Les saisons passent et ne se ressemblent pas. Drapeaux et écharpes sont progressivement remplacés par les smartphones et autres tablettes, aux mains des supporters. « Tweeter », « partager », « foursquariser » sont des termes que l’on retrouve même dans les tribunes des enceintes sportives du monde. Désormais, les fans ne veulent plus seulement vivre une expérience unique mais aussi, et surtout, pouvoir la partager avec leurs proches. Imaginez alors la déception de milliers de fans qui ont fait le déplacement jusqu’en Ukraine pour supporter leur équipe nationale dans le cadre de l’Euro 2012 et qui ne peuvent partager en direct l’expérience qu’ils vivent puisque le stade n’est pas équipé d’un simple réseau wifi ? Tel est l’enjeu technologique auquel stades et sociétés de télécommunication vont devoir répondre conjointement d’ici les prochains mois.
Le Real Madrid avec son stade mythique Santiago Bernabeu a été l’un des premiers clubs européens à franchir le pas en matière de « stade connecté », en faisant appel au « Cisco Connected Stadium Wi-Fi Solution ». L’un des objectifs premiers de ce dispositif (actuellement en cours de mise en place) est d’offrir la meilleure connexion possible à l’ensemble des fans pour faciliter l’accès à des applications spécifiques. Ces dernières, couplées aux réseaux sociaux avec en tête de file Facebook et Twitter, leur permettront principalement de partager leur expérience sur les écrans répartis dans le stade mais aussi auprès de leur entourage et des communautés.
Les réseaux sociaux ont donc réellement investi les travées des stades même hors d’Europe. Les « Papertweetos » sont un exemple flagrant de cette infiltration développés pour la firme américaine Coca-Cola. Lors des matchs de l’équipe nationale d’Argentine durant l’édition 2011 de la Copa America, le géant américain a lancé des tweets de fans, imprimés pour l’occasion. Les spectateurs se sont alors retrouvés sous une pluie de 2 millions de bouts de papiers qui les invitaient à démultiplier leurs encouragements envers l’Albiceleste.
Mais cette expérience de partage et de communication entre fans n’est « qu’une préoccupation parmi d’autres » affirmait Pascal Gentil, Business Developper chez Orange, lors des derniers Rendez-Vous du Sport organisés au Stade de France et initiés conjointement par l’ESG et Havas Sports & Entertainment. En effet, pour Orange et le Consortium Stade de France -qui sont partenaires-, il est important d’offrir aux spectateurs une « solution complète de billetique et de services associés », enchainait Pascal Gentil. C’est pourquoi, les deux parties ont lancé le programme « M-Stadium ». Le concept ? Définir un parcours client innovant et interactif en amont, pendant et après l’événement dans lequel le mobile sans contact devient le véritable sésame. Un dispositif qui fût expérimenté le 5 mai dernier, à l’occasion du match de TOP 14 Racing Métro 92 – Stade Français. Les utilisateurs ont pu alors être guidé depuis le parking jusqu’à l’entrée et retrouver leur véhicule à l’issue du match; passer le contrôle d’accès au stade d’un geste (grâce au mobile d’entrée dématérialisé dans la carte SIM), ou encore participer à des animations exclusives. Tout un programme qui semble intéressant mais à en croire quelques testeurs, dont Vincent Pierrot sur Businessmobile.fr, les résultats étaient plutôt mitigés bien qu’encourageants.
De mon côté, je reste également sceptique quant au projet M-Stadium. En effet, avant de lancer un programme d’une telle envergure, il aurait été judicieux d’examiner et de se lancer davantage sur les plateformes de réseaux sociaux déjà existantes (au-delà des 2/3 opérations lancées comme le « Live Tweet » de match par des supporters). A l’instar, par exemple, d’un Manchester City qui a mis en place depuis le mois dernier un partenariat avec Foursquare, l’outil de réseau social basé sur la géolocalisation. Les fans peuvent désormais « se checker » au stade, dans les boutiques officielles et partenaires pour bénéficier d’offres promotionnelles. Une façon originale (au moins pour le moment) d’engager ses fans.
Dans un autre registre, et comme l’a très bien rappelé Philippe Auroy, Directeur Général délégué du Consortium Stade de France, « avant d’être en concurrence avec les autres stades, le Stade de France est en concurrence avec la télévision ». Ainsi, il s’avère indispensable de proposer non seulement un spectacle mais tout un ensemble de services pour mettre le spectateur dans les meilleures dispositions afin de percevoir le stade comme un véritable lieu de vie. Pour cela, il est indispensable de disposer de commerce, d’animations… aux abords du stade. En parallèle, le projet du Stade des Lumières de Lyon, porté à bout de bras par le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, en est l’exemple le plus probant : un stade accompagné de 2 complexes hôteliers, un centre de loisirs, des bureaux…
Dans 4 ans, jour pour jour, ce sera au tour de la France d’organiser le Championnat d’Europe de football. A l’heure, où le parc des infrastructures sportives nationales est vieillissant, les projets de construction ou de rénovation devront intégrer ces nouvelles technologies en réponse aux nouveaux modes de communication et de consommation du spectacle sportif.
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