Arnaud Assoumani, sauteur en longueur médaillé d’or aux Jeux Paralympiques de Pékin, crée l’événement et lance le concours Golden Arm ! A l’occasion des prochains Jeux Olympiques de Londres, il propose au public de customiser la prothèse de course qu’il portera lors de cette compétition. Arnaud Assoumani a 26 ans et est né sans avant-bras gauche. Avec le projet «Golden Arm», Arnaud souhaite faire évoluer le regard des gens face à ce type de cliché et emmener le handicap là où on ne l’attend pas : dans le domaine de la création, vers «l’art». Les participants ont jusqu’au 26 avril 2012 pour proposer leurs participations sur le thème «Super héros» dans l’univers des Comics. SportBuzzBusiness.fr a posé quelques questions à Arnaud Assoumani.
Un jury éclectique composé d’artistes, de sportifs, de blogueurs et du rédacteur en chef de l’équipe, Fabrice Jouhaud, définira le gagnant qui accompagnera Arnaud début septembre aux Jeux Paralympiques à Londres.
Les dotations du concours :
– 2 places pour le 3 septembre aux Jeux Paralympiques et voyage en Eurostar inclus
– Le gagnant travaillera sur la modélisation 3D de la prothèse avec un infographiste 3D. La texture sera alors imprimée sur la prothèse que portera Arnaud Assoumani lors des compétitions à venir.
– Mi-mai, un shooting photo professionnel avec Joel Dart, sera organisé avec une interview croisée dans un grand magazine pour présenter le gagnant et sa création.
Nous avons posé quelques questions à Arnaud Assoumani.
SportBuzzBusiness.fr : Comment est né l’idée de ce concours ?
Arnaud Assoumani : L’idée de ce concours est née il y a un peu plus de 2 ans maintenant, avec mon ex petite-amie. Elle m’a donné l’idée de peindre ma prothèse de course. La première qu’on a peinte était en couleur or. Puis on s’est dit que ça pourrait être sympa de proposer à une école de graphisme de faire un dessin sur ma prothèse. C’est parti de là en fait. Puis je me suis dit que ce serait intéressant de le proposer à tout le monde et au public, sous forme de concours. C’est un projet aux valeurs d’universalité et de diversité. L’objectif est de briser la glace et les clichés que l’on peut avoir par rapport au handicap de manière ludique, par « l’appel à la création ». Ici, le handicap est juste un moyen de faire passer un message contre les discriminations en général, donc se fermer à une catégorie de personne ne me plait pas. C’est pourquoi je fais appel à tout le monde pour se prendre au jeu, aussi bien de l’enfant de 10 ans, qu’à l’artiste, au professionnel de graphisme, qu’à la personne en centre de rééducation qui vient d’avoir un accident et qui souhaite se libérer l’esprit en créant.
SBB : Pourquoi le thème Comics?
AA : Pour le projet de jeu concours « Golden Arm », il fallait trouver un thème pour rendre le concours attractif. Je me suis posé la question, qu’est ce que l’on n’associe pas au handicap? Ce qui est assez drôle c’est que les premières utilisations du terme « handicap » dans le milieu médical (en Angleterre) se définissaient par opposition à la maladie. Le terme handicap aujourd’hui est défini comme une « limitation », un désavantage, on ne l’associe donc pas avec la force où le pouvoir. Je me suis dit que le thème super-héros pourrait être un clin d’oeil intéressant, car il est défini par une double-identité, un costume, un arsenal, et surtout par des capacités extraordinaires des « super-pouvoirs ». Je trouve que symboliquement c’est assez fort et en même temps pas tant à l’opposé que cela du « super héros ». Pourquoi le super héros moderne ne pourrait pas être une personne hybride mi-homme mi-machine. Regardez Oscar Pistorius, il est l’égérie d’une célèbre marque de parfum et représente « le héros moderne ». Peut-être que bientôt l’athlète sur lames (prothèses de courses) dépassera l’athlète « classique » avec ses deux bras et ses deux jambes ! Pour moi certaines personnes handicapées peuvent développer des capacités extraordinaires supérieures au commun des mortels. Par exemple dans la musique, je penses que Ray Charles, Steevie Wonder, où Raoul Midon, développent des capacités, une sensibilité par rapport au son, supérieurs à tout ceux qui ont la vue. Tout comme le déficient visuel qui développe un sens du touché assez incroyable. Je me rappelle de « Michel », ostéopathe mal-voyant qui était avec nous en équipe de France aux jeux paralympiques d’Athènes. On l’appelait le « magicien » tellement il arrivait a ressentir et à remettre en place ce qui n’allait pas. Au delà de cette idée, le thème « Super héros » est amusant, et aussi fantasmatique. Personne ne deviendra un super héros. On peut donc rêver, s’imaginer à quoi pourrait ressembler un super héros avec un seul bras comme » Cobra space adventure » ce qui peut laisser libre cours à son imagination.
SBB : Quels sont vos partenaires actuels ? Avez-vous quelqu’un qui gère votre carrière ?
AA : Je remercie et j’ai la chance d’avoir à mes côtés comme partenaires actuels Keolis, EDF, BMW, La Française des Jeux, Adidas, Lagarrigue et la région des Pays de la loire. Sans eux je ne pourrais pas vivre de ma passion et m’entraîner de façon professionnel pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux. Je gère avec mon agent mes partenaires et les différentes sollicitations. Il m’aide également sur ce projet. Pour lancer le concours « Golden Arm » j’ai pu compter sur une petite équipe qui s’est montée pour l’occasion. J’ai eu le soutien et l’aide de Circle Line (boîte de production audiovisuelle) dont Nicolas qui a réalisé les dessins de l’affiche et du site internet, de David le webmaster et de Céline, une amie qui m’aide énormément sur l’organisation et la communication. Sans elle, « Golden Arm » n’aurait pas vu le jour. Un grand merci à elle et j’en profite pour fortement vous conseiller de suivre son blog www.laviedelilie.fr ! J’ai également eu le soutien important de Fabrice Jouhaud, rédacteur en chef de l’Equipe. Le gagnant, en plus des deux places pour les Jeux Paralympiques (transport compris), sera également mis en avant dans un article croisé avec moi et une photo avec Joel Dart, dans le magazine l’Equipe mag. Le soutien de l’Equipe est important car il permet de mettre en avant le gagnant mais également les valeurs véhiculées par le projet. Je suis content que l’Equipe partage ces valeurs. Je tiens également à présenter et remercier le Jury qui est composé de talents et personnalités atypiques: Marie Niogret (Blogueuse sport & lifestyle), Fabrice Jouhaud (rédacteur en chef de l’Equipe), Mamedy Doucara (Champion de Taekwondo et Photographe Pro), Pierre Leclercq (Chef du design pour la marque BMW), Joel Dart (Photographe de mode), Cédric Gründler (Blogueur sport), et Edem Allado (Artiste Peintre et étudiant en médecine).
SBB : Quels seront les objectifs sportifs à Londres ?
AA : Je suis déjà qualifié pour le saut en longueur, le triple saut (minima réalisé le 26 mars) et le 100m pour les Jeux Paralympiques. Mon objectif est de me qualifier pour les Jeux Olympiques au saut en longueur. Si je parviens à me qualifier aux JO, le reste sera du bonus, mais je n’irais pas là-bas pour faire de la figuration. En réalisant 8m20 (minima qualificatif pour les JO), il faut être conscient qu’ensuite tout peu se passer en saut en longueur, car on fait parti des meilleurs mondiaux. Le but sera donc de donner le maximum et de se qualifier pour la finale, je n’aurais rien à perdre donc je serais dangereux!
SBB : Fan d’autres sports ?
AA : Je suis issu d’une famille sportive. Ma mère à fait 20 ans de Volleyball et mon père autant de basket. Ils n’étaient pas à haut niveau, mais ça m’a poussé à faire du sport et de manière générale, j’aime le Sport et tous les sports. J’aime beaucoup pratiquer et suivre le tennis. J’ai fait du tennis de table et du basket lorsque j’étais jeune, mon père m’a donné la fibre, et j’ai pratiqué la natation pendant 13 ans avant de faire de l’athlétisme, je suis donc régulièrement ce qui se passe du côté de nos collègues nageurs. Je suis plus le rugby que le foot, et j’adore l’esthétique du taekwondo, j’aurais d’ailleurs aimé en faire jeune. Je ne suis pas tellement les sports mécaniques mais j’adore les sensations, donc j’aime beaucoup le karting et si j’en ai l’occasion j’aimerais bien être derrière le volant d’une voiture de rallye, voire même faire de la conduite sur glace comme au Trophée Andros. J’ai d’ailleurs eu la chance de monter aux côtés d’Yvan Muller, pas sur la glace, mais sur des routes de montagnes : « sensations garanties », seulement ça m’a donné envie d’en avoir plus!
SBB : Ton meilleur ami dans le monde du sport pro ?
AA : Le sport est le milieu dans lequel je suis actuellement donc les affinités se créent. J’ai pas mal d’amis dans le sport, amateur ou pro, je ne fais pas de distinction. Je ne peux pas dire que j’ai « un meilleur ami ». Benoît Maxwell est un très bon ami et collègue d’entraînement, également sauteur en longueur, et puis Guillaume Néry et Frédérique Belaubre, apnésite et triathlète, on ne se voit pas souvent mais à chaque fois que l’on se voit c’est des grandes crises de rires!
SBB : Es-tu intéressé par l’actualité du sponsoring et du sport business ?
AA : L’actualité du sponsoring et du sport business m’intéresse. Je ne peux pas dire que je suis assidûment jour par jour tout ce qui s’y passe, mais je m’informe régulièrement. Je penses que c’est important de le faire car je pratique un sport olympique non professionnel. Ce n’est pas comme dans le foot ou le rugby où l’on est rémunéré par les clubs. lorsque l’on à l’occasion de gagner notre vie, c’est grâce au sponsoring et nos partenaires. Il est essentiel d’avoir des résultats sportifs, de montrer une image positive et également de connaître le fonctionnement du monde du sponsoring. Il faut avoir conscience que très peu de sportifs de haut niveau, même qualifiés aux Jeux Olympiques, gagnent leur vie. Il y a en a très peu et j’ai la chance d’en faire partie. Notre carrière est courte il faut donc donner le maximum et profiter des opportunités qui nous sont proposées.
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