels délais pensez-vous pouvoir mettre en place cette initiative ?

Yoann Choin-Joubert : Le maillot sera sans sponsor à compter de la saison 2021 -2022. Cette démarche inclut également le short.

SBB : Combien de sponsors avez-vous aujourd’hui sur la tenue et quelle est la valorisation totale que vous faites de leur investissement ?

YCJ : Il y a avait 6 logos des partenaires privés ou institutionnels la saison passée sur le maillot, dont Réalités et 2 partenaires privés sur le short. L’investissement de ces partenaires est important car ce sont nos partenaires majeurs qui sont sur le maillot. Mais la plupart des entreprises ont compris la démarche car elles soutiennent le projet du club et la nouvelle stratégie qui est mise en place.

crédit : Neptunes Nantes

SBB : Concrètement, que souhaitez-vous proposer en « remplacement » à vos partenaires ? 

YCJ : L’important, c’est de bien comprendre la stratégie de l’entreprise quand elle souhaite avoir son logo sur le maillot. Ensuite nous lui proposons des solutions alternatives pour qu’elle puisse atteindre ses objectifs. Nous avons plusieurs offres, mais c’est surtout du cas par cas pour chaque entreprise. Nous renforçons également le côté expérience, le côté spectacle les soirs de match. On doit pouvoir vivre des émotions quand on vient à un match des Neptunes.

SBB : Pensez-vous qu’il faudra faire preuve de pédagogie quand beaucoup de sociétés ne pensent qu’à la visibilité ? 

YCJ : Dès qu’il y a des changements majeurs il faut faire preuve de pédagogie. Il faut expliquer la démarche, le projet, les objectifs. Nous allons justement mettre l’accent sur les activations des partenariats. C’est au club d’être force de proposition auprès de ses clients pour activer leur partenariat en fonction de leurs objectifs et cibles. Nous devons les accompagner dans cette démarche.

« C’est au club d’être force de proposition auprès de ses clients pour activer leur partenariat en fonction de leurs objectifs et cibles »

Les entreprises qui nous soutiennent et celles qui vont nous rejoindre doivent comprendre que nous allons devenir un club engagé, utile à son territoire et conscient des enjeux sociaux, sociétaux, environnementaux. Notre rôle n’est pas uniquement d’être organisateur de spectacle sportif ou formateur de joueuses de handball professionnel, il doit aller au-delà. Nous devons renforcer notre utilité sociale car un club de sport est vecteur de lien social et de mixité. Nous devons également accompagner les entreprises dans leur démarche RSE, sport santé, sport en entreprise. C’est aussi ça le rôle d’un club professionnel.

SBB : Cette démarche d’un maillot vierge de sponsors peut-elle vous permettre de mieux négocier un contrat équipementier qui serait le seul visible ?

YCJ : En effet, notre équipementier (Craft) dispose d’une place prépondérante car il est seul visible sur notre maillot, nous espérons donc revoir les termes de notre contrat. Nous sommes encore engagés pour deux saisons avec notre équipementier, il sera alors temps de faire le bilan des deux premières saisons sans sponsor sur le maillot.

SBB : Vous avez évoqué la volonté de monter le budget à 3 millions d’euros dans le futur, quelle serait la répartition de vos revenus à terme entre le sponsoring, le ticketing, … ?

YCJ : Cela dépend de beaucoup de paramètres. Mais dans un équipement tel que Mangin-Beaulieu, il sera difficile d’avoir des recettes de nos clients entreprises qui dépassent 20 à 25% du budget car l’environnement n’est pas adapté au développement du business BtoB. C’est à peu près la même réflexion pour nos recettes clients particuliers. Il nous faut être malins car nous avons, pour le moment, un seul point de vente boissons/restauration, et un tout petit corner boutique. Il y a déjà beaucoup de travail à faire pour que nous utilisions cette salle à 100% de ses capacités, mais nous ne pourrons pas aller au-delà de 15% du budget.

 

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