Interview – Jérémy Chardy : « Tecnifibre a envie de grandir et de bousculer les meilleurs, c’est aussi mon cas »

interview Jérémy Chardy Tecnifibre

Rencontre avec Jérémy Chardy en avril dernier en marge du tournoi de Monte Carlo

 

En marge de l’édition 2015 de Roland-Garros, nous avons pu rencontrer Jérémy Chardy lors d’un camp organisé à Sophia Antipolis par son nouvel équipementier raquette Tecnifibre.

L’occasion d’en savoir un peu plus sur ce changement de matériel et d’en découvrir un peu plus sur le tennisman de 28 ans originaire de Pau !

SportBuzzBusiness.fr : Pourquoi avoir décidé de changer de raquette et de passer chez Tecnifibre ?
Jérémy Chardy : Premier point essentiel, j’aime vraiment la raquette Tecnifibre avec laquelle je joue. Je connais l’équipe depuis longtemps, c’est une petite famille. Nous avons un bon partage. J’avais déjà essayé les raquettes il y a quelques temps déjà. Leur objectif de devenir une marque plus importante dans le tennis et leur philosophie m’ont également plu. C’est une ambition sympa pour moi que de les aider à donner une meilleure image de marque et donner envie aux gens de tester les raquettes pour qu’ils se rendent compte de la qualité des produits. Si Tecnifibre devient une très grande marque de raquettes, je serais fier d’y avoir participé. Etre ambassadeur c’est sympa. Tu as envie de mieux jouer, à chaque fois que je gagne, je gagne un peu pour Tecnifibre. Je suis en contrat avec Lacoste aussi, une autre marque française. Tecnifibre est une petite famille, une marque challenger qui a envie de grandir et de bousculer les meilleurs. C’est aussi mon cas, je suis numéro 30. Lorsque je joue contre plus fort en tournoi, je suis aussi challenger et j’ai envie de les battre. Nous avons les mêmes ambitions et la même philophie.

SBB : Quel a été le calendrier de ce changement de matériel ?
JC : J’ai commencé mes essais un peu tard. J’ai essayé différentes raquettes au mois de novembre. En décembre, j’ai testé les raquettes Tecnifibre, j’ai bien aimé. On a finalisé ma raquette à Roland-Garros. La personne qui s’occupe des préparations est venu sur le court avec moi. Je ne suis pas le meilleur pour la partie technique. Poids, équilibre… moi c’est la sensation (rires). J’ai appris des choses au moment des essais. En fonction de mes retours et ressentis, Tecnifibre me proposait des évolutions et ajustements jusqu’au moment de trouver la raquette qui me correspondait le mieux. Je joue avec mes nouvelles raquettes depuis le mois de janvier et le tournoi de Brisbane.

SBB : Lacoste pour le textile et Nike côté chaussures. Quels sont tes relations avec ces deux marques ?
JC :
Pour Nike, c’est un contrat chaussure en dotation produits. Pour Lacoste, j’ai un contrat avec eux depuis 2005 comprenant un apport financier plus dotation. Je finis mon contrat avec eux fin 2016. Pour Tecnifibre, le contrat est de 3 ans ou 4 (il demande autour de lui aux équipes Tecnifibre). Personne ne sait.. Il est où le contrat ? (rires)

SBB : Qui gère tes intérêts et tes contrats sponsoring ?
JC : J’ai un agent, Sam Duvall qui travaille pour Lagardère Unlimited et s’occupe de mes contrats d’images. Auparavant, je travaillais avec Ken Meyerson qui est décédé il y a quelques années. Ken travaillait pour l’agence Best qui a été rachetée par Lagardère.

SBB : Que penses-tu de l’augmentation plus forte aux premiers tours que les suivants du prize money distribué en Grand Chelem ?
JC :
C’est une démarche logique, ça permet à plus de joueurs, proche des 100, de pouvoir payer leur année et avoir un entraîneur. Lorsqu’on voit les bénéfices engrangés par les tournois du Grand Chelem et ce qui est reversé aux joueurs…. C’est normal que le prize money augmente, c’est bien que tout le monde soit gagnant. On ne va pas se plaindre. Lorqu’il y a eu les discussions sur le sujet il y a quelques années, j’ai regardé d’un peu plus près le dossier, je m’y suis intéressé. Quelques millions en moins ne les mettra pas en difficulté.

SBB : Un tennisman doit gérer sa propre petite entreprise. Est-ce que tu budgétises ta saison à quelques dollars près ?
JC : Lorsqu’un joueur est dans les 50, il peut gérer comme il veut, amener son entraîneur.. On sait à peu près le coût des transports. Je pars du principe que ce que tu paies dans ton équipe, c’est de l’argent que tu perds d’un côté mais aussi que tu gagnes de l’autre car si tu t’entraînes mieux et que tu es mieux préparé et que tu progresses, tu gagnes plus d’argent au final. C’est un investissement. Pour la saison, je peux emmener mon entraîneur ou mon préparateur physique, un kiné… Avec les joueurs français, ils nous arrivent de partager des kinés. Avec 8 Masters 1000, 4 Grand Chelem et la moitié des 500 à jouer, on part pour un minimum 17-18 semaines.

SBB : Quel est le plus gros chèque que tu as empoché sur le circuit ?
JC : Celui que je me souviens vraiment, c’est celui à Roland-Garros en 2008. J’avais reçu une Wild Card, j’étais 180e et j’étais allé jusqu’en 1/8e de finale. J’ai gagné 71 000€. Je m’en souviens car ça m’a marqué. A l’époque je jouais des Futures et des Challengers…. Lorsque je gagnais 2000€ dans la semaine c’était champagne (rires). Celui là, je l’ai regardé et je l’ai encaissé rapidement. Après, je ne regarde pas vraiment mais tu sais à peu près. Je joue pour gagner mes matchs mais je ne regarde pas ce que je gagne à chaque tour. Au début de ta carrière, tu sais exactement ce que tu gagnes. Mon meilleur prize money c’est lors de mon ¼ de finale à l’Open d’Australie 2013 (défaite contre Murray en 3 sets). Je ne me souviens plus combien c’était mais c’est sûr que c’est le plus élevé (NDLR : 265 000$). Grand Chelem il n’y a pas mieux. (rires)

SBB : As-tu été approché pour participer à l’IPTL, « compétition-exhibition » lancée en fin d’année dernière ?
JC : Pour être sincère, c’est intéressant pour l’argent. Je n’ai pas été approché. L’intérêt sportif n’est pas très grand. Tu joues toute l’année, là c’est en décembre… Le seul moment où tu peux te reposer, tu dois jouer des matchs par équipe sans importance. Je ne sais pas combien ont touché les meilleurs mais pour quelques matchs, un million voir plus.

SBB : Quel est la dernière folie que tu as réalisé ?
JC : Je ne suis pas très flambeur, je viens d’un petit village. Je n’ai pas besoin de montrer. J’ai acheté une montre lorsque j’ai eu mon meilleur classement. Je ne suis pas du genre à acheter des voitures, des bagues en or. Je pense à mon futur. Tu peux gagner beaucoup d’argent maintenant mais le jour où tu arrêtes de jouer…. Ca ne dure pas toute la vie.

SBB : Est-ce que tu penses à ta reconversion ?
JC : Je pense souvent à ce que j’aimerais faire après ma carrière. Ce n’est pas simple et en plus ce n’est pas tout de suite. Des fois je me dis que j’aimerais avoir un nouveau challenge hors du tennis, quelques chose de nouveau, avec de la pression. En même temps, le tennis a été la plus grande partie de ma vie, ce que je fais de mieux pour le moment. J’ai aussi envie de redonner au tennis ce que j’ai appris. Je suis entre les deux, je verrais les opportunités. Mais ma priorité numéro un sera de ne pas faire les choses par besoin d’argent. Ne pas me dire « je fais ça car je suis bien payé ». J’espère que j’aurais assez bien gagné ma vie par ma carrière de joueur pour faire les choses par plaisir, un job qui m’excite et me donne envie de me lever le matin. J’ai envie de faire quelque chose qui me passionne.

SBB : Est-ce que tu es branché réseaux sociaux ?
JC : Au début, je ne le faisais pas du tout. J’y suis venu car j’y suis un peu obligé par rapport à mes sponsors, à ma carrière. Mes fans veulent savoir ce que je fais. J’essaie de m’y mettre de plus en plus pour partager le plus possible mais je ne veux pas dévoiler ma vie privée. J’ai un compte Twitter, Instagram, Facebook. Mon frère m’aide un peu là-dessus. Je progresse (rires). J’aime bien, quand je peux faire des belles photos. Montrer la bonne atmosphère qui est autour de moi…

SBB : Lorqu’on pense à Jérémy Chardy et Roland-Garros, on a en tête le « célèbre » supporter qui t’encourage depuis plusieurs années sur le bord des courts… (voir vidéo ci-dessous) 
JC : Je ne le connais pas. Il est tout le temps à Roland-Garros, c’est un passionné de tennis je pense. Il est là depuis mon premier Roland-Garros. Sur le court, j’ai déjà rigolé et explosé de rires. Un jour, il lance ses encouragements, une fois, deux fois…. L’arbitre lui demande d’arrêter. Il est venu le voir pour s’excuser et lui dire qu’il allait arrêter. Au changement d’après, il a recommencé tout doucement mais on l’entendait quand même (rires) « Allez, jé-ré-my ». L’arbitre se tourne vers moi et me dit que ce n’est pas possible. J’ai explosé de rire et l’arbitre à son tour. Il fallait que je rigole, je ne pouvais pas me relever tout de suite pour reprendre ma place sur le court !

A relire : Interview de l’équipe marketing/communication Tecnifibre

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