Anne-Flore Marxer est une battante. Sur les pistes comme dans la vie de tous les jours. Championne du monde de snowboard en 2011 puis vice-championne du monde 2016 et 2017, la Franco-Suisse est une fervente militante de la cause des femmes dans son sport. Cette dernière n’a pas hésité à poser en Femen pour tenter de faire bouger les choses, à sa manière.
Le point de départ de l’histoire : l’article « Elles ont fait le charme de 2016 » publié sur le site Adrénaline de L’Équipe en fin d’année 2016. L’objectif était de mettre en avant les meilleures performances féminines des sports de glisse. Pour cela, le journaliste en charge de cet article a fait le choix d’afficher des photographies des championnes en maillot de bain. Un choix loin d’être au goût d’Anne-Flore Marxer.
Alors pour faire part de son insurrection, la snowboardeuse a publié une photo sur le site neuf-dixième.com où elle pose en Femen avec un bâillon rouge sur la bouche et l’inscription « World Champ vs Boobs » (championne du monde contre seins) sur la poitrine.
https://twitter.com/annefloremarxer/status/949737915919339520
« Sommes-nous toutes réduites à une paire de seins ? » Anne-Flore Marxer
Dans une longue interview accordée au site neuf-dixième.com, Anne-Flore Marxer a expliqué pourquoi selon elle il est inadmissible de mettre en avant les performances féminines avec de simples images en sous-vêtements : « J’ai trouvé ça choquant pour plusieurs raisons. La première, c’est de réduire d’immenses championnes de skate, de vtt, de surf, de ski freeride ou de snowboard à un vulgaire catalogue de filles en bikini. Vu le palmarès de toutes ces pointures des sports d’action qui sont ou vont tous figurer aux Jeux Olympiques, il y avait vraiment de quoi promouvoir le sport féminin, donner de beaux exemples de courage, de force, montrer des images à couper le souffle. Les sports d’action, ça va vite, ça fait mal, et on en meurt même parfois tant les risques sont importants… On se bat, et on repousse les limites de nos sports, peu importe les obstacles, peu importe les fractures, on galère tous les jours, pour se voir sans cesse rabaissées. »
« En termes de marketing, en mettant des femmes dénudées, on s’adresse aux hommes, et ce n’est certainement pas eux qui achètent les produits »
Selon la Franco-Suisse, les marques de sports extrêmes ont également leur responsabilité dans ces inégalités hommes-femmes qui perdurent dans le snowboard : « Les marques finissent par oublier ce pourquoi elles existent : produire et vendre du matériel adapté à une pratique sportive. En promouvant une image stéréotypée de la femme sexy, elles se trompent de cible, elles font des clics, mais pas les bons. En termes de marketing, en mettant des femmes dénudées, on s’adresse aux hommes, Et ce n’est certainement pas eux qui achètent les produits, qui sont par essence, destinés aux pratiquantes » a expliqué la championne du monde 2011 soutenue actuellement par swatch, alpina, crosscall, natura brazil, buff, blue tomato, racer gloves ou encore deuter.
Anne-Flore Marxer en assez, son combat : faire bouger les choses et libérer la parole des femmes concernant toutes les inégalités qu’elles subissent dans la société. « Que voyez-vous quand vous êtes en face d’une femme ? Voyez-vous ce qu’elle a accompli, ce qu’elle représente, ce pourquoi elle se bat? Ou sommes-nous toutes réduites à une paire de seins ? » lâche la snowboardeuse.
Malgré quelques avancées dans son sport, les inégalités de gains entre hommes et femmes sont flagrantes. Anne-Flore Marxer a empoché 1200 dollars en remportant l’épreuve de Chamonix l’an passé alors que son alter égo chez les messieurs a décroché près de 8000 dollars. Pour subvenir à ses besoins, la Franco-Suisse est infirmière et doit poser des congés pour participer aux compétitions.
Dans L’Equipe du jour, le quotidien sportif consacre une double page à la sortie de la championne de freeride. Cette dernière revient notamment sur une anecdote concernant Swatch. « En gagnant, on ne pouvait pas m’empêcher de prendre la parole. Après Chamonix, j’ai réuni les filles pour lister la manière dont ça se passait pour nous et envoyer un feedback à l’organisation. On n’a pas eu de réponse. Le sponsor de la compétition, Swatch, était aussi le mien. Cette année-là, j’avais dessiné cinq montres à mon nom, la deuxième meilleure vente mondiale pour l’entreprise. Une partie du pourcentage issu de la vente permettait d’organiser ces compétitions où seuls les mecs avaient des prize money. Alors les dirigeants de Swatch m’ont vraiment épaulée, la boss était une femme. Ils ont annoncé aux organisateurs du Tour que s’ils voulaient garder leur sponsor principal, ils devaient améliorer les conditions pour les femmes. »
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