Sur le marché ultra-concurrentiel des suppléments alimentaires, le français Eric Favre compte bien imposer sa marque éponyme comme le leader du secteur. L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur l’homme et ses ambitions.
SportBuzzBusiness.fr : Pouvez-vous nous présenter le Laboratoire Eric Favre ?
Eric Favre : Le groupe existe depuis 22 ans via la société d’origine le Laboratoire les 3 chênes. Nous sommes un laboratoire de phytothérapie et de parapharmacie s’appuyant sur un réseau de distribution de pharmacies et parapharmacies. Nous sommes présents dans 8 000 points de ventes répartis dans une soixantaine de pays. Notre groupe est coté au marché libre de Paris depuis 1999 et réalise 32 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 150 salariés.
SBB : Quel est votre parcours ?
EF : J’ai 52 ans, je fais du sport depuis que j’ai 17-18 ans et j’ai toujours rêvé de créer ma propre marque de produits sur le marché de la nutrition sportive. J’ai une formation de naturopathe. Il y a 5 ans, j’ai créé la marque Eric Favre. Les mauvaises langues diront que c’est de la mégalo. Je ne me cache pas derrière une invention et une marque purement marketing. J’ai souhaité signer mes produits. Aujourd’hui, nous fabriquons la plupart de nos produits. Nous sommes croyants et pratiquants.
« En terme de Chiffre d’Affaires, mon objectif est d’être le numéro 1 dans la nutrition sportive »
SBB : Quel sont vos ambitions ?
EF : En terme de Chiffre d’Affaires, mon objectif est d’être le numéro 1 dans la nutrition sportive. Que ce soit dans 5, 6 ou 7 ans. Je ne suis pas tenu par un fond d’investissement comme l’ensemble de mes concurrents. Cette marque porte mon nom, mes deux fils travaillent avec moi, c’est un laboratoire français, j’en suis fier. Notre vocation est d’être en pharmacie, dans les salles de fitness et sur internet. Aujourd’hui, notre site web génère un petit chiffre d’affaires avec 600 000€. Nous allons travailler en ce sens pour développer nos ventes sur internet.
SBB : Quel état des lieux faites-vous du marché des suppléments alimentaires en France ?
EF : En France, le marché des suppléments représente 1,6 milliard d’euros, enregistrant une croissance de 10 à 12% par an. Dans le sport, Aptonia du groupe Décathlon est le leader. Ils fabriquent en Espagne, au Portugal ou en Pologne, des pays où il est moins cher de fabriquer. Décathlon, c’est un gros conglomérat avec Auchan derrière. Ca reste familial mais plus dans la même dimension que nous. Derrière Omega Pharma, il y a un fond américain. Eafit, c’est la banque Lazard. Mes concurrents ne sont plus vraiment des indépendants. Les chiffres de la concurrence sont difficiles à obtenir. Chez Eric Favre, le sport c’est 6M€.
Le marché français est notre marché numéro 1. C’est un marché qui est loin d’être mature. La France représente aujourd’hui 75% de notre Chiffre d’Affaires. Le marché est en pleine expansion avec les produits naturels, la phytothérapie, les produits pour les maux articulaires. Nous sommes spécialisés dans ce secteur.
« La Fédération Française d’Athlétisme a choisi Apurna pour la qualité du chèque »
SBB : Souffrez-vous de votre manque de notoriété par rapport à vos concurrents ?
EF : Nous manquons de notoriété par manque de moyens. Quand Apurna arrive sur le marché avec Lactalis derrière, le budget de démarrage est de 20 millions d’euros. Ils peuvent signer un chèque de 150 000€ à la Fédération Française d’Athlétisme. Cette dernière nous avait d’ailleurs sélectionné pour la qualité de mes produits mais a choisi Apurna pour la qualité du chèque… Les difficultés que l’on a sont celles là. Nous faisons de la guerilla en étant malin. (Des déclarations qui ont entraîné une réaction de la Fédération Française d’Athlétisme à lire ici)
SBB : Quelle est votre stratégie de sponsoring sportif ?
EF : Nous étions sponsor du Lyon Hockey Club jusqu’à la fin de saison dernière. Nous nous occupions également de la préparation physique des joueurs. Nous avons stoppé notre collaboration car nous n’avions pas les moyens de travailler comme nous le souhaitions.
Aujourd’hui, nous sommes partenaire du club de hockey de Bordeaux promu cette saison en Ligue Magnus. Nous avons une visibilité sur les maillots et sur la panneautique. Nous nous sommes engagés pour une contrat d’une année, qui je l’espère s’inscrira dans la durée. C’est un partenariat valorisé à 80 000€ entre les produits, services et les 15 000€ versés directement au club.
Nous sommes également présents sur de nombreux évènements comme le Roc d’Azur, la Fight Night, … Nous exposons nos produits mais nous sommes aussi dans la course avec des athlètes qui utilisent nos produits. Mettre uniquement ma marque sur un maillot, ça ne m’intéresse pas.
Aujourd’hui je m’engage beaucoup pour la santé et les associations par le sport. Depuis 7 ans je soutiens Pascal Olmeta et son association « Un sourire, un espoir pour la vie ». Nous sommes engagés depuis cette année avec WorldRiderZ, une association sensibilise aux risques de l’Insuffisance Rénale Chronique. De cette union, nous sommes partenaire avec le Comité National Olympique Français CROSCA et l’UNSS Nice. L’OMS et le Comité Olympique recommandent notre laboratoire pour sa qualité. Nous allons tous ensemble porter un message de santé, de diététique, d’hygiène du sport et de prévention du dopage. Nous allons être de plus en plus présents sur les grands événements sportifs (Roc Series, Tour de France, Handball…) mais aussi auprès des jeunes avec l’UNSS grâce à des interventions sur les suppléments et l’importance d’une alimentation équilibrée. Nous avons d’ailleurs lancé une boisson isotonique au nom de l’association WorldRiderZ, celle-ci a été développée pour répondre au besoins de tous les sportifs.
SBB : Et récemment, vous avez décidé de vous lancer dans l’organisation d’évènements.
EF : Effectivement, nous sommes également présents sur le terrain via nos évènements que nous organisons à travers la structure Eric Favre Sport Games comme le Bikini & Mens’ Physique Show et la Trans Mont d’Or Eric Favre. Il n’y a que le terrain qui compte. Côté organisation, la structure Eric Favre Sport Games récemment lancée est intégrée au groupe. C’est mon côté paysan, je préfère faire moins mais mieux contrôler et maîtriser le message. En parallèle, nous avons également développé un service de coaching avec la méthode d’entraînement MACS7. Nous suivons une quarantaine d’athlètes. Nous les préparons et nous les suivons sur le plan nutritionnel. Nous sommes une petite PME.
Enfin, nous allons ouvrir un Eric Favre Gym à Nice en début d’année 2016, le premier espace sport, santé, esthétique. Une salle de 700m2 de coaching, nutrition et textile, ostéopathie (avec le centre ATMAN) et un pole de cosmétique-minceur. (Un second centre ouvrira à Casablanca au Maroc)
SBB : Quelle est la gamme de produits proposée par Eric Favre ?
EF : Nous avons 4 catégories de produits. L’endurance avec des produits sticks, barres, récupération, crampes, boisson isotonique, poudre. Vient ensuite la gamme pour la musculation avec les protéines, acides aminées, activateurs métaboliques, vitamines… Nous avons enfin les produits minceur (diurétique naturel, brûleur de graisse…) et santé (produits circulatoires, articulaires…).
Nous sommes dans un environnement que les gens ne connaissent pas trop. Les gens assimilent souvent les produits au dopage. Tous nos produits sont conformes aux allégations de santé. Nous sommes la seule marque au niveau européen à avoir un agrément du CIO. Nous sommes dans un environnement qualitatif et transparent.
SBB : Avez-vous un best-seller, un produit star ?
EF : Aujourd’hui notre produit le plus demandé est l’IRON O2, composé de 22 acides aminés et destiné au monde de la force et endurance. C’est un produit naturel qui est arrivé dans le milieu du sport il y a 5 ans. J’ai pu obtenir l’exclusivité mondiale. C’est le produit que l’on exporte le plus à ce jour.
« La pharmacie est un secteur en pleine mutation qui recherche des produits à marge »
SBB : La pharmacie est-elle un incontournable lieu de vente pour vos produits ?
EF : Aujourd’hui, 70% de notre Chiffre d’Affaires se fait en pharmacie. Nos 12 vendeurs se déplacent directement en point de vente. La pharmacie est un secteur en pleine mutation qui recherche des produits à marge et qui cherche du consommateur autre que celui à prescription. La pharmacie est un endroit crédible de santé. Nous allons nous tourner vers l’OTC (Over The Counter – médicaments en vente libre). C’est 25% du chiffre d’affaires d’une pharmacie moyenne, mais 80% de leurs bénéfices réels. En parallèle, nous avons de plus en plus de médecins qui prescrivent nos produits, pour la circulation ou pour les artculations. C’est un gage de sérieux et d’efficacité mais aujourd’hui, nous n’avons pas les moyens de faire des visites médicales ches les médecins. Dans les années à venir, nous deviendrons laboratoire pharmaceutique, c’est l’objectif. Etre dans un cahier des charges qui nous permet de distribuer des produits pharmaceutiques, des produits à vignettes qui rassurent le pharmacien.
Propos recueillis par Alexandre Bailleul
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