Alors que l’Equipe de France Féminine de football se trouve à l’aube de l’Euro 2013 qui se dispute cet été en Suède, l’engouement pour cette équipe, et le sport féminin dans son ensemble, se fait de plus en plus sentir dans l’hexagone. C’était d’ailleurs le thème du dernier Rendez-vous Débat Sporsora organisé le 6 juin dernier à l’espace BNP Paribas de Roland-Garros : « Sport féminin : vers la mise en place d’un cercle vertueux ? ».
Un territoire moins encombré et porteur de valeurs nouvelles
Face à la surexposition de messages publicitaires auxquels sont confrontés spectateurs et consommateurs des plus grands événements sportifs – couplée à une situation économique difficile – les annonceurs se retrouvent dans l’obligation de prendre certaines décisions. Certains, se recentrent sur un « coeur de sponsoring » pour y allouer l’ensemble de leur budget et ainsi, ne pas diluer leur engagement. D’autres, prennent la direction de sports moins médiatisés qui, d’une part, leur permet de faire face à l’envolée des droits sponsoring et d’autre part, d’épouser de nouvelles valeurs jusqu’ici mises de côté.
Chose que fait GDF SUEZ depuis de nombreuses années, notamment dans le foot avec les filles de l’Olympique Lyonnais et dans le tennis à travers son Team GDF SUEZ qui soutient les jeunes espoirs de la Fédération Française de Tennis, l’équipe de France de Fed Cup et des joueuses professionnelles. Nathalie Dechy, intervenant au Débat Sporsora a d’ailleurs rappelé qu’elle a eu la chance de pouvoir être soutenue dès ses 17 ans par GDF SUEZ, alors Gaz de France. Le tennis féminin était une « niche » pratiquement vierge qui représentait une réelle opportunité afin de « réchauffer son image ». Aujourd’hui, le sport féminin permet à GDF SUEZ de gagner en notoriété et image auprès des publics exposés ainsi que d’alimenter en interne les politiques de mixité, diversité et certains axes de management. Des investissements qui contribuent au faible 3% des montants investis par les 100 plus grands sponsors français allant au sport féminin, selon l’étude réalisée par l’agence HAVAS Sports & Entertainment, en partenariat avec l’ESSEC Business School.
Encore faut-il que les performances sportives et le spectacle soient au rendez-vous
Il est reproché parfois à l’Equipe de France de football masculine de ne pas être assez accessible, ce qui tranche radicalement avec la bande des Bleues de Camille Abily. Mais ce n’est pas suffisant, les performances sportives doivent aller de pair pour enclencher une spirale positive. La Fédération Française de Football l’a très bien compris avec la mise en place d’une politique de féminisation, aussi bien au niveau sportif qu’au niveau administratif, portée par Brigitte Henriques. La Secrétaire Générale et Responsable de la féminisation a insisté sur le fait de « travailler à la base, prendre soin du vivier des joueuses afin que les femmes puissent proposer un football de qualité, mais aussi en parler et contribuer au développement de leur sport ». Une politique qui se traduit par exemple par la semaine du foot féminin à laquelle 18 000 clubs prennent actuellement part, la promotion du football à l’école avec 1000 établissements scolaires participants à l’opération « Le football des princesses » ou encore la campagne « Mesdames, franchissez la barrière ». Côté personnels encadrants, la FFF s’est fixée l’objectif de 40 000 femmes dirigeantes d’ici 2017. Rien que ça !
Une trajectoire que semble suivre également l’UEFA en la personne d’Emily Shaw, Women’s Football Development Manager, qui participe, à travers le département dédié au sport féminin et ses 24 millions d’euros alloués, au soutien des 54 fédérations nationales membres de l’organisation dans leur mise en place du football féminin.
Le rebranding de la Women’s Cup en Women’s Champions League pour uniformiser et clarifier les compétitions est un très bon exemple de prise en compte du potentiel de la pratique féminine et de stratégie cohérente par les instances européennes du football. Un capital que ces dernières comptent promouvoir par le biais d’une couverture médiatique plus large qu’elle ne peut l’être aujourd’hui.
La médiatisation : le nerf de la guerre
Comme l’a très bien suggéré Arnaud Simon, Directeur Général France et Directeur Contenu TV Groupe d’Eurosport : « Eurosport veut créer de la valeur pour demain, ce n’est pas de la philanthropie. Mais pour l’instant, l’investissement dans le football féminin coûte plus cher à Eurosport qu’il ne lui rapporte ! ». La stratégie de la chaîne sport du Groupe TF1 est claire : miser sur le foot féminin avec l’Equipe de France, la Ligue des Champions et la Coupe du Monde – en co-diffusion avec D8, ce qui représente près 250 heures de diffusion soit plus de 100 matchs. Le problème, c’est qu’Eurosport est bien seule aujourd’hui dans le paysage audiovisuel sportif français à faire la part belle au sport féminin. Pourtant les chiffres ne peuvent mentir, la demande est belle est bien là : en 2012, sur les vingt meilleures audiences TV, 30% étaient des événements sportifs féminins. Autre chiffre significatif de l’étude : 64% des français regarderaient plus le sport féminin s’il était davantage diffusé.
Des retransmissions de qualité intégrées à des programmes globaux et programmées à des heures où l’exposition télévisuelle est forte apporterait la possibilité au sport féminin de bénéficier d’un « effet drapeau » comme l’a pu l’être la récente finale de la Ligue des Champions où 20 000 personnes ont assistés au sacre des filles de Wolfsburg en marge de la finale homme – deux jours avant dans la même ville – à Stamford Bridge.
Pour que le développement du sport féminin dépasse le simple balbutiement et qu’il soit reconnu à sa juste valeur, l’engagement de chacune de ces parties prenantes doit être total. Aussi bien détenteurs de droits que sponsors ou encore médias doivent travailler main dans la main pour rendre ce sport féminin aussi pérenne et vertueux que son homologue masculin.
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