« François Hollande pourrait comparer la campagne présidentielle à un 3 000 m steeple »

Il y a quelques semaines, nous avons publié la tribune libre de Grine Lahreche, avocat au Barreau de Paris, sur la place du sport dans la campagne présidentielle. Suite à cet article, nous avons été contacté par Valérie Fourneyron, Responsable du sport dans la campagne de François Hollande et Maire de la ville de Rouen. L’occasion pour SportBuzzBusiness.fr d’en savoir un peu plus sur les idées de François Hollande concernant la thématique « Sport ». Responsables politiques en charge du sport pour un candidat, n’hésitez pas à nous contacter !

Valérie Trierweiler, François Hollande et Valérie Fourneyron

SportBuzzBusiness.fr : Quel serait le budget alloué au Ministre des Sports si François Hollande est élu président de la République ?

Valérie Fourneyron : Il n’y a volontairement pas eu d’annonces chiffrées. Si le budget des sports sera sanctuarisé, des moyens supplémentaires seront alloués via des crédits extra-budgétaires (partie monopolistique de la Française des Jeux et paris en ligne, droits télévisuels) notamment. Par ailleurs, parmi les 60.000 postes de fonctionnaires qui seront créés d’ici 2017, une partie d’entre eux seront affectés à l’éducation physique et sportive. De même, sur les 150.000 emplois d’avenir qui seront créés, certains seront orientés vers des associations sportives. Le « fonds emploi » au sein du CNDS sera doublé. Les programmes régionaux de santé consacreront une partie de leurs moyens par redéploiement à la prévention par le sport, tout comme les ateliers santé-ville. Enfin, le sport doit partager des objectifs avec de nombreuses politiques publiques et mobiliser des moyens inter-ministériels.

SBB : Quel est l’axe majeur de François Hollande sur la thématique du Sport en France ?

VF : François Hollande porte pour la France des priorités : le rassemblement des français, la cohésion nationale, la jeunesse, le bien-être de chacun, l’émancipation, le rayonnement de la France. Le sport est au coeur de ces enjeux. Il y a tellement à faire sur le plan de l’éducation, de la pratique pour tous, des équipements, de la gouvernance, du haut niveau, des bénévoles… Mais puisqu’il faut désigner un axe majeur, je vais parler de la santé. Dès le discours sport de Créteil le 11 février dernier, François Hollande expliquait : « le sport est un enjeu de santé publique. Le sport joue un rôle thérapeutique, il est un acte de prévention contre des maladies. Le sport est une économie pour l’assurance maladie. » Il s’agit bien de changer d’ère, de faire évoluer les mentalités pour passer de la non contre-indication de la pratique du sport à la « prescription sportive » pour tous.

SBB : Quel doit-être le rôle des institutions publiques sur le sujet de la construction de stades et autres Arenas. Un désengagement complet et laisser cela aux fonds privés ?

VF : Il n’est pas envisageable que l’Etat se désengage complètement. Mais il n’est pas envisageable de tout financer sans règle pour autant. Sur ce sujet plus encore que sur d’autres, il faut se garder de généraliser. On ne peut pas mettre au même niveau les aides du Centre National du Développement du Sport pour les stades de l’Euro 2016, et celles accordées pour des Arenas ou des piscines par exemple. D’un côté nous avons un sport qui bénéficie de recettes importantes avec les droits TV qui auraient d’ailleurs du bénéficier à l’amélioration de l’outil stade, de l’autre nous avons des sports en manque de moyens, qui ne peuvent générer seuls un équilibre économique et doivent bénéficier d’un soutien public pour leurs équipements. Il est tout de même décevant en France quand on connaît l’exemplarité de nos nageuses et nageurs, de nos équipes de France de Handball et de Basket, de les voir évoluer dans des infrastructures indignes de leur niveau. Les collectivités locales sont les premiers financeurs publics du sport, c’est à elles de piloter leur choix d’aménagement du territoire au sein des assemblées régionales du sport que nous voulons créer.

SBB : Quel est le point du vue aujourd’hui de François Hollande sur la mesure de taxer les revenus supérieurs à 1M € à 75% ? Que répondez-vous à ceux qui critiquent cette mesure en annonçant la fuite de la richesse et pour le sport la fuite des meilleurs éléments dans d’autres championnats (notamment le football).

VF : Tout d’abord, je souhaite, pour être sur que chacun comprenne bien, expliquer de nouveau cette mesure. Il s’agit de taxer à hauteur de 75% la part des salaires supérieure à 1 M€ net annuel, soit par exemple pour des revenus à hauteur de 1,3M€ pour une seule personne, 75% sur 0,3M€. Le premier million d’euros est imposé selon les autres tranches en vigueur. Ensuite, je tiens à rappeler qu’il ne s’agit pas d’une mesure destinée spécifiquement au football. Cette mesure concerne essentiellement des dirigeants du CAC 40. Et il s’agit avant tout de promouvoir plus de justice sociale et d’augmenter la contribution des très très hauts revenus à l’effort national, au redressement des comptes publics. C’est une mesure de solidarité. Le sport professionnel est un secteur économique créateur de richesse, mais en crise et cumulant sur le plan européen des déficits croissants. François Hollande a proposé de suivre les préconisations de Michel Platini et de mettre en place une régulation du football au niveau européen : plafonnement des salaires, transparence, sincérité, équilibre des comptes avec une DNCG européenne… La tranche d’imposition à 75% s’inscrit dans cette démarche de régulation. Et pensez-vous vraiment qu’il y a de la place pour tous les joueurs du championnat de France à l’étranger ? De très nombreux clubs espagnols sont en cessation de paiement, le football italien est au bord du gouffre financièrement, même les anglais mettent le frein à main sur les dépenses… Si le salaire des joueurs est un facteur déterminant dans le choix des joueurs, n’oublions pas qu’il en existe d’autres : la ville, la qualité de vie dans le pays (accès à la santé, à l’éducation pour les enfants…), les infrastructures du club, l’exposition médiatique, la participation à une Coupe d’Europe. Le football français, s’il veut être compétitif, doit se développer sur des bases financières saines et s’appuyer sur la force de ses centres de formation.

SBB : L’état a-t-il les moyens de financer les propositions de François Hollande sur le sport sociétal ?

VF : Mais la majorité de nos propositions concernent le plan sociétal : sport et éducation, sport et santé, résorption des inégalités à la pratique sportive… dépendent aussi et surtout d’une meilleure et plus juste organisation des services de l’Etat, d’une meilleure hiérarchisation des priorités, d’une meilleure affectation des moyens et d’une mobilisation de tous les acteurs du sport. Avec 5 ministres en 5 ans et un budget sport à 0,15 % du budget de l’Etat au lieu des 3 % promis par Nicolas Sarkozy en 2007, il n’y a eu aucune cohérence dans la politique sportive française ces cinq dernières années !!! Le sport bénéficiera des engagements pris par François Hollande dans la campagne : • Engagement 1 – Augmenter le nombre de professeurs d’EPS grâce à une partie des 60 000 postes à créer dans l’éducation nationale. Soutenir les associations sportives scolaires. • Engagement 4 – Soutenir le travail des associations en créant un fonds de 1200 emplois au sein du CNDS et en orientant des emplois d’avenir – 150 000 au cours du prochain quinquennat – vers le sport. Nous avons aussi conscience d’un besoin de nouveaux financements en dehors du budget de l’Etat pour assumer notre ambition pour le sport français. C’est l’objet de l’engagement 10 : « Renforcer les moyens du CNDS en augmentant les recettes provenant de la taxe Buffet et celles des jeux d’argent. »

SBB : Quelle serait la mesure forte de François Hollande concernant le sport de haut niveau en France ?

VF : Il est toujours difficile de sortir une mesure forte tant les problématiques d’emploi sportif, de formation, de double projet, d’après carrière, de régulation, de préservation des valeurs sont essentielles. Puisqu’il faut dégager une mesure forte : je choisis le sujet de la reconversion des sportifs de haut niveau. Il ne faut pas que le politique se serve du sport mais le serve, trop souvent le politique se contente de remettre des médailles sans prêter attention, à la femme et à l’homme qui existe derrière la sportive ou le sportif. C’est pourquoi François Hollande veut accompagner les sportifs de haut niveau pendant et après leur carrière. C’est l’objet des engagements 15 et 16 : • Renforcer le statut des sportifs de haut niveau en élargissant leurs droits sociaux, leurs droits en matière de formation et d’insertion professionnelle. • Accompagner les sportifs de haut niveau à l’issue de leur carrière, en collaboration avec les fédérations sportives, en mobilisant les entreprises, et en créant une cellule dédiée à leur intention.

SBB : A quoi correspond précisément l’engagement N°24 de François Hollande, « Soutenir les PME et TPE  de la filière sport en les faisant profiter du livret épargne Industrie »  ?

VF : Pour relancer la croissance, François Hollande souhaite s’appuyer sur les PME. Elles représentent 95% du total des entreprises du pays, sont à l’origine des principales innovations et de création d’emplois. Tout comme la création de 60 000 postes concernera les professeurs d’EPS, l’engagement 24 affirme que les entreprises de la filière sport (fournisseurs d’équipements, entreprises de pratique sportive, cabinets d’étude, agences, fournisseurs de service, etc..) bénéficieront pleinement de ces dispositifs, comme celui d’un impôt sur les sociétés proportionnel à la taille de l’entreprise. Seront particulièrement visés le financement – à travers le livret d’épargne industrie – des projets innovants des entreprises françaises générateurs d’emplois et pouvant s’exporter ; les potentiels sont immenses mais les entreprises du secteur sport peinent aujourd’hui à faire financer leur projet. Le sport sera ainsi reconnu comme un secteur d’activité à part entière, source d’emplois et de croissance. Le taux de croissance de la filière sport est en moyenne deux fois supérieur au taux de croissance du PIB. Le sport génère de la croissance économique et des créations d’emplois. Ce dynamise doit être encouragé. C’est le sens de cet engagement. Il est directement lié avec l’engagement 25 : créer un pôle de compétitivité, qui a pour but de fédérer les entreprises, de favoriser la recherche et le développement et d’accroître les capacités d’exportation du savoir-faire français.

SBB : Quel(s) sport(s) pratique(nt) François Hollande ? Quel(s) sport(s) l’intéresse(nt) en tant que consommateur de sport spectacle ?

VF : François Hollande, ce n’est un secret pour personne, aime le football. Il le pratiquait d’ailleurs au FC Rouen étant jeune, les voisins de cette magnifique équipe de l’US Quevilly. Comme il le dit lui même, il était ailier droit, mais repiquait au centre et marquait du gauche… A la télévision ou dans les stades aussi, il aime ce sport, et apprécie aussi beaucoup les performances et la qualité du jeu de l’équipe féminine de football. Il aime tous les sports collectifs. Il a apprécié le spectacle du France-Angleterre de rugby du tournoi des VI Nations malgré la défaite. Enfin à titre de pratique personnelle, François Hollande prend le temps de se détendre le dimanche en allant marcher en forêt.

SBB : A quelle discipline sportif François Hollande pourrait comparer la campagne présidentielle ?

VF : À un 3000 m steeple. Il faut franchir un à un tous les obstacles, toujours rester dans le rythme, assurer ses appuis, faire preuve d’endurance, et en garder toujours un peu sous le pied pour le sprint final…

Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger les 30 engagements pour le sport de François Hollande. Pour contacter SportBuzzBusiness.fr : infos@SportBuzzBusiness.fr

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