Le groupe français Doudou et Compagnie, qui produit des mascottes « Made In France » pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, veut relancer une production 100% française de peluches.
La Bretagne, ça vous gagne ! En tout cas cette région a gagné Alain Joly, co-fondateur et président de Doudou et Compagnie. Lorsqu’en 2019, il décide de racheter une jardinerie à l’abandon à La Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine, près de Rennes) pour en faire une usine de fabrication de doudous français, il n’imagine pas que 4 ans plus tard, il va produire une partie des Mascottes Officielles des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 dévoilées en novembre dernier.
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Et pourtant, ce sont les yeux débordant de passion qu’il explique fièrement le fonctionnement des différentes étapes d’assemblage. « Les Jeux à Paris, c’est inédit ! Pouvoir être associé à l’évènement, se dire que l’on fabrique la mascotte en France, c’est une fierté unique ! » explique-t-il.
Au moins 500 peluches par jour
L’objectif de l’entreprise est clair et les équipes techniques de Doudou et Compagnie n’ont qu’un mot à la bouche : réindustrialisation. Montrer qu’il est possible, aujourd’hui, de fabriquer en France un produit de qualité, avec un savoir faire particulier et vendu à un prix abordable. C’est pour cette raison qu’Alain Joly a voulu s’installer en France. Mais quoi de mieux que le sport et le plus grand événement sportif au monde pour le montrer ? Son entreprise, lancée en 1999, ne détenait à l’origine qu’une seule usine de fabrication en Chine.
« Est-ce qu’on est capable de maintenir ce niveau de compétence, de qualité et de quantité sur une part du marché ? C’est ça le vrai challenge aujourd’hui ! » poursuit Alain Joly. Parce qu’en cette période, l’usine tourne à plein régime. Une trentaine de salariés, majoritairement composée de femmes, produisent au moins 500 peluches par jour. « Ça peut monter jusqu’à 1 000 pièces jour ! On saura s’adapter. » assure le président du groupe.
Une fierté française
Doudou et Compagnie produit donc des mascottes en France et d’autres en Chine. Depuis le 16 mars, la version « Made In France » est disponible à la vente. Plus grande sur une taille standard (31cm pour la Phygre Olympique, 33 pour la Phryge Paralympique contre 27cm pour les versions « chinoises »), trois éléments différencient réellement les peluches.
Sa matière « extra douce », très agréable au touché, ainsi que sa mémoire de forme. Une sorte de squelette articulé à l’intérieur de la peluche lui permet de conserver une certaine configuration. Enfin, son prix. La mascotte fabriquée en France est vendue 39,90€ contre 26,90€ pour celle conçue en Chine.
« La mascotte, c’est un produit d’héritage, c’est quelque chose qu’on va conserver. On a considéré qu’à 39,90€ on avait un produit de qualité et qui fera partie d’une collection. » justifie Alain Joly. « C’est un produit où il y a 10 opérations, 90% de main d’œuvre, 50 personnes qui ont travaillé dessus… Je trouve que c’est un produit qui est extrêmement abordable. »
Le groupe va produire dans sa manufacture bretonne entre 400 000 et 500 000 mascottes Paris 2024. Au total, l’objectif d’en avoir « 1 sur 3 » siglé « fabriqué en France » est un chiffre « réaliste » selon son PDG. Aujourd’hui, une production Made In France coûte 7 fois plus cher qu’en Asie. Ainsi, pour une taille équivalente de mascotte, le processus est 30 à 35% plus coûteux. Un investissement à hauteur de « plusieurs millions d’euros sur la partie Made In France » souligne Joly.
Un statut difficile à obtenir
À en croire Alain Joly, les premiers retours sont bons. « Il y a un réel engouement autour de la mascotte Made In France. On a été très surpris des ventes de la boutique officielle ! Très grosses ventes. » Sans donner de précision, il glisse que « les chiffres restent encore très modestes, mais c’est deux fois ce que l’on pensait. »
La bataille pour devenir l’un des deux producteurs de mascottes des Jeux (avec Gipsy Toys) a été rude. « L’appel d’offres a été très rigide, très encadré et extrêmement complet » se souvient Alain Joly qui explique que sa directrice générale opérationnelle, Déborah Vital y est pour beaucoup. « Il fallait apporter beaucoup de garanties en termes de qualité, d’originalité, d’ADN, de savoir faire et surtout, case extrêmement importante que nous cochions, avoir une usine en France. »
À l’image de l’obtention de la production, le processus pour aboutir à ce bonnet phrygien a été long et complexe. « Un animal, on sait ce que c’est, mais faire une peluche en bonnet phrygien… Ça a pris au moins 6 mois de travail et plusieurs prototypes. » explique Alain Joly. Finalement, une Mascotte Olympique « Phygre » Paris 2024 est composée de 40 pièces.
L’entreprise aux 20 millions de chiffre d’affaires espère une « accélération du CA de 35% en 2023 et de 50% sur l’année 2024 ». Pour cela, l’entreprise compte ajouter des nouveautés à son catalogue à partir de 2024 afin de conserver la « cinquantaine » d’emploi crées pour les Jeux Olympiques.
Et après ? Le sport reste dans la course !
Ces Jeux Olympiques vont également servir de porte d’entrée vers le monde du sport. Dans la continuité des Jeux, Doudou et Compagnie souhaite toucher une cible en particulier. « Les mamans enceintes sont très férues de sport, de yoga et autres. » poursuit Déborah Vital. « Ces sports, on voudrait les inclure dans nos collections futures. On est déjà en train d’imaginer une collection post 2024 pour l’éveil au sport pour les plus petits à travers la motricité. Quelque chose d’innovant et qui ne se fait pas aujourd’hui. »
La perspective de poursuivre avec d’autres compétitions sportives n’est pas à exclure, à condition que « l’événement corresponde à notre ADN » précise le président du groupe. « On n’a pas, aujourd’hui, d’appel entrant pour d’autres événements sportifs. Pas encore ! ». Avant que sa directrice directrice générale opérationnelle ne déclare : « On va dire qu’on a des projets confidentiels liés au sport ! ».
Dans les couloirs de l’usine, il se murmure que le groupe va bientôt produire des peluches spécifiques à chaque discipline. Un projet validé, mais pas encore annoncé officiellement.
Les mascottes Made In France de Doudou et Compagnie sont à retrouver dans 5 000 points de vente qui distribuent la marque, dans les boutiques officielles des JO mais également sur la boutique en ligne de la marque ou encore dans les réseaux de Grande Surface Alimentaire dont Carrefour, partenaire de Paris 2024.
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