Hier, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a annoncé prendre acte du communiqué de la Mairie de Saint-Denis précisant l’annulation de le dérogation accordée il y a quelques semaines concernant la vente d’alcool au Stade de France pour la Finale de la Coupe de la Ligue entre le PSG et le LOSC samedi 23 avril.
Voici ce que précise le communiqué de la ville de Saint-Denis que nous nous sommes procurés :
Le Maire de Saint-Denis s’oppose à la vente d’alcool dans les stades pendant les évènements sportifs
La loi Evin stipule que la vente comme la distribution d’alcool « est interdite dans les stades, dans les salles d’éducation physique, les gymnases et, d’une manière générale, dans tous les établissements d’activités physiques et sportives. » Le 16 février 2016, la Ligue de football professionnelle (organisatrice de la L1) a sollicité la Mairie de Saint-Denis pour obtenir une dérogation afin que soit autorisée la vente d’alcool lors du match organisé le 23 avril au Stade de France.
Une autorisation favorable avait par erreur été délivrée par la Mairie. Conformément à ses valeurs et à ses principes, le Maire a décidé d’annuler l’arrêté initialement pris. La loi Evin s’appliquera donc comme c’est l’habitude au Stade de France et comme cela sera bien sûr le cas pendant l’Euro 2016.
La loi Evin est-elle dépassée ?
En réponse à ce communiqué, la LFP rappelle « le traitement inéquitable dont est victime le football puisque la vente de bière est autorisée lors d’autres événements organisés au Stade de France rassemblant un nombreux public, comme les concerts par exemple. »
Si le changement d’avis de Didier Paillard, Maire de Saint-Denis, a certainement irrité la LFP, cette dernière pourrait rapidement réussir à contourner le problème sur le dossier de la vente de bières. En effet, dans le journal L’Equipe du jour, Didier Quillot, DG de la LFP, précise qu’un appel d’offres a été lancé concernant la délocalisation de la finale de la Coupe de la Ligue « puisque nous avons désormais de nombreux stades de plus de 40 000 places ». La prochaine ville/collectivité qui accueillera la finale devrait certainement jouer le jeu en accordant une dérogation.
Pour revenir au match de samedi, Michael Tapiro, Président de Sports Management School, juge le retournement de veste de la Mairie de Saint-Denis et l’hypocrisie générale sur le sujet. « C’est une vaste fumisterie car l’alcool sera dans les loges mais pas dans les points de vente du Stade. C’est une mesure absurde puisqu’il existe une dérogation de 10 matchs par championnat qui autorise la vente de la bière. C’est une lutte politique avec la mairie de Saint Denis. Les commerçants aux alentours ont mis la pression à la Mairie de la ville afin qu’ils puissent eux vendre de la bière, autour du Stade de France. La loi Evin n’a plus de sens, elle pénalise. La France demeure le seule pays a continuer à utiliser cette loi. »
« La loi Evin n’a plus de sens, elle pénalise. » Michael Tapiro, Président Sports Management School
Faut-il aménager voir supprimer la loi Evin dans le sport français en général ? C’est en tout cas une des 67 préconisations remises cette semaine au Secrétaire d’Etat aux Sports Thierry Braillard dans le rapport élaboré pour tenter de sauver le « soldat » sport professionnel français. (Préconisation 3.3 : Développer l’offre de services dans les enceintes sportives, dont l’offre de places avec prestations, et harmoniser la législation française et européenne sur les règles de publicité pour les marques d’alcool). Pour Michael Tapiro, « c’est une piste de développement évidente« . Récemment, c’est Jean-Michel Aulas et l’Olympique Lyonnais qui ont connu une mésaventure similaire au Parc OL avec le refus de la maire de Décines d’autoriser la vente d’alcool lors d’OL-Nantes.
Quelques heures avant le retournement de situation pour la finale de samedi, Bernard Caiazzo, président de l’AS Saint-Etienne et du syndicat Première Ligue, s’est exprimé sur Europe 1 pour défendre l’intérêt des clubs. « C’est autorisé chez nos concurrents étrangers : allemands, anglais, espagnols et italiens. Nous sommes dans une compétition européenne, donc nous ne sommes pas au même niveau. […] Dans le rugby, c’est autorisé. Pour le match Toulon-Toulouse à Marseille, il y a eu pour 200.000 euros de ventes de bière« .
Si la seule autorisation de vendre de la bière dans les stades de football en France et autoriser le sponsoring sur ce secteur ne suffira pas à faire de nos clubs les plus puissants d’Europe, la mesure peut permettre d’enclencher une nouvelle dynamique positive notamment autour du parcours client et de la « Fan Experience » les jours de match. A défaut d’assouplir la loi Evin en France, la mesure peut-elle être appliquée au niveau européen ?
Quelques exemples de la loi Evin en France
Avec la loi Evin en France, c’est Tourtel Twist, bière sans alcool, qui sera vendue dans les stades de l’EURO 2016 et que vous verrez en publicité. Ailleurs en Europe, c’est Carlsberg qui est Partenaire de l’UEFA EURO 2016.
La loi Evin, c’est également le développement des marques alibis créées par les brasseurs. Lors des matchs de Ligue des Champions organisés en France, vous ne voyez pas Heineken sur la panneautique mais le message « Enjoy Responsibly » aux couleurs de la marque… Un contournement légal qui au final offre un message différent et certainement aussi efficace à l’annonceur…
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